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Philosophie : Explication de texte Tant qu’on désire, on peut se passer d’être heureux

Publié le 26/06/2025

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« Philosophie : Explication de texte Tant qu’on désire, on peut se passer d’être heureux ; on s’attend à le devenir : si le bonheur ne vient point, l’espoir se prolonge, et le charme de l’illusion dure autant que la passion qui le cause.

Ainsi cet état se suffit à lui-même, et l’inquiétude qu’il donne est une sorte de jouissance qui supplée à la réalité, qui vaut mieux peut-être.

Malheur à qui n’a plus rien à désirer ! il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède.

On jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère et l’on n’est heureux qu’avant d’être heureux.

En effet, l’homme, avide et borné, fait pour tout vouloir et peu obtenir, a reçu du ciel une force consolante qui rapproche de lui tout ce qu’il désire, qui le soumet à son imagination, qui le lui rend présent et sensible, qui le lui livre en quelque sorte et, pour lui rendre cette imaginaire propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion.

Mais tout ce prestige (1) disparaît devant l’objet même ; rien n’embellit plus cet objet aux yeux du possesseur ; on ne se figure point ce qu’on voit ; l’imagination ne pare plus rien de ce qu’on possède, l’illusion cesse où commence la jouissance. ROUSSEAU, La nouvelle Héloïse, lettre VIII. Jean-Jacques Rousseau est un philosophe d’origine genevoise connu pour ses nombreuses œuvres qui apparaissent comme atypiques de par leurs idées révolutionnaires et apparaissant comme conformes à celles des Lumières, un groupe composé de nombreux auteurs et philosophes luttant contre l’obscurantisme.

Suite à son installation à Paris en 1742, il côtoie et découvre un nouveau monde littéraire, rencontrant de nombreux auteurs tels Diderot, Grimm ou encore d’Alembert.

Au cours de sa vie, il écrit de nombreux essais qui intègrent les concepts des Lumières et apparaissent en opposition aux codes traditionnels, comme Le discours sur le fondement des inégalités parmi les hommes, Le contrat social ou encore La nouvelle Héloïse, qui est un roman épistolaire publié en 1761 et apparaissant comme l’un de ses plus gros succès, où l’amour est sublimé et où le personnage principal est en quête du véritable bonheur.

Dans cet extrait, Jean-Jacques Rousseau parle du bonheur et de sa relation avec le désir permis par l’imagination.

La question à laquelle l’auteur répond ici est : Le désir à travers l’esprit, l’imagination de l’objet répondant parfaitement à nos espérances rend-il l’Homme heureux, ou bien la réalisation du désir, l’obtention de l’objet de la convoitise apparaît-elle comme la réelle source du bonheur ? Rousseau, dans La nouvelle Héloïse, avance la thèse que le désir, de par la promesse, l’espoir de la possession future de l’objet et les attentes créées par celui-ci, rend heureux.

Rousseau s’oppose donc à l’idée que le Désir est désagréable de par la présence d’un manque et qu’il provoque de la douleur accompagnée d’un fort sentiment de vide.

Selon Rousseau, l’assouvissement du désir ne représente pas réellement le bonheur, et ce, car il donne lieu à une prise de conscience.

Cette prise de conscience mène à une désillusion.

L’obtention dudit objet après une longue période d’attente apparait comme décevante : l’on perd son principal objectif, la cible de divers efforts, et l’on est en proie au malheur, à l’ennui, au repos. Il faut donc à nouveau désirer, et ce, pour être heureux.

L’imagination apparait donc comme étant complémentaire au désir, c’est imaginer posséder l’objet du désir, imaginer la félicité ressentie lors de la réalisation de celui-ci qui nous rend heureux.

Pour être heureux, il faut donc avoir de grands désirs, de hautes présomptions, se rapprocher de ceux-ci sans jamais les atteindre.

De la ligne 1 à la ligne 7, Rousseau explique que le désir apparait comme substituable au bonheur, que le sentiment de manque peut se substituer à la jouissance, voire la procurer ; de plus, l’attente ressentie, elle, permet d’être réellement heureux.

