Poésie

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DE LA MUSIQUE AVANT TOUTE CHOSE.Il y a création poétique sitôt qu'il y a effort sur le style, explique en substance Mallarmé, De fait, le souci de formaliser l'expression est à l'origine de la démarche poétique. Il faut, pour le rappeler, évoquer les premiers âges de la civilisation, quand la tradition orale l'emportait sur l'écriture. Afin d'aider la mémoire à retenir certains énoncés, les hommes ont utilisé toutes les ressources qu'offrent les sonorités du langage. Par des répétitions de sons et de mots, par un emploi inhabituel de certains termes, par un rythme particulier, ils ont créé des formes mémorables et permis la transmission orale d'énoncés dont il fallait impérieusement conserver la mémoire (textes religieux, récits d'exploits guerriers, etc.). Le poème est destiné à arracher une création littéraire à l'oubli. Les rhapsodes grecs qui, de villages en villages, relatent les épisodes de la guerre de Troie, ne lisent pas, ils récitent. Le poème est donc fait pour résister à l'usure du temps et, pour cela, il doit surprendre.Avec la diffusion de l'écriture et l'apparition du livre, le poème commémore moins qu'il ne cherche à surprendre. Il devient alors l'expression d'un usage inouï du langage, un mode singulier de percevoir la réalité. Pour le poète et dramaturge Antonin Artaud, la poésie est, par essence, anarchique, c'est-à-dire qu'elle bouleverse l'ordre habituel du langage et du monde ; elle dévoile de nouvelles relations entre les objets. Le poème, malgré la contrainte formelle qu'il impose, est désormais synonyme de liberté. Cette liberté se découvre être celle du créateur, évidemment, mais c'est aussi la liberté d'un lecteur convié à la construction du sens du texte. Parce qu'il appelle a l'interprétation, le poème sort le lecteur de sa passivité. Breton, dans le Premier Manifeste du Surréalisme, distingue ainsi le lecteur de romans de l'amateur de poésie. L'un est aliéné au texte qu'il lit, l'autre éprouve l'expérience de la liberté.