Suisse (1983-1984)

« Suisse (1983-1984) Si la Suisse a fait parler d'elle à cause de ses banques et de ses multinationales, sa vie politique et économique a paru exempte des soubresauts qui agitent celle de ses voisins.

Il faut dire que cette confédération montagnarde a su se jouer des contraintes naturelles pour mettre en valeur sa principale richesse: la neutralité ; refuge de capitaux de toutes origines, elle a monté un empire financier et industriel qui, dans l'ensemble, a très bien résisté à la récession bien qu'en 1983 le PIB ait reculé pour la deuxième année consécutive. Cependant, le cours élevé du franc suisse est une arme à double tranchant, car il pénalise les exportations industrielles.

Cela touche surtout l'industrie horlogère, la plus fragile des branches du secteur secondaire, dont le déclin s'est poursuivi en 1983 ; la concentration des entreprises permettra-t-elle à terme d'enrayer cette régression? La fusion des deux plus grosses sociétés, en 1983, a montré en tout cas que la Suisse s'engageait dans cette voie. La banque occupe à elle seule 90 000 personnes (près de trois fois les effectifs de l'industrie horlogère!) et joue un rôle majeur dans l'excédent de la balance des paiements.

Les difficultés sont ici d'ordre "moral" plus qu'économique: les banques suisses ont été mêlées à une série d'affaires qui ont défrayé la chronique, et le Parti socialiste a proposé - vainement - de mieux réglementer leurs activités. Le consensus politique n'a pas été pour autant réellement mis en cause, et la situation économique restait enviable: si la balance des comptes s'est dégradée en 1983 (par suite du déficit croissant de la balance commerciale), la régression du PNB a été arrêtée et une reprise s'annonçait en 1984.

Certes le gouvernement suisse pouvait s'inquiéter de la "montée du chômage", mais celui-ci ne touchait encore en 1983 que moins de 1% de la population active.... »