De la ligne 7 à 11, Rousseau analyse la nature de l’Homme qui apparait comme un réel paradoxe, ressentant un désir perpétuel qui apparait comme sans fin. L’homme multiplie donc les efforts pour se rapprocher de ce dit désir et use de son esprit, de ce qui le rend homme, pour pouvoir s’imaginer en possession de cet objet et ressentir un fort sentiment de jouissance. L’imagination apparait comme son plus grand atout pour atteindre le bonheur.

De la ligne 11 à la fin, Rousseau explique que tous les artifices apposés sur l’objet du désir permis par l’illusion disparaissent, que le voile d’espérance est levé et montre une réalité apparaissant comme décevante.

Il est impossible d’embellir et d’espérer lorsqu’on possède quelque chose, c’est pour cela que le bonheur n’est pas de réaliser tout désir, mais de s’imaginer le recevoir.

Lorsqu’on obtient ce dit objet, l’on ne peut plus se l’imaginer ; l’imagination apparaît donc comme essentielle au bonheur et apparaît comme l’un des fondements de celui-ci. Dans le premier mouvement de la ligne 1 à 7, Rousseau s’oppose à l’opinion générale, c’est-à-dire à la doxa, et s’oppose à l’idée que tous se font du bonheur.

D’une part, selon Rousseau, le bonheur apparait non pas comme nécessaire mais contingent ; une vie où l’on ressent du désir et où l’on poursuit l’illusion créée par celui-ci est une vie « où l’on peut se passer d’être heureux ».

Rousseau explique que le désir, ce sentiment de manque, peut se substituer au bonheur, et que ce bonheur, le télos de tout homme, ce qui empêche l’humanité de sombrer dans le chaos, peut être remplacé par le désir.

De plus, Rousseau avance qu’en désirant, on a l’espoir d’être heureux : « on s’attend à le devenir ».

L1, on s’imagine obtenir l’objet de nos désirs, le posséder et atteindre ce sentiment de bonheur.

Selon Rousseau, l’imagination, sous les traits d’une illusion, a une place importante dans l’acquisition du bonheur par l’homme, tant que l’on n’a pas atteint ce stade de perfection et de félicité durable.

L’attente de cet objet, s’imaginer le posséder, suffit amplement, et ce jusqu’à son obtention ; cette vision comble l’homme et suffit à le séduire : elle « dure autant que la passion qui le cause ».

L2-3.

Rousseau soutient aussi l’idée que le désir n’a pas besoin de s’accompagner de son assouvissement, il « se suffit à lui-même ».

L3 : l’objectif premier du désir, c’est de ressentir ce sentiment de manque, d’imaginer cet objet en notre possession, et que ce sentiment en lui-même « est une sorte de jouissance » ; L4 : ainsi, si l’on combine la réalité à l’imagination, l’on obtient la recette du bonheur et on le devient réellement.

De plus, il affirme au contraire que l’absence de désir cause non pas le bonheur, mais le « malheur » (l4), et ce, en adéquation avec Hobbes dans Le Léviathan : Le désir, qui représente certes notre imperfection, n’est pas négatif ; au contraire, la quête d’un désir à un autre représente le mouvement, la vie.

L’absence de ceux-ci représente l’arrêt, la mort.

Lorsque l’homme s’imagine en possession de l’objet désiré, il se fait une représentation fictive, voire quasi-parfaite, de l’objet idéal.

Moins on en a, plus on peut s’imaginer divers objets, tendre vers ceux-ci et ressentir plus de félicité ; au contraire, « on jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère » l6.

De plus, selon Rousseau, lorsque l’on désire un objet, que l’on se l’imagine, alors on est réellement heureux, et ce sans en avoir conscience.

Le bonheur, ici, est soit un sentiment passé, soit un sentiment futur lorsqu’on désire ce dit objet, et une fois qu’on le possède, on se rend compte qu’on l’était réellement. Dans le second mouvement de la ligne 7 à 11, Rousseau étudie la réelle nature de l’homme qui apparait comme un être paradoxal, « avide et borné » (l.

7) en quête de bonheur et qui ne s’arrêtera pas.... »

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