Qui était Jean-Jacques ROUSSEAU ?
Publié le 16/05/2020
Extrait du document
«
JEAN-JACQUES ROUSSEAU
1112-1118
FILS d'Isaac Rousseau, « citoyen » de Genève -et seuls les citoyens, peu nombreux (2.000
à peine sur 20.000 habitants), participent à la confection des lois- Jean-Jacques sera « citoyen»
lui aussi.
Ferdinand Brunetière se trompait donc en affirmant avec mépris : « De par ses origines,
Jean-Jacques est peuple, et peuple au sens le plus fâcheux du mot.
» S'il voulait dire, et c'était
bien, au fond, sa pensée, que Jean-Jacques n'appartenait point, de naissance, à la classe riche,
Brunetière
avait raison.
Les Rousseau sont des artisans, et l'horloger Isaac prévoyait pour son
fils le même métier que le sien.
Des « citoyens » qui ont le droit de vote et prennent au sérieux
la vie publique, mais des pauvres.
Tel est le milieu dans lequel Jean-Jacques Rousseau vient au
monde.
Une autre erreur au sujet de ses origines est de le peindre comme un enfant bien mal élevé,
bien
peu élevé, allant à vau-l'eau.
Sans doute son père s'est montré fantasque, parfois; et Jean
Jacques n'a pas eu de mère (elle est morte, alors qu'il venait de naître).
Mais deux femmes se
sont occupées, tendrement, de ses premières années : sa tante « Suzon » et la chère Jacqueline,
« ma mie Jacqueline», une espèce de servante au grand cœur; et son père l'aimait, et il aimait
son père, et il parlera toujours de lui avec reconnaissance; et l'horloger demandait à son petit
garçon
de lui lire tout haut, tandis qu'il travaillait à son établi, la Vie des hommes illustres de Plu
tarque et des livres d'historiens et de moralistes.
Jean-Jacques a été bien plus « élevé », au sens
vrai,
que ne le sera Chateaubriand, par exemple.
Ces gens pauvres qui l'entourent et font ce
qu'ils
peuvent pour le préparer à la vie sont des chrétiens, des« réformés», lisant la Bible, essayant
de conformer leur vie à l'Evangile.
Cette éducation « prend » sur le petit Jean-Jacques comme
on dit d'une greffe qui réussit.
Il n'est pas en révolte contre les siens.
Il accepte à plein cœur ce
qu'on lui enseigne.
Il se plaît à aller chanter les psaumes, le dimanche, avec son père, à Saint
Pierre ou à Saint-Gervais.
Il dit qu'il voudrait être pasteur, plus tard, comme l'est un de ses oncles.
Et lorsque son père, en 1722, doit quitter Genève, Jean-Jacques (il a dix ans) est confié à un brave
homme,
M.
Lambercier, pasteur à Bossey.
Pendant trois ans, l'enfant va vivre dans ce presby
tère,
où il retrouve la même atmosphère de christianisme qu'à la maison.
On oublie trop cette
éducation pieuse de Jean-Jacques.
Elle fut, au vrai, déterminante pour sa destinée.
Jusqu'à vingt-huit ans à peu près, Jean-Jacques va rester, dans ce xvme siècle irreligieux,
un attardé, un petit provincial « crédule », attaché à ces vieilles distinctions du Bien et du Mal
dont se gausse, autour de lui, un monde auquel il demeure étranger.
Il a fait, à seize ans, un coup
de tête, fuyant sa ville natale, où il était malheureux chez un graveur qui rudoyait ses apprentis.
Jean-Jacques est parti vers l'aventure, reniant même avec légèreté sa foi protestante.
Mais c'est
chez les catholiques et non chez les esprits forts qu'il est tombé, et cette disposition religieuse
qui est en lui, congénitale, à jamais incurable, trouve à s'épanouir même auprès de Mme de
Warens.
Des prêtres lui ont parlé; le premier qu'il ait vu, d'abord, en passant la frontière, le.
»
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