Salvador Dali

« Salvador Dali « Dites du bien, dites du mal, mais toujours avec excès.

»Une lame de rasoir vient de trancher avec soin l'œil d'une femme.

Quelques élégantes spectatrices s'évanouissentd'horreur.

Cette scène du Chien andalou (1929) de Luis Buñuel fait scandale, révélant l'art subversif d'un jeunescénariste et peintre génial, Salvador Dali.Né à Figueras en Catalogne, Dali entre à dix-sept ans à l'École des beaux-arts de Madrid où il fait systématiquementle contraire de tout le monde.

Doué d'une imagination débordante, il rencontre les surréalistes en 1929 et poussetrès loin l'exploration de l'inconscient.

Il invente la méthode « paranoïaque- critique », pour intensifier ses facultéshallucinatoires et son propre délire d'interprétation.Sa peinture est un spectacle, une force explosive.

Il peint « à chaud » ses fantasmes les plus secrets : un universfantastique où dominent l'érotisme et la mort, où surgissent dans de grands espaces désertiques des fourmisvoraces, des éléphants aux pattes d'araignée, des personnages aux membres disloqués...C'est en contemplant longuement un camembert particulièrement coulant que Dali peint les célèbres montres mollesdans la Persistance de la mémoire (1931).

Dès lors, d'immenses formes flasques, soutenues par de fragiles béquilles,envahissent son œuvre (le Grand Masturbateur, 1931).La rencontre avec Gala, première femme de Paul Éluard, change sa vie.

Égérie lucide et vigilante, elledevient une source d'inspiration (l'Angélus de Gala, 1935).

À partir de 1939, l'œuvre de Dali sombre dansl'académisme.

Reçu par le pape, il se convertit au catholicisme et aborde des thèmes religieux (le Christ de saintJean de la Croix, 1951).Son génie artistique passe souvent au second plan, derrière son excentricité.

À New York, en 1934, il brandit unpain gigantesque de deux mètres devant des journalistes médusés.

C'est le même homme qui donne des conférencesrevêtu d'un scaphandre et qui arrive à la Sorbonne dans une Rolls remplie de choux- fleurs.

Il fait de trèsnombreuses déclarations notamment sur les propriétés magnétiques de ses moustaches.Clown génial, Dali se veut le grand dynamiteur de la réalité.

Mais la normalité lui est indispensable.

Désorganisateur,il a besoin d'organisation.

Il s'affirme donc monarchiste et anarchiste, surréaliste et académique, athée et mystique.Il brouille les cartes et les étiquettes.. »