TEXTE N° : RIMBAUD, Cahiers de Douai, [22] « Ma Bohème. (Fantaisie) »
Publié le 24/02/2025
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TEXTE N° : RIMBAUD, Cahiers de Douai, [22] « Ma Bohème.
(Fantaisie) »
QUOI ?
COMMENT ?
- Carte d’identité du - Précisions sur le genre / la forme (voire l’énoncia on) ? Sonnet en alexandrins, très proche du
texte : En 1870, le poète modèle maro que (à l’italienne) dont il ne diffère que par un changement de son entre les rimes des
adolescent et fugueur
Arthur Rimbaud écrit les
22 poèmes rassemblés
dans ses Cahiers de
Douai.
- Situation du passage
dans l’œuvre : « Ma
Bohême (Fantaisie) » est
la dernière pièce du
recueil.
- Résumé du passage :
Le poète revient sur le
départ de son errance,
marquée
par
sa
pauvreté
et
son
idéalisme un peu naïf.
Il a
ainsi
marché
en
composant des vers et
dormi à la belle étoile,
attentif à l’univers en la
fin de l’été.
Dans la nuit
qui s’avançait, il a
continué à rimer en
parodiant
la
lyre
d’Orphée avec les lacets
de
ses
chaussures
abîmées.
Thème(s)
principal/aux : poésie
(inspiration,
composition) ;
vagabondage (errance,
liberté,
pauvreté) ;
nature ; repos ; corps.
deux quatrains (ABBA-CDDC-EEF-GGF) et quelques enjambements.
C’est ainsi le sonnet le plus
tradi onnel du recueil.
L’énoncia on, qui fait la part belle à la P1 (1er mot et presque le dernier), est
ancrée (passé composé v.4) même si l’ensemble cons tue surtout un récit rétrospec f qui aide à faire
son autoportrait (en mouvement).
- Type(s) de discours dominant(s), procédés liés remarquables ? Discours narra f mais à
l’imparfait (itéra on, voire habitude ? cf.
ses fugues mul ples), mêlé de descrip f (notamment
concernant sa pauvreté)
- La COMPOSITION (structure, dynamique, enchaînements) et son sens :
*QQ : Le jeune homme fugueur, vagabond sinon bohémien, retrace le mouvement de son
errance solitaire dans la nature.
- Q1 : insistance sur la fugue glissant vers un autoportrait en chevalier errant, ce cliché roman que
étant mis à distance par l’ironie de Rimbaud.
Dans ce bilan au passé, il revendique son dénuement
et renonce à la naïveté : la distance parcourue est aussi temporelle, car il a grandi.
- Q2 : Sa pauvreté est féconde car elle amplifie le mouvement du poète.
Il parvient ainsi à
transformer et à animer le monde autour de lui.
Il peut ainsi prendre ses distances avec la poésie
tradi onnelle (topos de la bohème, Roman sme, Parnasse, ses propres premiers poèmes)
*TT : Assis au terme de ce voyage et sensible à la musique du monde, il est bien une figure du
poète.
- T1 : Rimbaud s’assoit allégrement sur le principe de la volta a endue dans le sonnet, pour
l’enjamber (pas d’opposi on théma que véritable entre QQ et TT).
C’est le moment où il marque
une pause pour se reposer et communier avec la nature après avoir fait l’épreuve du monde.
Son
cheminement est à la fois temporel (la nuit s’installe ; l’enfance est reculée dans le temps) et
symbolique (progression poé que : vendange des rimes autrefois semées ; transforma on
alchimique ou plus ou moins mys que).
- T2 : Ce e pause dans la marche amplifie la transfigura on poé que du réel qui se dis ngue du
lyrisme tradi onnel : glissement vers le fantas que, contribuant à parodier les roman ques ou le
lyrisme tradi onnel ; ce e récupéra on est source plaisir et d’énergie créatrice.
Une dimension
mystérieuse demeure.
Sens : Rimbaud fait le bilan de ce vagabondage, qu’il valorise, en se réappropriant et en
retravaillant certains codes poétiques, comme la figuration du poète ou le motif de la bohême
littéraire.
Au terme du recueil, il met en scène avec plus ou moins d’imagination (cf.
titre) son
processus créatif qui achève de lui concéder le statut de poète.
- Registre (tonalité, ambiance, atmosphère) : lyrique (P1, interjec on et exclama ons), ironique.
POURQUOI ?
PRINCIPAUX ENJEUX
- POUR L’ŒUVRE : clore le recueil, en proposant une sorte de
bilan rétrospec f et une certaine image du poète.
- POUR L’AUTEUR : sorte d’autoportrait exprimant sa
conception de la poésie (liée à la vie, au mouvement, à la
liberté), et le démarquant un peu des traditions (prise de
distance avec les idéaux et clichés romantiques, discussion
avec le Parnasse ; enjambements, etc.) et du monde bourgeois
(place de la nature, de l’imaginaire ; misère contente ;
marginalité)…
- POUR LE LECTEUR : invitation à la prise de distance, au voyage,
à une nouvelle conception de la poésie plus ancrée dans la vie
physique et ouverte au trivial et à l’ironie ? (poésie = action) Se
laisser inspirer par cette image mythique de Rimbaud le poète
vagabond et fugueur ?
