Ouganda (1994-1995)
Publié le 20/09/2020
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«
En mars 1994, une Assemblée constituante a été élue au suffrage universel pour
mettre sur pied un texte chargé de remplacer la Constitution républicaine de
1967, théoriquement toujours en vigueur.
Cette élection a vu la réapparition de
la séparation politique opposant l'Ouganda du Sud et de l'Ouest - acquis au
nouveau régime du Mouvement de résistance nationale (MRN) - au Nord et à l'Est
du pays, selon le clivage Ouganda bantou-Ouganda nilotique et soudanique.
Idéologiquement, ce clivage oppose les tenants du multipartisme au Nord et les
partisans du régime du "broad base government" (gouvernement d'unité nationale)
mis en place par le MRN depuis 1986.
La rédaction de la Constitution a ranimé la lancinante querelle sur la nature de
l'État: unitaire ou fédéral? Les plus fervents partisans du fédéralisme, les
ultra-conservateurs baganda, confortés par le couronnement en juillet 1993 du
roi Mutebi II et la création d'un groupe parlementaire baganda, ont fait glisser
le débat du terrain politique au terrain militaire, puisque, au cours de l'année
1994, un certain nombre d'incidents ont suscité une remontée de la violence et
de l'insécurité dans la partie la plus riche et la plus stable du pays, le
Buganda, pourtant acquise au régime.
Cette reprise de l'insécurité au centre ne laissait pas d'être inquiétante au
moment même où la région nord se trouvait à nouveau soumise aux activités
meurtrières de guérillas - la Lord Resistance Army (Armée de la résistance du
seigneur) de Joseph Kony ou le groupe de Peter Otai -, armées et soutenues par
le gouvernement soudanais, ce dernier cherchant ainsi à répondre au soutien de
Kampala au Sudan Peoples Liberation Army (Armée de libération populaire du
Soudan).
Les relations diplomatiques entre Khartoum et Kampala ont ainsi été
interrompues en avril 1995.
La reprise exactement contemporaine des relations avec Israël après vingt-trois
ans de divorce soulignait bien le rôle joué par l'Ouganda dans la géostratégie
des relations entre le monde occidental et le monde islamique et arabe et le
traitement de faveur dont il fait l'objet de la part du premier.
L'économie a
ainsi continué à bénéficier d'un afflux d'aides occidentales et multilatérales.
La stabilité politique, les succès économiques (taux de croissance de 7% en
1994), la bonne volonté gouvernementale à appliquer les politiques d'ajustement
structurel de l'économie (avec notamment la démobilisation de la moitié de
l'armée) ont poussé les donateurs à la générosité (820 millions de dollars pour
1995).
Cette confiance a été renouvelée malgré le rôle ambigu que certains observateurs
n'ont pas manqué de voir jouer par l'Ouganda dans le conflit rwandais.
En effet,
de 1990 à 1994, le territoire ougandais a servi de sanctuaire (base retranchée
protégée par la frontière) au FPR (Front patriotique rwandais) et bénéficiant en
cela de la bienveillante neutralité de Kampala.
L'attitude ougandaise dans le
conflit rwandais a momentanément affaibli la position internationale du
président Yoweri Museveni.
L'avertissement lancé le 15 mai 1995 par les États-Unis à Y.
Museveni sur la
question du multipartisme a d'autant plus inquiété le pouvoir qu'il semblait.
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