Taïwan (1999-2000): Grand triomphe démocratique
Publié le 27/09/2020
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Taïwan (1999-2000): Grand triomphe démocratique
La deuxième élection présidentielle de l'histoire de Taïwan (18 mars 2000) a mis
fin à un demi-siècle de pouvoir absolu du Kuomintang (KMT).
Cette première
alternance pacifique du pouvoir a marqué un nouveau triomphe de la jeune
démocratie insulaire chinoise, depuis la première tenue d'une élection
présidentielle en mars 1996.
Après une campagne électorale longue et acharnée,
la victoire est allée au représentant de l'opposition, Chen Shui-bian.
Le
candidat du Parti progressiste pour la démocratie (DPP) a obtenu 39,3 % des voix
contre 36,8 % pour James Soong, ex-gouverneur de Taïwan et ex-aparatchik du KMT,
qui s'est présenté en candidat indépendant après sa fracassante sortie de ce
parti.
Avec seulement 23,1 % des suffrages, victime de la division des votes qui
allaient traditionnellement au seul KMT, le vice-président sortant Lien Chan a
été réduit à s'excuser publiquement de son humiliante défaite.
Au milieu de
manifestations de rue contre le vieux parti, le vétéran Lee Teng-hui, qui a
occupé la Présidence pendant douze ans, a été forcé d'annoncer qu'il
démissionnerait plus tôt que prévu de la direction du KMT.
Fils de paysans illettrés, le nouveau président Chen Shui-bian avait été
l'avocat des opposants politiques arrêtés après la manifestation pour les droits
civils de Gaoxiung en 1979, et avait écopé, à ce titre, de huit mois de prison.
Il a ensuite été maire de Taipei pendant quatre ans, se taillant une réputation
d'habile administrateur jusqu'à sa défaite, le 5 décembre 1998, face au candidat
vedette du KMT.
Sa colistière, Annette Lu, connue comme féministe, militante des
libertés civiles et détenue politique pendant cinq ans et demi, est devenue la
première femme vice-présidente.
La présidentielle de mars 1996 avait provoqué la grave "crise des missiles",
orchestrée par les dirigeants "du Continent" (les autorités de Pékin), désireux
de se manifester avec vigueur contre la menace séparatiste de l'"île rebelle".
Dans leur Livre blanc du 21 février 2000, les autorités communistes chinoises
menaçaient de recourir à la force si Taïwan s'obstinait à retarder indéfiniment
les pourparlers de réunification.
Le mois suivant, Pékin menaçait Taïwan d'une
invasion en cas de victoire du candidat Chen Shui-bian, partisan avoué de
l'option séparatiste.
De son point de vue, après Hong Kong le 1er juillet 1997,
et Macao le 19 décembre 1999, c'était maintenant au tour de Taïwan de réintégrer
le giron chinois.
Taïwan représente toutefois un cas totalement différent de ces
deux ex-colonies européennes (britannique pour la première et portugaise pour la
seconde).
Après avoir rejeté la formule "Un pays, deux systèmes" si chère à Pékin, le
président élu de 49 ans, Chen Shui-bian, a profité de son discours
d'assermentation, le 20 mai 2000, pour répéter des déclarations conciliantes à
l'endroit de la République populaire de Chine (RPC).
Et ce fut encore le cas
après le sommet des deux leaders coréens, en juin suivant, mais Pékin continuait
d'exiger une adhésion sans équivoque au principe d'"une seule Chine", en
préalable à toute ouverture de dialogue.
Le 9 juillet 1999, le "numéro un" Lee Teng-hui avait provoqué la colère de Pékin.
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