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PASCAL ou L'ordre impossible à l'homme par Bernard Sève

Publié le 16/06/2020

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« « Pyrrhonien, géomètre et chrétien soumis » Biaise Pascal vécut une existence brève ; l'œuvre qu'il laissa frappe par sa diversité et son inachèvement. Né en 1623, il écrit dès 1639 un essai sur les sections coniques ; invente en 1642 la première machine arithmétique ; s'occupe de physique de 1646 à 1654 ; crée pendant ce temps le calcul des probabilités et le Triangle arithmétique (aux propriétés remarquables) ; il se « convertit » en 1654 : non qu'il ne fût déjà chrétien, mais l'expérience mystique du 23 novembre 1654 (dont le Mémorial nous conserve le souvenir) incite Pascal à se détourner du monde et des sciences profanes pour se consacrer à Dieu et à la défense de cette forme exigeante du christianisme qu'est le jansénisme. Il mène la brillante polémique des Provinciales contre les Jésuites (1656-1657) ; puis revient aux mathématiques en résolvant le problème de la cycloïde (ou roulette) qu'il avait jeté comme un défi au monde savant, et où Leibniz devait trouver la première idée du calcul intégral. De cette période datent ses réflexions sur l'esprit géométrique (1658). Ses dernières années sont consacrées à la préparation d'une Apologie de la religion chrétienne, que la mort l'empêche d'achever. Les notes et brouillons destinés à cet ouvrage constituent les Pensées. « Il faut avoir ces trois qualités, pyrrhonien, géomètre, chrétien soumis » avait écrit Pascal, comme s'il parlait de lui (Pensées et Opuscules, éd. Brunschvicg, Hachette, n° 268 ; « pyrrhonien » veut dire « sceptique », au sens fort). Marquée par ces trois qualités, contrastée, l'œuvre de Pascal reste en suspens : à l'exception des traités scientifiques, et dans une certaine mesure des Provinciales, aucun de ses textes n'est achevé ; ses découvertes scientifiques elles-mêmes, il ne les parfait pas ; il n'en systématise pas les procédés pour les transformer en méthode (d'autres, partant de ses découvertes, le feront après lui). Bref, l'ensemble ne ressemble guère, de prime abord, à ce qu'on appelle « œuvre » pour un philosophe. - L'ordre ne peut être gardé Disparate et incomplète, cette œuvre trouve pourtant son unité : elle est, y compris les ouvrages mathématiques et physiques, une interrogation sur l'idée d'ordre. L'idée centrale est nette : « les hommes sont dans une impuissance naturelle et immuable de traiter quelque science que ce soit dans un ordre absolument accompli » (De l'esprit géométrique, éd. Brunschvicg, p. 167). L'ordre absolument accompli consisterait à définir tous les termes dont on se sert dans une démonstration, et à démontrer toutes les propositions : tout définir, tout prouver. Mais « il est évident que les premiers termes qu'on voudrait définir en supposeraient de précédents pour servir à leur explication, et que de même les premières propositions qu'on voudrait prouver en supposeraient d'autres qui les précédassent ; et ainsi il est clair qu'on n'arriverait jamais aux premières» (ibid.). Il faut donc admettre des axiomes et des termes non définis : c'est l'ordre géométrique (ce que nous appelons aujourd'hui une axiomatique), qui est « le plus parfait entre les hommes », mais qui est en soi inférieur à l'ordre idéal. « Ce qui passe la géométrie nous surpasse » (p. 165). L'homme a ainsi l'idée d'un ordre sur-géométrique auquel il ne peut atteindre. Quant aux raisonnements qui ne peuvent se mettre sous forme géométrique, ils sont condamnés à un ordre plus imparfait encore : « Je sais un peu ce que c'est » dit Pascal en parlant de l'ordre géométrique, « et combien peu de gens l'entendent. Nulle science humaine ne le peut garder (...) La mathématique le garde, mais elle est inutile en sa profondeur » (Pensées, B. 61). L'impossibilité de suivre l'ordre s'aggrave : car cette impossibilité est directement proportionnelle à l'importance du domaine considéré. La morale ou la politique ont évidemment plus d'importance pour la vie humaine que la géométrie, et justement elles sont moins susceptibles que cette dernière d'être ordonnées. Le renversement du pour au contre L'analyse que nous venons de résumer s'applique aussi au domaine politique, à sa manière. La société juste serait celle où la force serait mise au service de la justice. « Sans doute, l'égalité des biens est juste ; mais, ne pouvant faire qu'il soit force d'obéir à la justice, on a fait qu'il soit juste d'obéir à la force ; ne pouvant fortifier la justice, on a justifié la force, afin que le juste et le fort fussent ensemble, et que la paix fût, qui est le souverain bien » (B. 299). Au regard de la société idéale (et utopique), l'ordre social est injuste, et se révèle être plutôt un désordre, puisqu'il justifie la force. Toutefois il garantit la paix : car la force n'est pas absolument mauvaise, la violence déchaînée de la guerre civile est pire. Nous pouvons préciser encore l'analogie entre l'ordre limité de la géométrie et l'ordre limité de la société. « Deux lois suffisent pour régler toute la République chrétienne, mieux que toutes lés lois politiques » (B. 484) ; Pascal pense aux deux commandements : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu » et: «Tu aimeras ton prochain comme toi-même ») ; mais les hommes ne sont pas des saints, et la « République chrétienne » n'est pas de ce monde ; il faut donc se contenter d'un ordre inférieur, fondé non sur l'amour de Dieu, mais sur la concupiscence (l'amour des créatures) : « Tous les hommes se haïssent naturellement l'un l'autre. On s'est servi comme on a pu de la concupiscence pour la faire servir au bien public ; mais ce n'est que .. .»

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