Toghroul-Beg
Publié le 16/05/2020
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Toghroul-Begvers 993-1063
On ne connaît pas avec certitude la date de naissance du fondateur véritable de l'État seldjoukide : il naquit, eneffet, dans un milieu de nomades turcs où l'on ne devait guère tenir de registres.
Selon la tradition, il serait mort àsoixante-dix ans (chiffre arrondi ?), ce qui permet de situer vers 993 sa venue au monde.
Son nom, Toghroul, "le Gerfaut", est purement turc et n'a rien d'islamique : sa famille était musulmane de fraîchedate, son grand-père, Seldjouk, l'éponyme de la célèbre dynastie, s'étant converti sur le tard.
Son père, Mikâil,"Michel", avait un nom biblique, qu'on peut expliquer par l'influence du nestorianisme d'Asie centrale ou du mosaïsmedes Khazars, mais qui ne prouve rien quant à l'appartenance religieuse primitive de la famille, qui pouvait bien être"païenne".
Seldjouk était le chef d'un important groupe tribal appartenant à la grande tribu oghouz (turkmène) des Kynyk, etqui conservait alors toutes les caractéristiques du nomadisme pastoral de la steppe : vie sous la tente de feutre,élevage transhumant du mouton et du cheval, accessoirement des bovins et du chameau.
Ces pasteurs étaient enmême temps des guerriers, cavaliers rapides, armés de l'arc, de la lance et du sabre.
Mikâil ayant été tué de bonne heure au combat, Toghroul et son frère aîné Tchaghry furent surtout élevés par leurgrand-père Seldjouk, qui nomadisait dans la région de Djend, sur le cours inférieur du Sir-Darya, dans une relativeindépendance : sa conversion à l'Islam lui avait permis de se séparer des autres Oghouz ("païens") du Nord de la merd'Aral, tout en n'entretenant que des relations d'alliance assez vague avec les émirs samanides, musulmans iraniens.
Rompu dès son jeune âge à l'équitation et aux exercices militaires, initié aux traditions de la tribu en même tempsqu'à la Loi coranique selon l'"orthodoxie" sunnite, il fut très tôt préparé au commandement.
Seldjouk étant mort, trèsâgé, en 1009, Toghroul et son aîné reçurent titre et fonctions de Beg ("Bey"), sous la direction de leur oncle Arslan,"le Lion", héritier du rang principal de Yabghou.
C'était, pour les deux frères, le début d'une activité militaire et politique intense, dans un domaine qui s'étendait deDjend aux environs septentrionaux de Boukhara.
L'émirat samanide s'était effondré en 999, conquis en Transoxiane par les Turcs karakhanides et au Khorassan parMahmoûd le Ghaznévide.
Toghroul et son frère voulurent entrer en pourparlers avec le chef karakhanide Boughra-Khan, qui les reçut dans les environs de Talas, mais captura Toghroul par surprise.
Tchaghry-Beg, courageusement,attaqua à son tour Boughra-Khan à l'improviste, battit sa troupe, et délivra son frère.
Retournant aux environs de Boukhara, les deux Seldjoukides y trouvèrent une situation difficile, le prince karakhanidelocal (d'ailleurs en révolte contre ses suzerains) multipliant les pressions pour les éloigner, eux et leurs troupeaux.
Ilsse lancèrent alors, pour subsister, dans un raid vers l'Anatolie orientale, que dirigea Tchaghry-Beg (1016-1021).
Quand ils revinrent, leur oncle avait réussi à s'entendre avec le Karakhanide de Boukhara.
Les nomades seldjoukidesconnurent une période plus prospère.
Mais Mahmoûd le Ghaznévide, inquiet de les voir se développer aux confins desa zone d'influence, s'empara par la ruse d'Arslan Yabghou (1025) et le déporta en Inde, où il devait mourir en 1032.Ce fut de nouveau la crise.
Pendant que Tchaghry repartait vers l'Anatolie, Toghroul et ses nomades se retiraientdans la steppe, en butte à de fréquentes attaques d'autres tribus turques : ainsi, en 1034, un chef oghouz fonditsur eux par surprise et leur tua sept mille personnes.
C'est alors que Toghroul, mûri par les épreuves, dans la force de l'âge, commença de devenir le véritable chef desnomades seljoukides et de concevoir pour eux des plans à longue portée.
La captivité du Yabghou, son oncle, et lapropension de son frère aîné pour les razzias lointaines faisaient de Toghroul-Beg le maître effectif des tribusturkmènes restées entre Djend et Boukhara.
Il comprenait qu'il n'avait pas d'avenir dans ces steppes hostiles.
Et ilsavait qu'en direction du sud-ouest il trouverait un Khorassan en pleine anarchie.
En effet, Mahmoûd le Ghaznévideétait mort en 1030 et son fils Mas'oûd, occupé en Inde, ne contrôlait plus guère cette région.
Audacieusement, Toghroul-Beg entraîna son peuple à travers la steppe, ralliant au passage d'autres nomadesturkmènes, franchissant l'Amou-Darya et s'infiltrant avec ses cavaliers armés et ses troupeaux dans le Nord duKhorassan.
Après bien des péripéties, il réussit ensuite à s'emparer de Nîchâpoûr (1038).
Laissant à son aînéTchaghry, dont la bravoure avait grandement contribué aux succès turkmènes, la région steppique de Merv où ilcontinua sa vie de chef nomade guerrier, Toghroul-Beg, attiré, lui, par les richesses de l'Iran sédentaire, se fitproclamer sultan à Nîchâpoûr, et, de là, portant les armes, au nom de l'Islam sunnite, contre la dynastie chiite desBouyides iraniens, qui tenaient à leur merci, à Bagdad, le calife sunnite, il organisa la conquête de l'Iran et de l'Irak,combinant la propagande "orthodoxe" et la diplomatie de clans avec les méthodes militaires traditionnelles desenvahisseurs "touraniens", forts surtout d'une cavalerie nombreuse, mobile et harcelante.
En 1050, il vint encercler Ispahan, que ses Turkmènes ne purent prendre d'assaut, mais qu'il réduisit par la famine etoù il entra en 1051.
Puis il se tourna vers l'Azerbaïdjan iranien, qu'il acheva d'annexer en 1054, non sans mener desraids contre les chrétiens voisins, Géorgiens, Arméniens, Byzantins..
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