Ricimer
Publié le 16/05/2020
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Ricimer
?-472
Chef politique et militaire dans les derniers temps de l'Empire romain.
Il était fils d'un prince suève et d'une fille de Walia, roi desWisigoths, et se révéla d'abord comme un brillant officier des troupes auxiliaires des Barbares au service de Rome, sous lecommandement du "prefectus utriusque militiae", Aetius.
Quand celui-ci fut tué par Valentinien III en 454, il apparaît au premier planet ne tarde pas à mériter l'éloge que Jordanes fait de lui : "Homme insigne et presque unique en Italie quant à la milice." À la mort del'empereur Valentinien III, tué en 455, il accepta la candidature de Petropius Maximus, contre l'opinion de Genseric, roi des Vandales,qui lança ses navires contre l'Italie.
C'est Ricimer qui se mit à la tête de la résistance pendant que Maximus fuyait, effrayé.
Devantcette attitude, l'armée se jeta sur lui et le tua, peut-être sous l'instigation de son chef.
Dès ce moment, il va être l'arbitre des affairesen Italie sous le titre de "Comes Ricimerus" ou "Megister utriusque militiae".
Il accepte à contrecoeur l'élévation de l'empereur Avitus,faite en Gaule par le roi wisigoth Théodoric et par quelques chefs militaires, de l'autre côté des Alpes.
Le Sénat, qui agit à sa volonté,l'accepte aussi, mais oblige le nouvel empereur à fixer sa résidence à Rome, où on célèbre son entrée officiellement le 1er janvier 456,avec un panégyrique de 600 vers, que lui dédia son gendre Sidoine Apollinaire, lequel en sera récompensé avec la préfecture deRome.
Mais la conduite d'Avitus lui ôta l'estime du peuple et des sénateurs.
"Luxuriose agens, dit Grégoire de Tours, a senatoribusprojectus est".
Un monarque eût pu résister à l'hostilité d'un Sénat sans pouvoir, si son mécontentement n'eût pas été suscité par leSuève Ricimer, qui voyait en Avitus une créature des ennemis de son peuple en guerre à ce moment-là avec les rois de Toulouse.
Sonprestige venait de s'accroître par l'anéantissement près de l'île de Corse d'une flotte de soixante navires de Genseric.
Il se présentadonc à Avitus et lui déclara que son règne était fini.
En signe de mépris ou par indulgence, il l'autorisa à accepter la dignité d'évêque dePlacentia.
Avitus dut fuir, apprenant que le Sénat l'avait condamné à la peine de mort, et il disparut ayant été tué peut-être en chemin.
Avec le consentement de Ricimer, les Romains nommèrent alors Majorien, le dernier empereur digne de ce nom, "homme agréable àses sujets, dit un chroniqueur de ce temps, terrible à ses ennemis, excellent par ses vertus sur tous les Romains".
Il prit le pouvoiraprès six mois d'interrègne, pendant lequel Ricimer gouverna avec le titre de "Patricius".
Il ne voulait pas prendre le titre de roi, mais ilmultipliait ses trésors et augmentait les soldats attachés à sa personne.
Il avait la renommée d'un bon général, acquise dans des luttescontre les Alamans.
Majorien crut qu'il pouvait régner d'accord avec le chef des milices.
"Notre vigilance, disait-il dans uneproclamation, et celle de notre Père le patrice Ricimer, nous sauvera de si grands dangers." Il promulgua les dernières lois pleines desagesse que nous laissa l'ancienne Rome.
Les navires de Genseric apparurent de nouveau dans les bouches de l'Iris et du Garellano,mais ils furent repoussés.
Volontiers, Ricimer le suivit pour rétablir en Gaule l'autorité impériale ; Lyon lui ouvrit ses portes, et l'onprojeta alors de porter la guerre en Afrique pour détruire la puissance des Vandales.
Ricimer ne pouvait que se rallier à ce projet,puisqu'il était considéré comme l'ennemi du roi de Carthage.
Dans un éloge de l'empereur, Sidoine avait dit de lui : "Voyez l'invaincuRicimer, de qui dépendent les destinées publiques, repoussant avec sa seule force le pirate, qui va errant à travers les champs et évitede se rencontrer avec son vainqueur".
