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Stendhal peintre et critique de la société de 1830 d'après Le Rouge et le Noir ?

Publié le 09/12/2021

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On a beaucoup discuté pour savoir quel sens il fallait attribuer au titre sibyllin du roman de Stendhal Le Rouge et le Noir, on s'est bien souvent perdu en conjectures sur ce que pouvaient représenter ces deux couleurs. Mais on ne prête pas toujours attention au second titre de l'oeuvre « Chronique de 1830 », qui situe le roman dans un contexte politique et social bien déterminé. Et pourtant c'est une date importante puisqu'elle évoque la Révolution de Juillet dirigée contre le gouvernement de Charles X. Nous nous appliquerons à chercher un témoignage sur cette période troublée dans le roman si nous savons que Stendhal avait écrit la majeure partie de son oeuvre dès 1829, mais qu'il en a remanié quelques passages en fonction des événements de 1830. Certains et non des moindres ont été écrits après les journées de Juillet 1830. Cependant quelques détails encore sont significatifs : l'auteur place son premier livre sous le signe de la vérité en citant ces mots de Danton : « La vérité, l'âpre vérité ». Voilà qui suffit pour nous inciter à nous demander quelle est la valeur de la peinture sociale faite par Stendhal, et par là même de la critique que l'auteur fait de cette société, car le peintre est nécessairement amené à suggérer son opinion sur ce qu'il représente, ne serait-ce que par le choix des éléments qu'il met en relief. Mais dans quelle mesure ce jugement, qui n'a pu être porté avec assez de recul, est-il compatible avec la vérité ?

« INTRODUCTION On a beaucoup discuté pour savoir quel sens il fallait attribuer au titre sibyllin du roman de Stendhal Le Rouge et le Noir, on s'est bien souvent perdu enconjectures sur ce que pouvaient représenter ces deux couleurs.

M ais on ne prête pas toujours attention au second titre de l'œuvre « C hronique de 1830 »,qui situe le roman dans un c ontexte politique et social bien déterminé.

Et pourtant c 'est une date importante puisqu'elle évoque la Révolution de Juilletdirigée contre le gouvernement de C harles X.

Nous nous appliquerons à chercher un témoignage sur cette période troublée dans le roman si nous savonsque Stendhal avait écrit la majeure partie de son œuvre dès 1829, mais qu'il en a remanié quelques passages en fonction des événements de 1830.Certains et non des moindres ont été écrits après les journées de Juillet 1830.Cependant quelques détails encore sont signific atifs : l'auteur place son premier livre sous le signe de la vérité en citant ces mots de Danton : « La vérité,l'âpre vérité ».

Voilà qui suffit pour nous inciter à nous demander quelle est la valeur de la peinture sociale faite par Stendhal, et par là même de la critiqueque l'auteur fait de cette société, car le peintre est néces sairement amené à suggérer son opinion sur ce qu'il représente, ne serait-ce que par le choix deséléments qu'il met en relief.

Mais dans quelle mesure ce jugement, qui n'a pu être porté avec ass ez de recul, est-il c ompatible avec la vérité ? I.

LA PEINTURE DE LA SOCIÉTÉ L'atmosphère en province Stendhal, qui commence son roman- par l'évocation de V errières et de son « climat », nous en peint les personnages importants.

A travers M.

de Rénal, lemaire de la petite ville provinciale, nous voyons les compromissions auxquelles est obligé un homme en place dans un régime d'exception et les gages qu'illui faut donner de son attachement à là bonne cause.

C ependant, bien qu'il ait renié ses amis d'autrefois, coupables d'être restés attachés à l'empereur, M.de Rénal occupe une situation précaire dans un régime où triomphe le despotisme de la congrégation.

Il sera facile de trouver pour le remplacer, un hommeplus ambitieux et plus zélé.

Le personnage que Stendhal décrit sous ces traits est M.

Valenod, directeur du dépôt de mendicité, « le jés uite de robe courte »,que ses projets ambitieux porteront à la baronie et à la C hambre des députés.La disgrâce frappe impitoyablement sans le moindre égard à l'âge des victimes.

C 'est ainsi que l'abbé Chélan, le bon vieux curé de V errières, est relevé deses fonctions de prêtre, et que l'abbé P irard qui dirigeait le séminaire de Besançon doit soudain quitter son poste.

Tous deux sont sus pects de jansénismeaux yeux des tout-puissants jésuites qui les chassent pour les remplacer par quelqu'un des leurs.

C ar le clergé est fourbe, des jeunes séminaristes auterrible abbé Frilair, pour qui seul l'intérêt compte : n'est-il pas prêt à aider ses ennemis dans l'espoir d'obtenir un évêché ? Le clergé est souverain.

Lacongrégation, dont un des chefs est l'espion Castanède, s'insinue dans tous les milieux, a la mainmise sur le gouvernement et l'aristocratie.

C 'est le clergéqui domine toute la société de 1830 ainsi que le souligne M.

M aurice Bardèche lorsqu'il écrit : « L'aristocratie a choisi pour moyen de gouvernement ladictature du parti clérical.

» L'aristocratie parisienne C'est cette aristocratie que Stendhal va peindre dans la s econde partie de son roman.

Cette vieille noblesse du faubourg Saint-Germain, qui compte parmises ancêtres d'anciens croisés, se plaît à en évoquer le souvenir.

P ersonnages importants du royaume, ces nobles, exilés pour la plupart pendant laRévolution et l'Empire, sont revenus occuper les premières places auprès du roi, bien que la monarchie de la C harte leur laisse la nostalgie de l'ancienrégime.

