Pépi II
Publié le 16/05/2020
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Pépi II2360-2266
Lorsque Pépi II succéda à son frère Mérenrê, il était âgé de six ans.
L'Égypte, à ce moment, était en pleinedécomposition féodale.
Depuis la Ve dynastie (2563-2423) l'oligarchie qu'avait créée la politique absolutiste des rois,avait rendu les fonctions religieuses et civiles héréditaires.
Les gouverneurs des nomes se transformaient ainsi, enfait, en princes, qualité que Teti (monté sur le trône en 2423), le premier roi de la VIe dynastie, leur avait reconnueen droit.
Depuis lors, ces princes exerçaient les pouvoirs royaux dans leurs nomes, ne relevant plus du roi que par leserment de fidélité qu'ils lui prêtaient.
Affaiblie, la dynastie perdait son caractère divin.
Le roi Pépi Ier avait cherché à renforcer son pouvoir en épousant les deux filles de son principal vassal, Khouï, princed'Abydos.
L'une des deux reines fut la mère de Mérenrê qui régna quatre ans, l'autre fut la mère de Pépi II.
Malgré le rapide effondrement du pouvoir royal, la cour disposait encore de ressources lui permettant de lever unearmée de mercenaires en Nubie.
Afin de conserver la Nubie, d'où il tirait aussi de l'or, Mérenrê avait donné au chef de ses mercenaires nubiens, Iri, lagarde de la frontière d'Eléphantine.
Mais le fils de celui-ci, Hirhkouf, devint, comme les gouverneurs des anciensnomes égyptiens, prince féodal ; la Nubie, à son tour, échappait dès lors, à l'autorité du roi.
Pendant la deuxième année du règne de Pépi II, Hirhkouf conduisit une expédition en Nubie d'où il ramena, pour leroi, un danseur noir, vraisemblablement un pygmée.
L'annonce de son arrivée à la cour, ravit le petit Pépi II quiécrivit une longue lettre à Hirhkouf — c'est le seul souvenir personnel que nous ayons conservé du roi — luienjoignant de bien veiller sur ce nain afin qu'il ne se noie pas en tombant du bateau, et lui promettant de grandesrécompenses s'il le lui amenait sain et sauf.
Tout au long du règne de Pépi II, son pouvoir se désagrégea.
Les princes féodaux qui étaient chargés d'envoyer auroi les revenus de ses domaines, situés dans leurs nomes, les gardaient pour eux.
De plus en plus privé de ressources, le roi ne pouvait plus rémunérer son administration.
L'ancien "Conseil des DixGrands du Sud", qui constituait une sorte de conseil des ministres, se trouva réduit à ne plus être composé que defonctionnaires subalternes.
Des conseillers privés du roi, il ne subsista qu'un seul "chef des secrets du roi", et encorecette charge fut-elle accaparée par un prince féodal.
Les immunités exigées par les temples, en leur livrant lesdroits régaliens, empêchaient le roi d'installer des mercenaires sur les domaines des fondations royales placées sousleur dépendance.
Le roi perdit le droit de rendre la justice dans les principautés où les princes féodaux jugeaient ense donnant comme les représentants de leurs dieux locaux.
Il ne restait au roi, comme son apanage personnel, que les nomes de Memphis et d'Héracléopolis.
Il touchait encoredes impôts en Basse Égypte.
Mais les princes du Sud se firent accorder le gouvernement héréditaire des nomes duNord, ce qui introduisit la féodalité dans le Delta.
Dans tout le pays, sur les grands domaines seigneuriaux, la terre se fit inaliénable, la population tomba en servage,et, au droit individualiste des IIIe et IVe dynasties, se substitua un droit de solidarité familiale qui fit tomber lesfemmes en tutelle et rétablit le droit d'aînesse ainsi que le privilège de masculinité.
Le manque de troupes royales aux frontières permit aux asiatiques d'envahir le pays.
Les grandes villes maritimes duDelta, où la population de marchands et d'artisans continuait à vivre sur les principes du droit individualiste, virentse tarir le trafic maritime international qui faisait leur prospérité, parce que le droit seigneurial et le système del'économie fermée qui en résultait, étouffaient les villes en rendant impossible l'exportation du blé et des produitsagricoles.
Le roi cependant, cherchait à réagir : il nomma un gouverneur du Sud pour surveiller les princes.
Mais ceux-ciexigèrent de remplir eux-mêmes dans leurs nomes les pouvoirs du gouverneur du Sud dont ils portèrent tous le titre.Alors, vers la fin de son règne, dans un suprême effort pour échapper à la gangue que lui imposait les féodaux, le roipublia un décret enjoignant au fisc de ne respecter aucun privilège d'immunité.
Une pareille mesure, qui devaitsoulever contre lui les temples et les princes locaux, eût supposé que le roi disposât de forces militaires qu'il n'avaitplus.
Les temples protestèrent et, incapable de leur résister, le roi prit un décret annulant celui qu'il venait depromulguer.
La situation dès lors était désespérée, d'autant plus qu'à la crise du pouvoir allait s'ajouter une grave criseéconomique qui, en ruinant les villes, allait les acculer à la révolte.
Le souvenir nous en est conservé par un texted'une grande valeur littéraire et historique (connu sous le nom des "Admonitions d'un vieux sage") dont j'extrais cesquelques passages :
"On ne navigue plus vers Byblos.
foutes les matières nécessaires eux métiers manquent, les Asiatiques travaillentdans les ateliers du Delta ; aucun ouvrier égyptien ne travaille plus, les ennemis du pays ont dépouillé les ateliers."
Le roi mourut, semble-t-il, au plus fort du désastre (2266).
Alors le prolétariat urbain, acculé à la misère la plus.
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