Tunisie (1992-1993) Croissance et répression
Publié le 27/09/2020
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Tunisie (1992-1993)
Croissance et répression
Jamais la métaphore du verre à moitié plein ou à moitié vide n'aura autant valu
que pour la Tunisie de 1992-1993, selon les aspects de l'évolution de ce pays -
le plus petit et le plus oriental du Maghreb - sur lesquels on se penche.
Dans un contexte régional marqué par l'instabilité, la Tunisie a fait, d'un
côté, figure de havre de tranquillité sainement géré, s'attachant à consolider
les bases de sa relative prospérité dont profite sans nul doute une grande
partie de la population.
Avec un taux de croissance de 8,6% - le plus élevé
depuis plus de quinze ans - l'année 1992 a été particulièrement faste.
L'agriculture a enregistré de nouveaux records de production, permettant de
consolider l'excédent de la balance commerciale agro-alimentaire et d'éviter de
coûteuses importations céréalières.
Au-delà de ce secteur, tributaire des aléas
climatiques, qui occupe toujours 40% de la population active réelle, les
performances de l'ensemble de l'économie ont été excellentes, avec
l'augmentation des exportations textiles dont les recettes brutes ont atteint
1,5 milliard de dinars, un accroissement notable des recettes touristiques qui
représentent, avec 1 milliard de dinars, la deuxième source de devises du pays,
et une bonne tenue des exportations pétrolières qui ont atteint 440 millions de
dinars.
Satisfactions sur le terrain économique
Les autorités s'en sont trouvées d'autant plus satisfaites que ces résultats ont
été obtenus sans nuire à la rigueur financière érigée en dogme en 1986.
Malgré
la poursuite de la politique de libéralisation des importations, l'inflation n'a
officiellement pas dépassé 5,0%, atteignant son niveau le plus bas depuis 1987,
le taux d'endettement est passé de 52,4% à 48,6% du PNB, et le service de la
dette de 21,2% à 20,1% de la valeur des recettes d'exportation.
Le VIIIe plan de
développement a donc démarré dans d'excellentes conditions, ce qui a valu aux
responsables un satisfecit appuyé du FMI (Fonds monétaire international) et de
la Banque mondiale.
Résultat de cette bonne santé économique et financière: la
convertibilité courante du dinar a été proclamée en janvier 1993, et les
autorités - qui n'ont plus hésité à présenter la Tunisie comme un "nouveau pays
industrialisé" (NPI) - ont émis le voeu de consolider suffisamment la situation
pour aboutir, en quelques années, à la convertibilité totale de la monnaie
nationale.
Malgré ces performances, une comparaison avec les dragons asiatiques est apparue
hâtive, l'économie tunisienne souffrant de fragilités structurelles que la
poursuite d'une conjoncture mondiale morose pourrait révéler.
Peu intégrée,
forte consommatrice de produits importés, insuffisamment diversifiée et occupant
les créneaux les moins sophistiqués des filières manufacturières, l'industrie a
continué de souffrir, malgré les incitations étatiques, d'un important déficit
d'investissements et d'une trop grande dépendance vis-à-vis du marché européen à
qui elle a destiné, en 1992 encore, quelque 80% de ses exportations.
En dépit
des apparences, le tourisme a accusé pour sa part une relative stagnation et n'a.
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