Pologne (1992-1993)
Publié le 21/09/2020
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Pologne (1992-1993)
Le Premier ministre de Pologne Hanna Suchocka dans un appel, le 11 juin 1993,
aux douze États membres de la CE (Communauté européenne), résumait ainsi les
effets de l'exercice de son cabinet au seuil des élections législatives
anticipées devant, le 19 septembre, renouveler les deux chambres: "La Pologne a
été le premier pays post-communiste à renouer avec la croissance [...]; malgré
toutes les difficultés, nos réformes avancent, la démocratie parlementaire
fonctionne, l'économie de marché se développe, la société civile prend forme,
les médias assurent le pluralisme, les droits de l'homme et des minorités sont
respectés."
En dépit de ces avancées réformatrices qui ont placé le pays en position de
leader dans la transition des pays d'Europe centrale et orientale, une motion de
censure présentée le 28 mai 1993 par les députés issus des rangs du syndicat
Solidarité a recueilli, grâce à une alliance contre nature entre la droite et la
gauche, le nombre de voix nécessaires pour contraindre H.
Suchocka à présenter
sa démission.
Occasion saisie par le président de la République, Lech Walesa,
pour dissoudre dès le lendemain le Parlement tout en conservant le gouvernement
de H.
Suchocka pour expédier les affaires courantes.
Il était conscient qu'il
n'existait guère d'alternative dans le camp de la réforme et qu'il était urgent
d'enrayer la fragmentation de la représentation nationale afin de synchroniser
l'action exécutive et législative.
Quoi qu'il en soit, le bilan du gouvernement
Suchocka en 1992-1993, a effectivement été positif: vote du budget réduisant le
déficit à 6%, élaboration d'un pacte d'entreprise - ce dernier a lié tous les
partenaires sociaux par un système de droits et de devoirs dans le cadre du
processus de privatisation - et adoption d'une partie du dispositif juridique le
sous-tendant, loi de privatisation de masse (une vague de 600 entreprises à
ajouter à celles déjà passées au privé), ordonnance électorale comportant des
seuils visant à empêcher la poursuite de la groupuscularisation de l'échiquier
politique.
La coalition du pouvoir, composée des libéraux à coloration sociale de l'Union
démocratique de l'ancien Premier ministre Tadeusz Mazowiecki, des chrétiens
nationaux du ZCHN (Union des chrétiens démocrates), des libéraux du Congrès
libéral démocratique (KLD) et d'un petit parti agrarien l'Alliance populaire
(PL) n'a pourtant pas pu résister plus de huit mois à la forte pression du lobby
paysan qui a provoqué les démissions des ministres agrariens, dont le ministre
de l'Agriculture Gabriel Janowski.
L'absence d'une majorité au Parlement et la
compétition politique qu'ont engagée avec la coalition des formations issues
pourtant du même mouvement Solidarité ont, par ailleurs, contraint le
gouvernement à louvoyer jusqu'à solliciter le soutien des ex-communistes de
l'Alliance de la gauche démocratique (SLD) pour faire passer un budget
impopulaire et la loi de privatisation.
La Pologne illustrait ainsi l'un des
paradoxes du post-communisme: la division politique des anciennes oppositions
anticommunistes en partisans de la "chasse" aux communistes et en modérés de la
décommunisation s'est traduite par un affaiblissement législatif des
gouvernements issus de la victoire sur l'ancien régime.
Simultanément, les
ex-communistes retrouvaient leur force électorale (deuxième groupe parlementaire
à la Diète polonaise) et pouvaient marchander leur appui législatif aux réformes
contre l'aide à la sortie du ghetto moral et institutionnel où ils avaient été
précipités au lendemain des révolutions de 1989..
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