- Tension entre sa jeunesse et le bilan, l’expérience qu’il formule
(dimension de récit autobiographique ; connivence avec le
lecteur ?).
- Un autoportrait en vagabond et en poète, qui affirme sa
concep on personnelle de la poésie (ironie vs.
roman sme ;
nature vs.
bohème urbaine ; musique, mouvement et pauvreté
vs.
fixité, immobilité, solidité, richesse, beauté parnassiennes)
- Tension entre la liberté, l’absence de but de l’errance et la
structure poé que ici la plus stricte du recueil (mouvement
théma que et enjambements introduisant un déplacement au
sein d’une forme fixe)
- Rapport à l’imaginaire : la fantaisie contre l’idéalisme, le
fantas que, etc.
Reprise personnelle du mo f de la bohème
li éraire en la transposant dans la nature ; modèle musical
Probléma que envisagée : - Jusqu’à quel point ce sonnet qui clôt le recueil est-il une fantaisie ?
- En quoi l’errance stimule-t-elle la création poétique chez Rimbaud ? Comment l’errance affichée par Rimbaud lui permet-elle
d’affirmer sa volonté de renouveler la poésie ?
- En quoi ce sonnet constitue-t-il un bilan du recueil ?
- Sur quelle image du poète nous laisse le dernier poème du recueil ?
- En quoi cette fantaisie est-elle une émancipation poétique ?
EL10 : Arthur RIMBAUD (1854-1891), Cahiers de Douai (1870), [22] « Ma Bohême (Fantaisie) »
INTRO.
[1.
L’ŒUVRE] Parmi les images que Rimbaud a laissées de lui à la postérité, celle du poète fugueur prend naissance
dans les Cahiers de Douai qui rassemblent 22 poèmes mis au propre par l’adolescent en 1870, pendant ses fugues de la fin
de l’été.
Les poèmes écrits en chemin disent notamment les joies de cet arrachement momentané au monde social dont il
rejetait les principes.
[2.
L’EXTRAIT].
C’est le cas de la dernière pièce du recueil, « [22] Ma Bohême (Fantaisie) », où Rimbaud
renoue avec le motif de la vie de bohème, faite de dénuement mais aussi propice à la liberté et à l’aisance, comme il l’avait
déjà rêvée (pour l’hiver ?) dans « [2] Sensation » ou « [19] La Maline ».
[LECTURE] Dès le titre, avec le possessif « ma »,
Rimbaud se réapproprie l’imaginaire de la bohème pour le transporter de la ville où le XIXe siècle l’a installé, – avec ses
mansardes de poètes, le Montmartre des artistes désargentés et qui refusent le conformisme et l’esprit bourgeois – vers la
nature offerte à la vie nomade des Bohémiens qui en sont à l’origine.
Le sous-titre « Fantaisie » pourrait souligner cette
originalité, cette créativité de l’auteur ; elle peut aussi tendre vers le modèle musical d’une forme libre pouvant réunir des
airs ou des motifs empruntés à d’autres œuvres connues.
L’art n’est jamais loin de la vie chez Rimbaud, de même pour
l’imagination qui lui permet, entre autres, de s’émanciper du quotidien.
Pourtant, il s’agit aussi du sonnet le plus traditionnel
du recueil : composé en alexandrins, il ne se démarque formellement du modèle marotique (ou « à l’italienne ») que par un
changement de sons entre les rimes des deux quatrains et par quelques enjambements inattendus.
[3.
PBQ – 1 au choix :]
a) Jusqu’à quel point ce sonnet qui clôt le recueil est-il une d) En quoi ce sonnet constitue-t-il un bilan du recueil ?
fantaisie ?
e) Sur quelle image du poète nous laisse le dernier poème du
b) En quoi l’errance stimule-t-elle la création poétique chez
recueil ? / Quelle image de lui-même Rimbaud nous donne-tRimbaud ? / c) Comment l’errance affichée par Rimbaud lui
il au terme de son premier recueil poétique ?
permet-elle d’affirmer sa volonté de renouveler la poésie ?
f) En quoi cette fantaisie est-elle une émancipation poétique ?
[4.
PLAN] Dans les quatrains, le fugueur, sinon le bohémien, retrace le mouvement de son errance solitaire, avant que les
tercets n’achèvent de l’assimiler au poète, assis au terme de ce voyage et sensible à la musique du monde.
I – Les quatrains me ent en scène la course d’un poète pauvre dans la nature
A) Q1 : Un autoportrait ironique en chevalier errant :
- Insistance sur la fugue, l’errance : début 1er vers + répétition
du verbe de mouvement « aller » sans destination indiquée :
« je m’en allais » (= départ), « j’allais sous le ciel » (= errance).
En se présentant par ailleurs comme....
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