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Sadi Carnot

Publié le 16/05/2020

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« Sadi Carnot Lazare Carnot était, en 1796, au sommet de sa carrière.

Seul, il avait géré pendant près de quatre années lesfinances de la France en guerre, organisé son armée, fourni des plans de campagne, choisi et poussé des générauxvainqueurs.

Silencieux, sans amis, il avait survécu aux pires attaques.

Pendant les mauvais soirs de la Terreur et deThermidor il avait, par délassement, commencé d'écrire ses Réflexions sur la Métaphysique du Calcul Infinitésimal.

Lelivre venait de s'imprimer à Paris.

Lazare Carnot était Directeur, coiffé de plumes, habillé de velours et d'or.

Il vivaitau Luxembourg ; c'est là, le 1er juin, que naquit Nicolas-Léonard-Sadi.

Lazare, déiste convaincu, n'accepta les deuxpremiers prénoms que sur les instances de sa femme.

Le troisième est de lui ; c'est un hommage au vieux Persanlyrique et élégiaque (nous orthographions aujourd'hui son nom Saadi), que le Directeur admirait dans ses momentsd'effusion cachée. L'enfant ne connut point le cadre somptueux du Petit-Luxembourg : il n'avait que treize mois quand le coup d'Étatde Fructidor en chassa sa famille.

Lazare partit seul pour l'Allemagne ; l'enfant et sa mère revinrent à Saint-Omer,où les parents de Mme Carnot vivaient encore, ils y attendirent la fin du temps de disgrâce : il ne dura pas trop.Ayant affermi son pouvoir, le Premier Consul put accepter la présence en France du plus pur des républicains.Joséphine de Beauharnais qui aimait l'enfance et les enfants eut Sadi à la Malmaison.

L'enfant était vif, audacieux,curieux.

La tradition conserve ses remontrances à Napoléon, ses questions adressées un jour au meunier voisin surle fonctionnement de son moulin. Lazare Carnot, privé de vie publique, entreprit l'éducation minutieuse de son fils.

Il en fit ce qu'il aurait voulu êtrelui-même, avec amour, avec minutie, avec patience.

A quel point il réussit, la suite de ce conte le montrera peut-être.

A quinze ans, Sadi se rend pour la première fois au lycée Charlemagne où il prépare le concours d'entrée àl'École Polytechnique ; à la fin de l'année scolaire il est reçu avec le n° 24 ; à dix-sept ans et demi il sort avec le n°1... Quelques mois après c'était l'invasion : Sadi défendait Paris ; il fut l'un des "Marie-Louise".

Le père, devant le dangerfrançais, avait, pour la première fois explicitement, reconnu Bonaparte comme chef.

Il commandait Anvers et ne serendit pas.

C'est là que, la campagne terminée, Sadi vint le rejoindre.

C'est de là qu'ils rentrèrent en France après lapaix signée. L'accueil fait par la monarchie au Conventionnel et à sa famille fut ce qu'on pouvait attendre.

Après les Cent-Jours,l'organisateur de la Victoire est oublié : on ne connaît plus que le régicide et on le proscrit, on le proscritdéfinitivement.

Lazare Carnot terminera sa vie à Magdebourg, éduquant son second fils Hippolyte comme il anaguère éduqué le premier.

Quand le gouvernement français s'avisera si tard (en 1888) de réclamer ses cendres, onverra le cercueil passer dans les rues d'une ville prussienne, entre deux rangs de Uhlans et de soldats casqués.

Sadi,auquel le régime ne peut rien reprocher, Sadi, classé en octobre 1814 sur la liste du Génie, sorti en 1815 de l'Écolede Metz, porte un nom qui le désigne à tous ses chefs, qui éloigne de lui les camarades, qui retarde sonavancement.

On le promène de place forte en place forte, on ne lui confie que des travaux d'entretien.

Il est clairqu'on se méfie, qu'on l'écarte... Il ne tentera qu'une fois de forcer le sort.

1818 vit la fondation du nouveau corps d'État-major.

Sadi, qu'on nepouvait empêcher de le faire, se présenta au premier concours et fut breveté en janvier 1819 ; il paraît avoircompris très vite qu'on n'admettrait point qu'il prenne, là comme ailleurs, une place marquante : presqueimmédiatement après, il se fit mettre en disponibilité, endossa un costume civil et rentra chez lui. Chez lui, c'est-à-dire à Paris, dans une chambre qu'il ne quittera que pour satisfaire aux exigences de la viestudieuse qu'il va mener désormais.

Une fois seulement (1821) on le verra s'absenter de Paris : c'est à Magdebourgqu'il ira, revoir le père qu'il admire.

Hormis ce voyage, pendant les quatorze ans qui le séparent encore de la mort,aucun événement, aucun acte n'altérera le cours de sa vie.

A vingt-trois ans, Sadi Carnot entre dans une retraitedéfinitive dont la Révolution de 1830 même ne le fera pas sortir. Faut-il croire que la politique ne l'intéresse pas, qu'il répugne à l'action ? Ni l'un, ni l'autre.

Il a fait partie tour à tourde deux groupements curieux qui préfigurent certaines associations polytechniciennes du XXe siècle : avant 1830,c'est la Réunion Polytechnicienne Industrielle qui le compte parmi ses membres ; après la Révolution de 1830, ils'inscrira à l'Association Polytechnique dont Auguste Comte est vice-président.

L'un et l'autre groupe ont destendances politiques marquées, un caractère évasif d'action voilée bien neuf à l'époque.

Il paraît n'être là qu'enobservateur et en méditatif...

L'ombre du père explique tout cela.

Où qu'il aille, elle l'accompagne et sa présenceréelle est sensible à tous ceux qu'il rencontre.

La vie publique n'aurait été supportable pour Sadi que dans les milieuxparisiens où mijotait doucement le bouillon révolutionnaire : s'il consent à les connaître, il ne veut pas être à eux.

Cequi est sûr, c'est que son abstention est réfléchie ; il écrit dans son carnet : "Prendre ses résolutions d'avance, afinde n'avoir pas à réfléchir pendant l'action ; s'obéir alors aveuglément à soi-même." Lisez bien cette maxime : elle estfaite pour le révolutionnaire, pour le général qui marche à l'ennemi.

C'est un immobile, un contemplatif qui l'auraitécrite ? Je ne le crois pas.

Sadi Carnot est notre Hamlet ; il a préparé pendant quatorze ans la vengeance de sonpère ; il a voulu la réaliser en devenant lentement le surhomme que son père avait rêvé de forger... Il s'y applique avec rigueur, avec méthode : culture physique, arts, lettres, sciences, tout défile au long des. »

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