Somalie (1994-1995)
Publié le 24/09/2020
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Somalie (1994-1995)
Avec quelques semaines d'avance sur le calendrier officiel, les contingents et
équipements de l'Opération des Nations unies pour la Somalie (Onusom III) ont
quitté la Somalie, le 2 mars 1995.
Entreprise pour mettre fin à une lutte pour
le pouvoir ravageant le pays, à un moment où les ambitions de la communauté
internationale étaient grandes, cette action avait suscité l'espoir d'une
nouvelle forme de règlement des conflits ou d'un ordre mondial recomposé.
L'ONU
s'est cependant retrouvée très vite face à une situation complexe qui dépassait
ses capacités de gestion.
En effet, les États-Unis, initiateurs de l'opération
Restore Hope (décembre 1992-mai 1993), avaient largement dicté des choix
politiques qui s'étaient révélés très contestables après un attentat causant la
mort de 24 "casques bleus" en juin 1993; par ailleurs, les autres pays
participant à l'opération - à l'exception de l'Italie - avaient abandonné toutes
leurs responsabilités.
Lorsque le président américain Bill Clinton décida, le 7
octobre 1993, d'arrêter la chasse au dirigeant de l'Alliance nationale
somalienne (SNA), le général Mohamed Farah Aydiid, il fit porter la
responsabilité de l'échec sur l'ONU, laquelle dut gérer une situation devenue
inextricable.
Le général Aydiid, très affaibli en mai 1993, sortait de la crise apparemment
renforcé car il avait "battu" les marines et, le temps de la crise, redonné une
unité au pays.
L'Onusom, mais aussi les gouvernements érythréen et éthiopien ne
lui ménagèrent plus leur soutien en pensant qu'il arriverait à créer un
gouvernement national.
La conférence de réconciliation nationale convoquée le
1er novembre 1994 par le chef de la SNA n'accueillit cependant que ses proches
alliés et tourna court pendant l'hiver au point d'inciter les Éthiopiens,
pourtant parmi ses soutiens les plus déterminés, à envisager une politique
alternative.
Après des mois de tranquillité malgré le refus de l'ONU de lui accorder une aide
conséquente, le Somaliland (partie de la Somalie qui fut colonie britannique),
qui avait déclaré unilatéralement son indépendance en mai 1991, n'a pas échappé
non plus à un retour de la guerre en novembre et décembre 1994, mais celle-ci
s'est limitée à la capitale.
Elle n'a pas eu la même intensité qu'au sud et a
débouché sur des négociations qui laissaient espérer une lente normalisation,
malgré de nouveaux incidents à Burao en mars 1995.
Le gouvernement du président
Mohamed Ibrahim Egal a semblé en sortir presque renforcé.
Dans le sud de la
Somalie, la situation n'est ainsi pas redevenue très stable, mais la sécurité y
est suffisante pour permettre les cultures et la poursuite d'une relance
économique perceptible dès la fin de l'année 1993.
De nombreuses questions demeurent posées.
L'ONU peut-elle se satisfaire d'un
départ en bon ordre de ce pays et ne doit-elle pas tirer un bilan très sévère
sur les fautes, de la corruption à l'incompétence, qui ont affecté les sphères
dirigeantes de l'Onusom? Quel type de recomposition politique est possible à
terme? Quel rôle sera donné à Mogadiscio si les tendances au régionalisme
politique se poursuivent.
Combien de temps les ports et aéroports internationaux
du sud de la Somalie fonctionneront-ils normalement? La répétition de l'impasse
de 1992, avec le risque d'une crise humanitaire, reste peut-être le scénario le
plus crédible..
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