Databac

Peut-on parler de sociétés en avance et de sociétés en retard ?

Publié le 15/05/2020

Extrait du document

Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Peut-on parler de sociétés en avance et de sociétés en retard ? Ce document contient 1459 mots soit 3 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Philosophie.

« Prenons un voyageur occidental ordinaire.

Plongeons-le dans une région reculée de Chine ou d'Amérique latine.Qu'advient-il ? N'aura-t-il pas l'impression de faire un voyage non seulement dans l'espace mais aussi dans le temps?Comme l'écrit Claude Lévi-Strauss au début de Tristes Tropiques, ce voyageur a le sentiment, en franchissant desmilliers de kilomètres, de retrouver des sociétés appartenant à un siècle passé.

Alors peut s'affirmer en lui laconviction qu'il existe des peuples en avance sur d'autres, qui, eux, peinent à les rejoindre.Dans quelle mesure une hiérarchisation des sociétés est-elle légitime, c'est ce qu'il faut tout d'abord tâcher decomprendre.

On doit noter pourtant que l'idée d'une supériorité de certaines sociétés peut justifier des phénomènesde domination, comme la colonisation, par exemple, qui sont inacceptables d'un point de vue éthique ou politique.Toutefois, doit-on se placer uniquement sur le plan de la morale pour refuser la hiérarchie des sociétés ? Affirmer lasupériorité de telle ou telle société, n'est-ce pas surtout être victime d'une illusion ? En effet, est-il possible dedisposer de critères objectifs pour juger de la supériorité d'une société sur une autre? Il est de tradition d'appeler certaines communautés « sociétés archaïques » ou « sociétés primitives ».

Quedésignent de telles expressions et sur quels faits s'appuient-elles? Le retard qu'accusent ces sociétés par rapportaux sociétés avancées est de plusieurs types.

Tout d'abord, ces sociétés doivent leur relative absence dedéveloppement économique, technique ou spirituel à une certaine fermeture à la nouveauté.

Dans ces sociétés,chaque acte quotidien est régi par un rituel magico-religieux dont le respect est plus important que l'efficacité del'acte en lui-même.

Prenons l'exemple des Guayaki, une société indienne de la forêt amazonienne, étudiée parl'ethnologue Pierre Clastres, dans La Société contre l'État.

[activité économique principale de cette tribu nomade, lachasse, est entièrement sous la domination d'un tabou coutumier : le chasseur ne doit pas consommer la proie qu'ila capturée lui-même, sous peine de graves sanctions.

Le respect de cette interdiction est fondamental dansl'organisation de cette société.

Mais il contrevient à l'esprit de développement, car il n'incite pas le chasseur àaugmenter le nombre de ses proies.

La tradition est comme une prison qui retient cette société sur la route duprogrès. De surcroît, certaines de ces sociétés ne possèdent pas l'écriture.

Et l'ontient ici l'une des causes de leur retard, selon Hegel dans La Raison dansl'histoire.

D'abord, l'absence d'écriture les prive d'histoire : elles ne peuventconstituer un vaste héritage à léguer aux générations qui les suivent.

Seulesles inventions les plus simples, les tours de main ou les préceptes orauxpeuvent être transmis.

Ces sociétés n'apportent pas de contribution majeureà l'histoire commune de l'humanité.

Comme l'écrit Hegel elles restent à lamarge de l'histoire de l'humanité, « elles n'y laissent que des pages blanches». L'histoire du monden'est pas le lieu de lafélicité.

Les périodesde bonheur y sont despages blanches (LaRaison dans l'histoire) Ce que montre l'histoireapparente est un spectaclede violence et de fureur oùle bonheur des peuples estla plupart du temps sacrifié.Les peuples heureux n'ontdonc pas d'histoire. Plus largement, lorsque l'on songe à tous les pays qu'il est convenu d'appeler « sous-développés », le signe duretard pour ces sociétés est leur dépendance à l'égard des pays avancés : elles ont besoin des découvertes quis'effectuent dans ces sociétés pour espérer combler leur retard.

À l'inverse, les sociétés développées secaractérisent par une constante recherche de nouveauté.

Elles sont créatrices, alors que les sociétés en retardsont seulement reproductrices ou imitatives.

Et l'Europe occidentale apparaît à nombre de penseurs, à l'instar deHegel, comme un modèle pour les autres sociétés humaines.

On voit donc que le présupposé majeur d'une telleposition est qu'il y aurait une supériorité de certaines sociétés et de certains hommes sur d'autres. En somme, on aboutit à affirmer avec Aristote, dans la Politique, qu'il existe des hommes naturellement supérieurs àd'autres.

Les sociétés en retard seraient constituées de nouveaux barbares, c'est-à-dire d'hommes moinsqu'hommes.

On aperçoit aisément le caractère moralement contestable d'une telle thèse.

Rendons justice à Aristote,il indique lui-même qu'une infériorité sociale ou économique n'est pas nécessairement le symptôme d'une inférioriténaturelle mais peut être le fruit du hasard. Toutefois, on peut contester l'idée même d'une hiérarchie des hommes et des sociétés qu'ils constituent.

Suivonspar exemple le livre I de Du Contrat social de Rousseau dans son analyse de l'esclavage et de l'oppression politique.La domination de certaines sociétés, qu'elle soit violente, lorsqu'il s'agit de colonisation et d'asservissementgénéralisé, ou qu'elle soit apparemment plus douce, lorsqu'il s'agit d'une sorte de « leadership », est contraire àl'essence même de l'homme.

Ce dernier est en effet libre par nature.

Et la domination de certains hommes ou decertaines sociétés ne paraît évidente et naturelle que parce qu'elle s'appuie sur une longue histoire et sur la force. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles