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Porfirio Díaz

Publié le 16/05/2020

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« Porfirio Díaz Oaxaca au sud du Mexique, a vu se cristalliser de la plus belle manière la civilisation espagnole et la civilisation indienne.Le Mexique est né du mariage des deux mondes.

La ville d'Oaxaca fut de la conquête au XXe siècle une île d'hispanité aumilieu des montagnes indiennes.

Dans cette ville marquée du sceau de l'architecture romane et baroque, Porfirio Díaz agrandi.

En lui, Mexicain héritant des deux races, point de conflit de sang, encore moins d'idées.

Mais une qualité politiquerare, l'instinct, au service d'une ambition dévorante. Né dans une famille modeste, orphelin de père, il entre au séminaire, comme Juárez, puis à l'Institut des Sciences et desArts ; comme lui toujours, il y étudie le droit.

Il ne termine pas la carrière, car la révolution d'Ayutla (1854) fait de lui unmilitaire pour plus de vingt ans : les guerres civiles, la résistance contre les Français qui lui vaut d'être le héros de ladéfense de Puebla, et puis, après la chute de l'Empire de Maximilien en 1867, la pénible lutte pour le pouvoir suprême.L'ambition présidentielle, avant que d'être satisfaite, doit attendre dix longues années, pour que la victoire de Tecoac en1876 lui permette de renverser le président Lerdo. Porfirio Díaz a pris le pouvoir par la force des armes, après plusieurs coups d'État manqués.

Et, jusque-là inexpert entechnique politico-administrative, il a révélé soudain un étonnant génie politique.

Sa première présidence (1876-1880) futconsacrée à mettre au pas les nombreuses factions qui ne se résignaient pas à son ascension et à obtenir la bienveillancedes États-Unis qui lui étaient hostiles. Il se donna pour successeur un fidèle compagnon d'armes, originaire de la même province, le général Manuel González,puis en 1884 se fit réélire à la présidence.

Díaz avait la sympathie et l'appui tacite de la grande majorité des Mexicains en1876 et il la conservait en 1888, à la fin de son deuxième mandat présidentiel.

Il s'était donné deux objectifs : ordre etprogrès, et avait mis au point le système qui lui permit de rester le maître jusqu'en 1910.

Il forma un cabinet rassemblantles diverses factions, réconciliant catholiques et protestants, jacobins et impérialistes ; son remariage avec la fille d'unopposant allait dans le même sens.

Il divisait à merveille pour régner, intégrant au système les talents nouveaux, usantles hommes dangereux les uns contre les autres.

Il gouverna avec un minimum de terreur : "Le général étrangle sanspendre", disait-on.

De l'administration et pas de politique, du pain et du bâton, telles sont les définitions qu'il a donnéeslui-même de son programme.

Madero, qui en 1911 obtint son départ, lui a rendu cet hommage : "Don Porfirio n'a pas étéun despote vulgaire...

Peu d'hommes ont usé du pouvoir absolu avec une telle modération." Les problèmes de la démocratie parlementaire étaient réservés aux vingt mille votants qui vécurent la décadence politiquedu Mexique au niveau des idées, des fins poursuivies et des hommes responsables.

L'opinion avait été un peu refroidiedans son enthousiasme par la réforme constitutionnelle de 1888 qui permettait à Díaz de continuer pour quatre ans ; unedeuxième réforme, en 1896, rendait la réélection indéfinie.

Pourtant, le mécontentement ne se fit pas sentir avant 1904.Alors l'instinct qui faisait sa force vint à lui manquer et le vieux renard se prit dans les rets qu'il avait tendus : la présidencefut portée à six ans.

Elle était pour la première fois flanquée d'une vice-présidence, signe annonciateur de la mort de Díaz ;un vice-président populaire comme Reyes ou Madero aurait permis au vieux César de mourir en place, mais il imposa unhomme obscur.

Puis, en 1908, il commit la seule erreur de sa carrière, erreur fatale : il accorda une entrevue au journalisteCreelman et parla, parla, au lieu de se taire ; il promit des élections libres et déchaîna les plus folles espérances.

Puis ilmanqua à sa parole.

L'apprenti sorcier avait déchaîné la révolution de 1910 et mourait en exil, à Paris, en 1915. Qu'en est-il de son œuvre ? Le démarrage de la croissance économique est à l'actif de cette période, dite du "Porfiriat",ainsi que la mise en place de l'État moderne, géant en pleine croissance, qui se cache derrière le chef d'État de typetraditionnel, le bon Don Porfirio aux cheveux de neige et à la moustache rassurante.

Sous son long règne, il y a progrèsrapide et avec lui son expérience vécue, qui engendre l'impatience des couches moyennes et supérieures de la société,désireuses de partager le pouvoir politique.

La croissance économique, qui n'est pas la seule sur le continent, enaggravant les problèmes, en accentuant les divisions, rend possible l'apparition d'une mentalité révolutionnaire qui profitede l'erreur de 1908.

Mais l'avènement des classes moyennes, au bout de la révolution mexicaine, n'eût pas été possible sila poigne de Don Porfirio ne leur avait constitué le cadre politique et institutionnel à l'intérieur duquel elles ont vécu jusqu'ànos jours. Don Porfirio avait fini par s'identifier au Mexique et sans ironie aucune affirmait lui avoir fait don de sa personne ; il recevaitun jour une haute personnalité du régime et lui confiait, lorsqu'elle lui demandait la raison de sa migraine : "J'ai mal à l'Étatde Tlaxcala." Après avoir été le bouc émissaire de l'historiographie révolutionnaire, il reçoit aujourd'hui plus de justice de lapart des historiens, même s'il n'est plus salué par les définitions de "prodige de la nature" (Tolstoï), "Moïse et Josué duMexique" (Carnegie) ou "premier artisan de la civilisation" (Cecil Rhodes). Daniel Cosio Villegas, le grand historien de cette période, interprète l'autocratie de Porfirio Díaz comme la preuve de"l'incapacité du Mexique à poursuivre en même temps les deux objectifs que la société occidentale a commencé à sedonner à la fin du XVIIIe siècle (...), la liberté politique et le bien-être matériel pour tous." Ceux qui par le raisonnement, l'expérience ou le sentiment estiment que la liberté est le bien suprême de l'individu et dupeuple condamnent passionnément Don Porfirio pour avoir sacrifié la liberté au progrès dans l'ordre.

Ceux qui estimentque les structures sont plus importantes que les régimes politiques, que l'être l'emporte sur le paraître, que la démocratieest un joujou coûteux pour les pays sous développés saluent en Díaz le grand homme d'État, conscient de sa mission,expression des nécessités de son temps.. »

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