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Quelles figures du Roi propose Blaise Pascal dans ses Pensées ?

Publié le 15/05/2020

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« Blaise Pascal, philosophe et moraliste français du dix septième siècle, meurt à l'âge de trente neuf ans, laissant derrière lui plusieurs liasses de réflexion qui sontrassemblées et publiées, de manière posthume, sous le nom des Pensées en 1670.

Tout au long de cette œuvre, dont nous étudierons les liasses II à VIII, il dresse àplusieurs reprises le portrait d'un roi aux multiples facettes.

En ce sens nous nous demanderons quelles figures du roi nous propose le penseur.

Dans un premiertemps, nous analyserons l'idée d'un roi comme puissance trompeuse puis nous verrons en quoi il est semblable à l'homme déchu, enfin nous traiterons l'idée d'un roiqui ne peut renoncer à sa grandeur. Tous les rois ont ceci de particulier qu'ils imposent, forcent le respect par leur prestance, la terreur qu'ils suscitent.

Pourtant rien ne semble le distinguer d'un citoyenlambda lorsqu'il est seul, ainsi Pascal en vient à penser que seule l' « imagination » soit les préjugés, l'apparence et la « folie» - la faiblesse de ses sujets - portent le roiau rang divin.

Le statut du roi n'est donc que vanité et non choix de la nature comme on tend à le croire à l'époque où est écrite l'œuvre.

Afin d'illustrer cette premièreidée, penchons nous sur le fragment 23 de la deuxième liasse du recueil, « Vanité »: « La coutume de voir les rois accompagnés de gardes […] font que leur visage,quand il est quelquefois seul et sans ses accompagnements, imprime dans leurs sujets le respect et la terreur […] et le monde qui ne sait pas que de cet effet vientcette coutume croit qu'il vient d'une force naturelle […] le caractère de la divinité est empreint sur son visage .» On comprend ici que l'idée de roi est nécessairementliée à celle de force car on le voit souvent entouré de sa garde, ainsi l'apparence lui permet d'être respecté quand le peuple reste persuadé que ce respect est légitime,du fait de la supériorité du roi, sur Terre par la volonté de Dieu.Au fragment suivant, le philosophe développe cette idée de puissance trompeuse, déclarant « la puissance des rois est fondée sur la raison et sur la folie du peuple, etbien plus sur la folie.

» Dans une société où la majorité des personnes sont croyantes et où la peur du châtiment est réelle, la remise en cause du statut du souverain nesemble pas être probable: le roi, même si plus fragile que ses sujets, est loin d'être menacé grâce à l'imagination du peuple.

La richesse, l'apparat, la garde du roi sontautant d'accessoires vains qui assurent pourtant au roi de vivre mieux que le peuple sans que jamais son statut ne soit remis en cause. Après avoir étudié le roi comme puissance trompeuse, loin d'être un être supérieur, nous allons maintenant voir en quoi il est semblable à l'homme qui, avant le pêchéoriginel, était tout aussi grand qu'un souverain. Dans la Genèse, lorsqu'Adam et Eve ne respectent pas la volonté de Dieu en mangeant la pomme de l'arbre de la connaissance, ils commettent un acte de rébellion quileur vaut d'être chassés du Paradis, de connaitre le Mal et de devenir misérables, perdant leur grandeur originelle.

Pascal, au fil de son œuvre reprend cette idée degrandeur perdue, d'homme déchu.

Dans le fragment 107, liasse VI, « Grandeur », Pascal écrit : « Ce sont misères de grand seigneur, misères d'un roi dépossédé.

» Leparallèle avec le statut de roi montre qu'auparavant, l'égalité était parfaite entre tous les êtres humains, aucune discrimination ou faveur n'opéraient en vue del'apparence de chacun; à l'heure où il réfléchit, le philosophe montre que l'homme ordinaire est un « roi dépossédé » puisqu'il a connu le prestige, la grandeur, ainsi lebonheur que semble avoir encore un roi mais ne possède plus rien de cela contrairement au souverain.

