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TEXTE 12 Rimbaud, Les Cahiers de Douai, « Ma Bohême », 1870

Publié le 20/06/2025

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« TEXTE 12 Rimbaud, Les Cahiers de Douai, « Ma Bohême », 1870 ———————————————————————————————————————— « Ma Bohême » ( Fantaisie ) Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ; Mon paletot aussi devenait idéal ; J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ; Oh ! là ! là ! que d’amours splendides j’ai rêvées ! Mon unique culotte avait un large trou. – Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course Des rimes.

Mon auberge était à la Grande-Ourse. – Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou Et je les écoutais, assis au bord des routes, Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ; Où, rimant au milieu des ombres fantastiques, Comme des lyres, je tirais les élastiques De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur ! INTRODUCTION Malgré sa grande précocité, Arthur Rimbaud n'hésite pas à s'émanciper de sa famille mais aussi de la poésie de son temps.

En 1870 alors qu’il vit à Charleville, ville de garnison proche de la frontière prussienne, il écrit des poèmes engagés contre la guerre. Dans le sonnet “Le Mal” Rimbaud dénonce l’horreur de la guerre franco-prussienne sous Napoléon III.

Pour le poète, le conflit est symbolisé par "Le Mal", incarné par l'empereur qui initie la guerre sans considération pour ses soldats et son peuple.

Au-delà de cette figure politique, "Le Mal" est associé à Dieu lui-même, car il permet de telles atrocités et semble, au mieux, feindre l'ignorance et, au pire, s'en réjouir. LECTURE Ce poème est antimilitariste et est l'un des plus anti-chrétiens du poète.

A travers ce choix de titre, Rimbaud montre avec ironie son indignation, sa colère, sa révolte face à ce désastre qu’est cette guerre. Comment Rimbaud propose-t-il une célébration amoureuse de la sensualité ? Le premier mouvement présente une description du cadre de la rêverie (v1-4), le second, évoque un extérieur menaçant, une autre stratégie de séduction, la peur pour renforcer la proximité amoureuse (v5-8).

Pour finir, le troisième mouvement évoque le récit amoureux des baisers (v9-14). DEVELOPPEMENT 1] Ce sonnet autobiographique évoque l'errance enthousiaste et heureuse du poète, vagabond et fugueur. Le poème utilise l'imparfait tout au long du texte pour évoquer une expérience passée et récurrente : les escapades du poète adolescent, loin de sa famille et de Charleville.

Cependant, le titre suggère une transformation de cette expérience en une "fantaisie", un voyage imaginé et transformé en fiction.

Il s'agit d'une errance sans but précis, comme en témoignent les verbes "Je m'en allais" au vers 1 et "J'allais sous le ciel" au vers 3, employés de manière absolue. La métrique irrégulière illustre l'avancée imprévisible du jeune homme sur les sentiers : le rythme des alexandrins devient chaotique et surprenant, comme au vers 4 où une succession de monosyllabes brise le rythme régulier avec "Oh ! là ! là !". Le poète est décrit dans une tenue modeste : ses "poches" sont "crevées", témoignant de sa pauvreté. Paradoxalement, cette pauvreté n'est pas source de malheur : elle lui permet de fuir les normes sociales et de se libérer symboliquement des contraintes d'une société bourgeoise.

La pauvreté revêt ainsi un pouvoir libérateur et symbolique.

L'autodérision transparaît à travers l'expression polysémique "mon paletot aussi devenait idéal" : parfait pour voyager, mais devenu seulement une "idée" tant il est troué.

Ainsi, la poésie rivalise avec la réalité. De plus, le poète associe son errance à la "Muse", invoquée au vers 3 : à la manière de la poésie romantique, il fait appel à l'inspiration céleste.

La Muse est personnifiée comme une divinité guidant le poète, à qui il est dévoué ("féal"), laissant entendre qu'elle régit son inspiration. Rimbaud reprend ainsi le thème romantique de la promenade dans la nature, mais le détourne en une fugue plus radicale.

Le vers 4, perturbé par des interjections monosyllabiques, reflète l'enthousiasme du poète face à ses rêves passés ("que d'amours splendides j'ai rêvées !"), tout en exprimant l'ironie et l'autodérision de Rimbaud, qui porte un regard critique sur ses élans passés et sur la grandiloquence de la poésie romantique amoureuse. 2] Le récit de la fugue en pleine nature: le poète s'y identifie à la figure du « Petit-Poucet ». Dans ce passage, le poème, imprégné du registre merveilleux, évoque un univers magique où le vagabondage du poète prend une dimension cosmique.

En dormant à la belle étoile, il fait de la Grande-Ourse son refuge.

Les étoiles elles-mêmes prennent vie, émettant des sons légers, comme des "frous-frous". Au lieu de semer des cailloux sur son chemin, le pantalon troué du poète dispense des "rimes", soulignant ainsi l'association de la poésie avec la figure du "rêveur" et de la "fantaisie".

Cette fantaisie se manifeste notamment à travers l'utilisation de l'onomatopée "frou-frou", normalement évitée en poésie, mais délibérément utilisée par Rimbaud pour sa sonorité enfantine et naïve.

Cette utilisation défie les règles de la poésie romantique qui favorisent un langage plus soutenu. Propre au registre merveilleux et au conte, ce poème ouvre la voie à un univers magique où le vagabondage du poète acquiert une dimension cosmique.

Il choisit.... »

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