Taïwan (1996-1997)

« Taïwan (1996-1997) Une série de crimes graves et fortement médiatisés, survenus de novembre 1996 à avril 1997, a déclenché dans l'opinion publique une profonde crise de confiance au détriment du président Lee Teng-hui.

Ce fut d'abord le meurtre de Liu Pang-yu, personnalité politique de Taoyuan, qui a été abattu en même temps que sept autres personnes se trouvant chez lui.

Ce fut ensuite le meurtre violent de Mme Peng Wan-ju, professeur au Taiwan Providence University et militante du mouvement féministe. Autre affaire non classée: le 28 avril 1997, la fille de 17 ans de Pai Ping-ping, vedette de la télévision, se fait sauvagement assassiner à la suite d'un enlèvement.

L'événement, couvert en détails par les médias, a engendré des manifestations de rue organisées par de nombreux regroupements qui dénonçaient l'incompétence gouvernementale.

Le chef du gouvernement Lien Chan a promis de démissionner et le président Lee Teng-hui a dû faire face a une crise politique majeure. En marge de ces affaires et en rapport avec d'autres problèmes, dont celui de la corruption, le Kuomintang (parti traditionnellement dominant) a subi la démission de quelques ministres.

Le plus important a été celui de la Justice, Ma Ying-jeou, homme politique jouissant d'une bonne popularité.

Par ailleurs, un autre vétéran du parti, James Soong, a démissionné de son poste de gouverneur de la province de Taïwan.

Les analystes l'ont perçu comme un candidat possible à la succession de Lee Teng-hui. Les relations politiques avec la Chine sont demeurées tendues à la suite de la visite de Lee Teng-hui aux États-Unis (juin 1995) et de la "crise des missiles", les manoeuvres militaires chinoises de mars 1996 dirigées contre l'île nationaliste.

Malgré tout, conformément à une entente, le navire de conteneurs Sheng Da a franchi le détroit de Taïwan, de Xiamen à Kaohsiung, pour la première fois en quarante-huit ans.

Le commerce indirect de part et d'autre était de l'ordre de 20 milliards de dollars. La visite de six jours du dalaï-lama à Taïpei, en mars 1997, a marqué un succès pour la diplomatie des autorités de Taïwan, mais a naturellement soulevé la colère du gouvernement de Pékin.

En revanche, grand revers, l'Afrique du Sud de Nelson Mandela a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec Taïwan, mettant fin à des échanges privilégiés de vingt ans.

Taïwan a ainsi perdu son dernier allié de poids - les trente autres États l'ayant reconnu étant surtout de petits pays peu peuplés.

Afin de maintenir ces liens officiels, le ministre des Affaires étrangères, John Chang, a multiplié les déplacements. A la suite de contrats conclus en 1992, les forces armées ont reçu la livraison des premiers de 150 supersoniques F-16 achetés aux États-Unis, ainsi que les premiers de 60 Mirage commandés à la France. La rétrocession de Hong Kong à la Chine a donné lieu, à Taïpei, à une manifestation publique contre la réunification de la "Grande Chine".

Le président Lee Teng-hui a pour sa part déclaré que la formule "un pays, deux systèmes" (Hong Kong) ne pouvait s'appliquer à Taïwan, selon l'idée qu'une association entre un pays communiste et un pays démocratique n'avait aucune. »