Ouzbékistan (1992-1993)
Publié le 20/09/2020
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Dix mois après son indépendance, l'Ouzbékistan a connu, en juin 1992, un
tournant décisif, lorsque la pression exercée par la guerre civile au
Tadjikistan voisin (communistes contre une coalition d'opposition accueillant
des islamistes) a conduit le président Islam Karimov à durcir ses positions.
Ainsi, son engagement dans une campagne active contre l'opposition, comme son
implication grandissante dans les conflits se déroulant au-delà de ses
frontières orientales (Tadjikistan, Afghanistan) ont témoigné de sa crainte de
la "contagion tadjike".
Tachkent s'est efforcé aussi de consolider ses relations
avec la Russie.
Ses choix politiques ont ainsi entièrement reposé sur son appréciation des
risques de déstabilisation en Asie centrale: fondamentalisme du Parti de la
renaissance islamique (PRI) très implanté dans la vallée du Fergana, guerre
civile au Tadjikistan durant l'hiver 1992, déséquilibres socio-économiques liés
à l'afflux de réfugiés ouzbeks du Tadjikistan, existence de revendications
nationalistes et territoriales de la minorité tadjike d'Ouzbékistan (1 million
de personnes en 1989, surtout à Samarcande et Boukhara).
Considérant tous ces
éléments, I.
Karimov s'est employé à faire démonstration de sa fermeté.
Malgré
l'adoption d'une nouvelle constitution dite pluraliste (le 8 décembre 1992), le
Forum du peuple tadjik d'Ouzbékistan ayant été interdit en août 1992, le parti
d'opposition Birlik s'est vu suspendu pour trois mois à l'occasion d'un procès
le 18 janvier 1993, après que plusieurs de ses militants avaient été malmenés ou
arrêtés.
Ce parti et l'Erk avaient lancé une campagne contre la répression
politique à partir de l'été 1992.
L'Ouzbékistan a continué dans sa voie propre
vers l'économie de marché, sans remettre en cause la privatisation de la terre
et le chef de l'État a gardé la haute main sur les médias.
Il a annoncé au
printemps 1993 son choix, jugé par lui-même incontournable, de conserver une
planification centralisée afin de pouvoir répondre aux impératifs de
l'exportation et de maintenir la république dans la zone rouble, tant que la
Russie en ferait autant.
Ainsi, tout en admirant le modèle chinois (la Chine
étant le premier partenaire du pays hors communauté d'États indépendants-CEI),
et tout en affirmant s'inspirer du modèle laïc turc, le président ouzbek a
surtout misé sur la Russie.
Outre le fait qu'il a soutenu Boris Eltsine en
difficulté, lors du sommet de la CEI de Minsk, le 16 avril 1993, il avait
insisté dès l'automne 1992 sur la nécessité croissante de se rapprocher de la
Russie afin que l'Asie centrale toute entière puisse bénéficier de sa protection
en retour.
C'est à cet effet qu'il avait été à l'initiative du traité de
sécurité collective du 15 mai 1992, signé par les républiques d'Asie centrale
(sauf le Turkménistan), la Russie et l'Arménie, comme à celle de la création, en
juillet 1992, d'une force d'interposition de la CEI pour le règlement des
conflits locaux.
Dans ce cadre, son intervention dans les événements tragiques se déroulant au
Tadjikistan s'était faite de plus en plus évidente: après avoir fermé ses
frontières aériennes et terrestres avec la "dangereuse" république, dès le
printemps 1992, puis avoir refoulé les réfugiés ouzbeks fuyant la guerre civile,
le président Karimov a fait voter le 9 décembre 1992, par le Parlement (dont 320
députés sur 500 appartenaient à son Parti de la démocratie populaire -
ex-communiste), l'envoi d'un bataillon de soldats à Douchanbé, pour aider les
forces pro-communistes à reprendre le pouvoir (le 14 décembre) et annihiler les.
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