M.

de La Mole est le type même de ces nobles.

Il en existe une autre catégorie, formée par les fils des précédents, ceux qui, comme M.

de Luz, M.

deCaylus, N orbert de La M ole fréquentent les salons et les bals, aiment à briller aux yeux des femmes par une conversation spirituelle qui dissimule mall'absence de pensée.

A travers ces personnages on peut deviner les vices d'un gouvernement qui récompense la bass esse et encourage la flatterie,dispensant ses croix à ceux qui ont su manœuvrer et s'imposer vingt ans de c our assidue dans le dessein d'arracher un poste de préfet.

Mais Stendhal ne seborne pas à la représentation de personnages fictifs.

La peinture de la société est rendue plus attrayante par des portraits d'individus réels.

Ainsi sous lestraits de M .

de Nerval, les contemporains ont reconnu M.

de P olignac et la postérité ne s'y est pas trompée.

En mêlant des personnages réels à des figuresromanesques, Stendhal a réussi à animer une société qui aurait pu paraître conventionnelle. II.

LA CRITIQUE DE LA SOCIÉTÉ L'opinion de Stendhal Mais quelle est à l'égard de cette société l'opinion de Stendhal ? Et comment la connaît-on ? Dès les premières pages du roman, Stendhal interrompt le cours de son récit pour prendre laparole d'une, façon très directe «quoi qu'il soit ultra» (dit-il de M .

de Rénal) « et moi libéral, je l'en loue ».

Nous voilà donc avertis : Stendhal fait la critiquede la société qu'il décrit, soit directement, soit en prenant son héros pour porte-parole.

Stendhal, qui a participé aux campagnes d'Italie et de Russie, qui asuivi l'Empereur dans les bons et les mauvais jours, fait partager à son héros son admiration pour Napoléon : il est aux yeux de Julien un modèle pourl'action et un maître à penser.

D'un bout à l'autre du roman plane l'ombre immense de N apoléon qui, seul, dit le jeune Sorel, aurait pu donner un sens à la vied'un jeune paysan comme lui : « O Napoléon qu'il était doux de ton temps de monter à la fortune par les dangers d'une bataille ! »Stendhal révèle encore à qui vont ses préférences en plaçant du côté de Julien les bons, les purs, tous opprimés comme lui par la société: l'abbé C hélan,l'abbé Pirard ; de l'autre côté se trouvent les riches, les hypocrites, les intrigants, en un mot les méchants dont Julien est la victime : les Rénal, V alenod,Castanède et tous ceux qui fréquentent le salon du marquis de La M ole.

Mais Stendhal appuie encore son argumentation en créant des personnagesépisodiques qui apparaissent le temps d'un éclair, juste c e qu'il faut pour exprimer leur regret de l'Empire et leur mécontentement du régime ac tuel : on serappelle à ce sujet les deux maçons qui discutent de la corruption et les deux compagnons de voyage de Julien lorsqu'il se rend à Paris. Les lacunes et la partialité Cependant cette critique nous satisfait-elle ? Stendhal a négligé avec, beaucoup de désinvolture un aspect de la société : il ne décrit jamais les classessociale!" inférieures et sa peinture de la petite ville révèle une as sez mauvaise connaissance des milieux qu'il s'attache à évoquer.

On le sent beaucoupplus à son aise quand il s'agit de peindre les salons et, malgré tout, on peut supposer qu'il les a peu fréquentés.

M ais le plus grave, c'est que Stendhal n'apas assez de recul par rapport à la société qu'il juge.

Il est très difficile de voir d'un œil impartial ses concitoyens, aus si pouvons-nous penser qu'unpersonnage comme Valenod tend à la caricature.

C'es t ce qu'il faut pourtant éviter dans un roman qui veut traduire « la vérité, l'âpre vérité ».Malheureusement, Stendhal a commis bien des outrances, qui proviennent sans doute du besoin de créer une fiction romanesque.

« U n roman, dit-il, est unmiroir qui se promène sur une grande route.

Tantôt il reflète à nos yeux l'azur des cieux, tantôt la fange des bourbiers de la route ».

On peut penser queStendhal n'a retenu que la fange des bourbiers de la route car toutes les actions de son héros sont organisées en fonction d'un rôle à jouer dans une sociétéhostile.

L'azur des cieux, nous ne le voyons qu'à la fin du roman, précisément lorsque le jeu est terminé, lorsque Julien n'a plus rien à faire avec une sociétéquelle qu'elle soit, c'est-à-dire lorsqu'il est en prison.

A lors pour la première fois il peut aimer en toute simplicité, il peut porter un jugement lucide et sur lerégime napoléonien et sur la société de son temps.

Julien libéré de toute passion retrouve la vérité au moment où il est capable d'accus er même son idole. CONCLUSION Stendhal se flattait d'avoir écrit un roman qui portait l'empreinte de son époque et qui, à ce titre, risquait de perdre très tôt son intérêt : « la politique...

estune pierre attachée au cou de la littérature et qui en moins de six mois la submerge ».

Cependant, malgré les défauts que nous avons énumérés, nousdevons reconnaître, au terme de cette étude, l'intérêt de la peinture historique : elle est non seulement un témoignage mais encore la base et le prétexte àun développement psychologique très intéressant.

11 est, en effet, impossible de couper Julien Sorel de s on entourage politique et social.

Et c'est grâce à lapeinture de la société que nous comprenons comment Le Rouge et le Noir, c ommencé en roman politique et satirique, s'élargit en un grand roman d'amourromantique.. »

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