Portugal (1994-1995)
Publié le 21/09/2020
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Portugal (1994-1995)
En 1995, le Portugal a tourné une page politique importante.
Mário Soares,
président de la République depuis 1986, ne pouvant pas constitutionnellement
briguer un troisième mandat aux élections présidentielles de janvier 1996, s'est
préparé à quitter la scène politique.
Quant au Premier ministre Aníbal Cavaco
Silva, à la tête du gouvernement et du Parti social-démocrate (PSD) depuis 1985,
il a lui aussi décidé de passer la main.
A l'horizon des législatives d'octobre
1995, une nouvelle génération politique prenait ainsi les commandes du pays.
Ceux qui avaient assuré la stabilisation et le recentrage politique du Portugal
pendant les deux décennies qui avaient suivi la "révolution des oeillets" (qui
sonna le glas de la dictature d'Antonio de Oliveira Salazar, le 25 avril 1974)
laissaient donc la place à la première génération ayant grandi sous la bannière
démocratique.
La relève a été symbolisée dès février 1995 par l'élection du
ministre de la Défense Fernando Nogueira (45 ans) à la tête du PSD et par la
véritable prise en main du Parti socialiste (PS) par Antonio Guterres (46 ans).
Fort des victoires de son parti aux élections municipales de 1993 et européennes
de 1994, ce dernier a adopté un discours de futur chef de gouvernement.
Il a
vanté les mérites d'une large décentralisation et prôné une plus grande
transparence dans la vie politique, secouée par une série de scandales.
Sur sa
gauche, Carlos Carvalhas (56 ans) a continué de maintenir le Parti communiste
portugais dans l'orthodoxie définie par son dirigeant historique Álvaro Cunhal
(1961-1992).
A droite de la droite, l'"étoile montante" du populisme
"patriotique", Manuel Monteiro (33 ans), a rompu les ponts avec la ligne
démocrate-chrétienne qui avait jusque-là guidé son parti.
A son initiative, le
CDS (Parti chrétien démocrate) a ainsi été rebaptisé "Parti populaire", un nom
plus conforme aux convictions à relents salazaristes de M.
Monteiro.
Mais l'ombre tutélaire des trois hommes qui marquèrent tant la vie politique
portugaise, M.
Soares, A.
Cunhal et A.
Cavaco Silva, semblait devoir planer
encore quelque temps sur leurs partis respectifs.
On prêtait d'ailleurs à A.
Cavaco Silva l'intention de se porter candidat à la présidence de la République
en janvier 1996, charge honorifique très convoitée par ceux souhaitant mettre un
terme à une carrière politique de premier plan.
Son principal rival serait le
maire socialiste de Lisbonne, Jorge Sampaio.
Le bilan économique, nuancé, a déclanché une polémique mesurée portant sur les
dix ans passés de "cavaquisme".
Les Portugais ont porté à l'actif de leur
Premier ministre la modernisation du pays par la réalisation d'importants
travaux publics, mais se sont cependant montrés plus critiques dans les domaines
de l'éducation, de la santé et de l'administration.
Ils ont aussi dénoncé la
"dérive" des privatisations des dernières années.
En outre, 75% des actifs
bancaires portugais se sont trouvés concentrés entre les mains de deux groupes
privés, BPC et Champallimaud, et d'un organisme financier public, la Caisse
générale des dépôts, à la suite d'une série d'opérations peu réglementaires
autorisées par le pouvoir.
En 1994, le Portugal est sorti de la récession avec un taux de croissance de 1%,
et tablait sur une augmentation de 2% du PIB en 1995.
La stagnation de la
consommation et la baisse des salaires réels ont ramené l'inflation à 4,0% en.
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