Plaidoirie: les enfants guerriers

« Kazakhstan .

Colombie .

République Démocratique du Congo.

Népal.

Somalie.

Soudan.

Tchad.

Sri Lanka.

Ouganda.8 pays, 58 organisations.

Et près de 310 000 enfants actuellement enrôlés de force dans divers conflits aux issues sanglantes.Alex a été enlevé par les rebelles à l’âge de 10 ans.

Bons princes, les soldats lui ont donné le choix: mourir sur le champ, comme son père, ou suivre.

Ce simple paysan participe à son premier combat deux ans plus tard.

La vie paisible qu’il menait est un lointain souvenir.

Pendant trois années, il s’amuse à semer la mort....

Alex passe deux ans à transporter armes et munitions pour les rebelles.

De ville en ville, il les suit.

Il reçoit de la drogue tous les jours.

De la cocaïne et de la marijuana.

En même temps, il apprend les rudiments de son futur métier: soldat. « J’étais rendu fou, à cette époque-là », dit-il en référence à la drogue.

Ses yeux, aux veines éclatées, rouges, témoignent de sa consommation journalière...

Il doit ramper dans la jungle, tirer sur des cibles humaines: ses amis enfants-soldats.

« On se tire dessus pendant l’entraînement.

On n’a pas d’amis.

J’en ai tué un.

Ça ne m’a pas dérangé.

Avec la drogue, tu n’y penses pas.

Tu ne vois pas la différence.

Chaque jour, il arrive de nouveaux enfants.

Tous du même âge, de la même grandeur ».

Alex n’a pas d’émotions.

Il n’a pas plus de remords aujourd’hui.

Et c’est normal.

On lui a volé quelque chose, une chose qui s’est fissurée à chaque goutte de sang versée de sa main ; à chaque cri de souffrance qui berçait son quotidien.

Son humanité.

L’humanité, Alex n’en a plus. Elle est partie, loin, enterrée parmi tous ces corps à qui il a ôté la vie.

L’humanité, c’est une valeur que, en tant que machine à tuer, il était impossible de conserver.Aujourd’hui, Alex a peut-être un cœur qui bat et un cerveau qui fonctionne ; mais il en est ressorti et restera à jamais comme mort. Aujourd’hui, dans le monde, on estime qu’environ 300 000 enfants vivent chaque jour l’horreur de la guerre, une arme sous le bras.

Imaginez une seule seconde l’un de vos enfants arraché à vous, muni d’une arme et poussé sur un champ de bataille, précipité ainsi vers une mort certaine.

Cela vous semble inconcevable ? Pas aussi inconcevable que cette cruauté dont font preuve ces soldats, ces adultes, censés être responsables et mâtures, qui voient au travers de ces enfants arrachés au peuple de nouvelles mains pour une tenir une arme, de nouvelles vies jetées allègrement, au combat pour conserver celles qui n’en valent plus la peine.

Mais y a-t-il une vie qui soit plus précieuse qu’une autre ? Non.Qui sont ces soldats ? Les organisations qui exploitent ces enfants sont nombreuses.

Les groupes non-étatiques sont les premiers qui nous viennent à l’esprit.

Mais savezvous, que c’est parfois l’Armée des États même qui s’adonne à ces scandaleuses pratiques ? Ces mêmes états qui envoient délibérément ces jeunes au cœur du combat ? Même en sachant que cela est puni par la Convention Internationale des Droits de l’Enfant ? Le recrutement des enfantssoldats commence dès l’âge de 10 ans.

Ceci est contraire à la Convention internationale relative aux droits de l’enfant, qui précise clairement « l’interdiction d’enrôlement des jeunes de moins de 15 ans dans les forces armées ». La cour pénale internationale s’est aussi prononcée en déclarant que « le recrutement d’enfants de moins de 15 ans constitue un crime de guerre.» Il est malheureusement courant que les états euxmêmes organisent des recrutements et des formations par le biais de clubs de mouvements de jeunesse, ou bien de structures d’accueil destinées aux enfants orphelins et aux enfants de la rues, afin que ceux-ci se prennent dans les filets de l’état, dont ils ne pourront que difficilement se retirer...Et c’est ainsi qu’ils envoient l’avenir de leur pays sur le chemin de la destruction.

Comment procèdent-ils ? La majorité des enfants-soldats est enrôlée de force.

Un jour, à l’école, dans la rue, sur le marché, sur le terrain de football du village, ou même à la maison ou à l’orphelinat, ils sont enlevés par des inconnus qui vont leur apprendre à « devenir des hommes ».

Du moins, c’est ce qu’on leur dit.

Ces militaires pratiquent ce qu’ils nomment la « méthode de l’aspirateur ».

Est-ce là le seul statut de l’enfant ? Une poussière, inutile, gênante même, qui une fois réunie avec ses semblables dans un même sac, fera grossir les rangs de l’armée.Certains s’engagent par vengeance, une vengeance née par le massacre de leur famille ou de leurs proches.

Cette même haine qui sera nourrie par un endoctrinement sans scrupule au sein de l’armée.

D’autres y sont contraints, sous peine de voir leurs parents torturés ou assassinés.

D’autres encore cherchent naïvement à gagner de. »