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Publié le 17/05/2020
Extrait du document
«
……
Quand je fus arrivée à ce petit oratoire, qui était éclairé de deux
lumières, on m'ordonna de demander pardon à Dieu et à la
communauté du scandale que j'avais donné ; c'était la religieuse
qui me conduisait qui me disait tout bas ce qu'il fallait que je
répétasse, et je le répétais mot à mot.
Après cela on m'ôta la
corde, on me déshabilla jusqu'à la ceinture, on prit mes cheveux
qui étaient épars sur mes épaules, on les rejeta sur un des côtés de
mon cou, on me mit dans la main droite la discipline que je
portais de la main gauche, et l'on commença le Miserere .
Je
compris ce que l'on attendait de moi, et je l'exécutai.
Le Miserere
fini, la supérieure me fit une courte exhortation.
On éteignit les
lumières, les religieuses se retirèrent, et je me rhabillai.
Quand je fus rentrée dans ma cellule, je sentis des douleurs
violentes aux pieds ; j'y regardai ; ils étaient tout ensanglantés des
coupures de morceaux de verre que l'on avait eu la méchanceté de
répandre sur mon chemin.
Je fis amende honorable de la même manière, les deux jours
suivants ; seulement le dernier, on ajouta un psaume au Miserere .
Le quatrième jour, on me rendit l'habit de religieuse, à peu près
avec la même cérémonie qu'on le prend à cette solennité quand
elle est publique.
Le cinquième, je renouvelai mes v œ ux.
J'accomplis pendant un
mois le reste de la pénitence qu'on m'avait imposée, après quoi je
rentrai à peu près dans l'ordre commun de la communauté : je
repris ma place au ch œ ur et au réfectoire, et je vaquai à mon tour
aux différentes fonctions de la maison.
Mais quelle fut ma
surprise, lorsque je tournai les yeux sur cette jeune amie qui
s'intéressait à mon sort ! Elle me parut presque aussi changée que
moi ; elle était d'une maigreur à effrayer ; elle avait sur le visage
la pâleur de la mort, les lèvres blanches et les yeux presque
éteints.
« S œ ur Ursule, lui dis-je tout bas, qu'avez-vous ?
- Ce que j'ai ? me répondit-elle ; je vous aime, et vous me le
demandez ! Il était temps que votre supplice finît, j'en serais
morte.
».
»
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