Tunisie (1996-1997)
Publié le 27/09/2020
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Tunisie (1996-1997)
Excellente surprise ou fâcheux contretemps pour le président Zine el-Abidine Ben
Ali, la dissolution de l'Assemblée nationale française, le 21 avril 1997, a
reporté sine die la visite d'État qu'il devait effectuer à Paris en mai 1997.
Ce
voyage avait déjà été remis à plusieurs reprises, le chef de l'État tunisien
n'étant pas prêt à affronter les réactions prévisibles des associations
françaises des droits de l'homme, des mouvements d'opposition tunisiens basés en
France et d'une partie de la presse hexagonale, qui s'alarment depuis plusieurs
années de la dérive autoritaire de son régime.
L'année 1996 avait en effet été ponctuée par une série d'événements peu propices
à assurer le succès d'une telle visite.
Le 23 mai 1996, une déclaration votée à
une courte majorité par le Parlement européen, qui condamnait pour la première
fois les violations des droits de l'homme et les atteintes aux libertés
démocratiques en Tunisie, provoqua la fureur du palais de Carthage, peu disposé
à céder à ce qu'il qualifie de chantage.
Le jour même, le président de la
Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) était refoulé
dès son arrivée à Tunis.
Et, le 17 juillet, le député du MDS (Mouvement des
démocrates socialistes, principal parti d'opposition jusqu'à son éclatement en
mars 1997) Khemaïs Chamari était condamné à cinq ans de prison ferme pour
"violation du secret de l'instruction" dans le procès du chef du MDS Mohammed
Moada, lui-même condamné à onze ans de réclusion.
Tunis a cependant décidé, fin 1996, de faire quelques gestes susceptibles de
détendre l'atmosphère.
L'avocat Najib Hosni, vieil hôte des geôles tunisiennes,
était libéré le 14 décembre et, le 30, on annonçait la libération
"conditionnelle" de Mohammed Moada et de Khemaïs Chamari.
Enfin, le remaniement
ministériel du 20 janvier 1997 a pu être perçu comme un autre geste de bonne
volonté, quelques "durs" du régime étant remplacés.
D'aucuns considèrent
toutefois ces changements comme négligeables au regard de l'essentiel, qui reste
le constant rétrécissement des libertés dans un pays revenu dans les faits au
régime de parti unique, de censure totale sur l'information et de
personnalisation excessive du pouvoir.
Le second événement de l'année 1997, la
célébration du dixième anniversaire de l'arrivée au pouvoir du président Ben Ali
le 7 novembre, aura été l'occasion de franchir une nouvelle étape dans cette
personnalisation.
Des défis de grande ampleur attendent pourtant le pays au cours des prochaines
années.
L'accord de libre-échange signé en 1995 avec l'Union européenne aura en
effet, à court terme, un coût économique et social élevé.
Sans un sursaut de
compétitivité de l'ensemble des entreprises, celles produisant pour le marché
intérieur aussi bien que les sociétés exportatrices, l'ouverture à la
concurrence extérieure et la fin du régime préférentiel dont bénéficient les
produits tunisiens sur le marché européen devraient, selon les prévisions,
engendrer un choc négatif équivalent à 3 à 7 points de PIB.
La Tunisie dispose
certes d'atouts sérieux pour affronter ces échéances mais, avec un taux de
chômage officiellement estimé à 16 % et une bonne partie de son appareil
industriel souffrant d'obsolescence, le réveil risque d'être difficile après
plusieurs années de croissance rapide et régulière.
Certains considèrent qu'il
s'agit d'une raison supplémentaire pour ne pas aggraver les frustrations
politiques d'une partie grandissante des Tunisiens..
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