Or le fait qu'il est conscience de sa petitesse semble finalementle rendre aussi grand que le plus grand des rois.

Sa misère rend donc l'homme ordinaire semblable au roi tant admiré et respecté.

A contrario, le roi n'est en réalitéqu'un simple mortel, aussi misérable que ses sujets comme le montre le philosophe dans le fragment 127 de la liasse VIII, « Divertissement »: « le roi […] seul [est]en état de penser à soi, sachant bien qu'il sera misérable, tout roi qu'il est, s'il y pense.

» La cour d'un roi est là pour le protéger, le servir et le divertir afin que jamaisil ne s'ennuie car qui s'ennuie pense.

Et si un roi vient à penser il prendra aussitôt conscience de sa misérable existence, aussi basse que celle d'un simple garde à sasolde et peut être même plus misérable encore car le roi a le destin d'un peuple entre ses mains alors qu'il n'a en réalité aucun pouvoir divin lui permettant d'agirirréprochablement.

En ce sens l'admire t'on peut être à tort. Après avoir traité l'idée d'un homme à l'image du roi nous allons, dans cette dernière partie, voir en quoi l'homme ne peut cependant pas renoncer à son statut, à sagrandeur. Comme nous l'avons vu précédemment, les rois sont les seuls êtres humains à avoir en apparence conservé leur grandeur car ils sont admirés, respectés voire craints,tous les moyens sont mis en œuvre pour que jamais ils ne puissent penser à leur condition, à leur existence misérable.

Ils sont fiers et souhaitent que leur statut et leurprestige ne soient jamais salis, conserver pour toujours l'estime du peuple.

Or quand un roi vient à les battre, ils perdent toutes crédibilités et doivent ainsi renoncer àleur titre ce qui est, pour eux, le pire des maux.

Pascal, dans la liasse II, prend l‘exemple d‘un fait historique relaté par Montaigne dans les Essais afin d'illustrer cetteidée : « Persée, roi de Macédoine.

Paul Emile.

On reprochait à Persée de ce qu'il ne se tuait pas.

» Paul Emile est un consul romain qui, en 168 avant Jésus Christ,vainquit Persée, le faisant ainsi prisonnier.

Or pour Persée, roi fier, rien de plus humiliant que de se voir exposer en trophée de guerre, sa seule échappatoire est doncde se donner la mort qui, elle, sera plus noble.

Pour le peuple, il est inconcevable qu'il ne se tue pas alors qu'il est devenu plus misérable que tous.

Cet exemple de roi« dépossédé » est repris plus tard, au fragment 108, dans la liasse VI : « Car qui se trouve malheureux de n'être pas roi sinon un roi dépossédé ? […] On trouvaitPersée si malheureux de n'être plus roi, parce que sa condition était de l'être toujours, qu'on trouvait étrange de ce qu'il supportait la vie.

» Ici Pascal nous expliqueque lorsque, comme Persée, on a connu la grandeur, il est impossible d'être heureux une fois devenu misérable.

Chaque homme est en quête du bonheur or lorsqu'ilcroit l'avoir atteint puis qu'il s'en voit dépourvu, il lui est inconcevable de pouvoir continuer à « supporter la vie ».

Ainsi cette idée nous laisse penser qu'être toute savie misérable, ordinaire, est sans doute plus agréable, plus tolérable, nous rend peut être plus sage, puisque nous en avons conscience, qu'être momentanément le plusgrand des rois. En conclusion, bien qu'admirable en apparence, terrifiant et respectable, le roi comme nous le présente Pascal n'est en réalité qu'un simple mortel qui, par le hasard desa naissance, est devenu supérieur à un peuple entier, un misérable humain qui se pense grand et qui mourrait de perdre sa condition factice et probablement nonméritée.. »

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