Tunisie (1983-1984)
Publié le 27/09/2020
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Tunisie (1983-1984)
La Tunisie détient deux records explosifs: l'une des plus fortes urbanisations
du tiers monde et un taux de scolarisation dépassant 90%, acquis indéniable du
bourguibisme.
Mais pour les futurs jeunes chômeurs, la figure du "combattant
suprême" au pouvoir depuis l'indépendance de 1956 (Bourguiba avait fondé le
Néo-Destour en 1934), entouré de bureaucrates et de profiteurs, n'a plus rien du
héros de jadis.
Frustrés, dégoûtés, nombre d'entre eux se retrouvent aujourd'hui
dans l'islam le plus fondamentaliste incarné par le Mouvement de tendance
islamique (MTI), ou s'en vont rejoindre les rangs du lumpen urbain.
A cette donnée essentielle de la Tunisie moderne, il faut ajouter d'autres
échecs.
Le régime n'a pas su réconcilier le pays du Nord et du littoral avec
celui du Sud.
Les politiques économiques n'ont profité qu'aux bourgeoisies de
Tunis, Sfax ou Sousse.
L'ouverture sur l'étranger, les diktats du Fonds
monétaire international (FMI) ont exacerbé les inégalités.
Politiques
oscillantes à la recherche tout à la fois du consensus et du surprofit pour une
couche privilégiée, ponctuées à intervalles réguliers par des explosions
sociales dont les plus graves furent les émeutes de 1978 et la "révolte du pain"
de janvier 1984.
L'après-Bourguiba étant commencé, il s'agit désormais pour l'ensemble de la
classe politique de rénover un appareil d'État par trop sclérosé, de conjurer la
crise, et surtout, de réaliser l'indispensable pluralisme sans lequel toutes les
bonnes intentions resteront lettres mortes.
Ainsi, après 25 ans de parti unique,
cinq formations politiques, dont le Parti communiste tunisien, ont été
autorisées à se présenter aux élections de novembre 1981.
De même, sous
l'impulsion du Premier ministre Mohammed Mzali (successeur automatique de
Bourguiba en cas de disparition de celui-ci), le pouvoir a associé la puissante
UGTT (Union générale des travailleurs tunisiens: 500 000 membres sur 900 000
salariés) à la définition de nouvelles orientations économiques et sociales.
En
tout cas, pour la nouvelle génération politique il ne fait guère de doute que
l'âge du monolithisme est désormais caduc..
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