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Quelle sorte de plaisir éprouve-t-on devant une oeuvre d'art?

Publié le 10/12/2021

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Il apparaîtra aisément, après réflexion, combien ce principe joue pour une part considérable dans la beauté. À chaque fois qu'un objet tend à donner du plaisir à son possesseur, ou, en d'autres termes, quand il est la cause véritable du plaisir, il est sûr de plaire au spectateur, par une sympathie délicate avec le possesseur. On juge belles la plupart des oeuvres d'art en proportion de leur adaptation à l'usage de l'homme, et même beaucoup des productions de la nature tirent leur beauté de cette source. Dans la plupart des cas, élégant et beau ne sont pas des qualités absolues mais relatives, et ne nous plaisent par rien d'autre que leur tendance à produire une fin qui est agréable.     II. L'art enchanteur   Il faut maintenant préciser le contenu de ce plaisir immédiat. L'art peut apparaître comme une exacerbation de certaines satisfactions sensorielles : la musique concentre en elle les beaux sons, ceux qui produisent le plaisir. Le plaisir de l'art passerait alors par la manifestation du beau en lui. C'est un plaisir qui peut être de nature sensorielle, mais aussi, peut-être, de nature spirituelle, par la qualité et la pureté de la vision qu'il donne des choses qu'il représente.   Sartre   Pour l'artiste, la couleur, le bouquet, le tintement de la cuiller sur la soucoupe, sont choses au suprême degré ; il s'arrête à la qualité du son ou de la forme, il y revient sans cesse et s'en enchante ; c'est cette couleur-objet qu'il va transporter sur sa toile et la seule modification qu'il lui fera subir c'est qu'il la transformera en objet imaginaire.

Lorsque nous parlons d’art, nous désignons en vérité deux réalités distinctes. Jusqu’au dix-huitième siècle, le terme « art « désignait l’ensemble des techniques de production d’artefacts : tel était encore le cas dans le Discours sur les sciences et les arts (1750) de Jean-Jacques Rousseau. Ainsi, l’activité de l’artiste et celle de l’artisan étaient recouvertes par le même terme. Or, il semble que ces deux activités ne soient pas entièrement réductibles l’une à l’autre, qu’elles possèdent chacune une spécificité à élucider. Par conséquent, il nous faudra au cours de ce travail préciser d’une part ce qui distingue l’art de l’horloger de celui du poète, l’activité du coutelier de celle du plasticien ; et toujours préciser à laquelle de ces deux activités singulières nous pensons lorsque nous employons le signifiant « art «.

 

Par plaisir, nous entendons une émotion agréable que nous éprouvons à la contemplation, à l’idée ou au contact d’une chose. Allant plus loin, le plaisir peut nous apparaître comme le signal que la chose qui le suscite chez nous participe à la perpétuation de notre vie. Alors que la douleur est le signal d’alarme qui nous avertit qu’il est dangereux de faire durer ce qui la cause, le plaisir manifeste au contraire que notre vie est servie par la cause qui le suscite. Dans un sens plus négatif, nous pouvons également dire que le plaisir est synonyme de privation de la douleur.

 

En posant la question « Quelle sorte de plaisir éprouve-t-on devant une œuvre d’art ? « nous pénétrons sur un terrain miné de la philosophie, où deux grands penseurs ont eu l’occasion de s’affronter : Kant et Nietzsche. Nous verrons en effet que le plaisir esthétique est pensé par Kant comme un plaisir « désintéressé «, c'est-à-dire comme un plaisir distinct de celui que l’on éprouve lors d’une émotion agréable. A l’inverse, Nietzsche voit dans le plaisir esthétique un plaisir parfaitement « intéressé « puisqu’il fait de l’art un « remède contre nous-mêmes « et de la production artistique la satisfaction d’une impérieuse nécessité intime. L’un des problèmes au cœur de cette controverse est sans doute le point de vue à partir duquel l’œuvre d’art est envisagée : parlons-nous de l’œuvre d’art regardée par un spectateur étranger à sa réalisation, ou de l’œuvre d’art contemplée par celui qui est à son origine ?

 

Nous nous demanderons donc si le plaisir que l’on éprouve devant une œuvre d’art varie selon l’identité du regardant (spectateur ou artiste) et s’il s’agit d’un plaisir intéressé ou non.

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