On décida la construction d'une flotte et on y travailla activement pendant des années.
Lesnavires furent assemblés à Carthagène où, en trois jours, par une trahison mystérieuse, sombra le dernier effort de l'empire.
Majorienrevint d'Espagne angoissé et sans espoir.
L'échec éveilla les soupçons de Ricimer contre un homme qu'il estimait et haïssait à la fois.Une sédition militaire à Tartone, au pied des Alpes, provoqua l'abdication de l'empereur, qui mourut de dysenterie cinq jours plus tard.
Ricimer pensait toujours aux autres préfets des milices, comme Stilicon et Aetius en Occident et Aspar en Orient, qui tous trois avaientété mis à mort par la peur que les empereurs avaient de sa puissance et il était bien décidé à prévenir de son côté tout danger.Pendant de longs mois, Ricimer fut en fait le maître de l'Empire agonisant, et il continua à l'être quand il fit créer empereur par le Sénatun certain Libius Severus, homme obscur dont les actes sont inconnus (461).
Le pouvoir de Ricimer était limité au nord par le prestigede deux généraux, Ecdicius et Marcelin, qui le méprisaient.
Les Barbares mercenaires de Marcelin furent gagnés par l'argent deRicimer, Ecdicius, qui était indigné contre les assassins de son père, Avitus, et qui disparut promptement, victime, dit-on, du poison dupatrice.
Mais l'ennemi le plus redoutable de l'Italie était le roi vandale, qui envoyait chaque année ses flottes contre l'Occident etréclamait le titre impérial pour son fils Huneric, marié à une fille de Valentinien III.
Pour répondre aux armes et aux intrigues duVandale, l'orgueilleux Ricimer, après la mort de Sévère (462), se résigna à demander à l'empereur de Constantinople, Léon, unempereur pour l'Occident.
Léon lui proposa Anthemius, fils de Procopius, un général qui s'était distingué dans la guerre contre lesPerses, et mari d'Eufémie, fille de l'empereur Marcien.
Ricimer l'accepta et le Sénat confirma l'élection.
Il y eut un momentd'optimisme.
Marcelin et Ricimer se réconcilièrent ; l'Orient et l'Occident s'unirent pour attaquer Carthage ; mais l'expédition fut undésastre.
D'autre part, l'accord entre le comte et le nouvel empereur ne dura pas.
Comme Anthemius était venu de Constantinopleavec une véritable armée, Ricimer n'osa pas l'attaquer.
Il se retira à Milan, bien placée pour accroître ses forces ou pour inviter lestribus barbares à traverser les Alpes.
Craignant une guerre civile, les nobles de Ligurie prièrent le Suève de s'entendre avecl'empereur, et d'accord avec lui, envoyèrent à Rome l'évêque de Pavie, Epifanius, pour négocier.
"Croyez-vous, répondit Anthemius,aux promesses de cet homme pervers ? Quel pacte pouvons-nous nouer avec qui a tant violé ?" Malgré cela, Anthemius se laissafléchir.
On signa la paix, mais Ricimer, quand il se crut le plus fort, avança sur Rome et s'arrêta sur l'Anio, espérant l'arrivée d'unnouvel empereur qu'il pensait donner à l'Occident.
C'était le même candidat que le roi de Carthage proposait à la cour byzantine.
Pourla première fois, les deux Barbares étaient d'accord.
L'élu appartenait à une ancienne famille romaine, la "gens Anicia", et s'appelaitOlybrius.
Il avait été l'ami de Placidia, la seconde fille de Valentinien III, avant que celle-ci fût emmenée captive à Carthage.
Gensericle savait, et travailla à convertir l'amour en mariage.
Le mariage le porta à la dignité impériale.
Quand il arriva au camp de Ricimer,celui-ci marcha contre Anthemius, qui mourut dans un combat livré dans les rues mêmes de Rome.
C'était au commencement de l'étéde 472.
Reconnu par le Sénat, Olybrius mourut quatre mois après, et Ricimer le précéda de peu dans la tombe le 19 août de la mêmeannée.
Telle fut la carrière de cet homme intelligent, ambitieux, sans scrupules, qui, désigné par le destin pour défendre l'Empireagonisant, qu'il haïssait et méprisait, travailla comme personne à sa ruine..
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