Otto Lilienthal

« Otto Lilienthal Otto Lilienthal restera la grande figure romantique de l'aviation et laissera perpétuellement le souvenir d'avoir été le premier hommevolant. C'est à lui qu'on doit l'aviation moderne : sans lui, l'aviation ne serait pas devenue ce qu'elle est, ou tout au moins de longues périodesd'essais difficiles, coûteux et dangereux se seraient écoulées avant d'arriver au résultat naturel et admirable qu'ont obtenu ses disciples,les frères Wright. Otto Lilienthal est né à Anklam, en Poméranie, le 24 mai 1848.

Très jeune, comme bien d'autres précurseurs, il a été pris d'un goûtdéfinitif pour l'étude du vol humain.

Avec son frère cadet Gustave, dès 1861, à treize ans, il essayait des ailes en vraie grandeur.Poursuivant ses recherches, en 1867, il réalisait un appareil à huit ailes battantes, à clapets, balancées par la pieds, et suspendu à unecorde avec un contrepoids, il en obtenait des soulèvements partiels.

Il lançait également de grands modèles de planeurs. Après la guerre de 1870, Lilienthal s'adonne à la construction mécanique.

Après dix ans de stage chez les grands industriels de Berlin, ils'établit à son compte pour exploiter, avec succès, ses inventions : sirène de bateau et chaudières légères à vapeur.

De très modeste, sasituation devint aisée et il put reprendre ses recherches aéronautiques. Il poursuivit simultanément une étude complète du vol des oiseaux, des cigognes en particulier, et des phénomènes de la résistance del'air, en rapport avec le planement.

Il prit soin de calculer le degré de résistance qu'une aile d'oiseau rencontre dans sa translation en l'air,et calcula la force qu'elle reçoit du vent pour la sustentation.

Il établit aussi le fait si important que les ailes courbes, qui sont la règle detoute la nature, sont beaucoup plus efficaces que les surfaces planes, et démontra le premier la notion fondamentale qu'une aile ainsiconçue, même sans angle d'incidence, peut progresser dans l'air en vol horizontal contre le vent.

Il comprit aussi toute l'importance descourants ascendants dans le vol à voile.

Une partie des résultats apparaît dans son fameux ouvrage de 1889, Le vol des oiseaux, base del'art de voler.

D'autres résultats de ses expériences sur les surfaces courbes ont été publiées dans les revues scientifiques allemandes. Lilienthal avait compris que la Nature doit être étudiée et interprétée dans ses données physiques, et non reproduite servilement.

Il alaissé des pages magnifiques de poésie et d'enthousiasme sur le vol des cigognes, qu'il étudia avec la même passion et le même soinque Mouillard, mais en y joignant le jugement et l'intuition scientifique de Penaud. Mais ce qui dominera son Oeuvre, c'est d'avoir compris que ni l'observation, ni le calcul, ni la théorie ne pouvaient conduire à un résultatsans l'expérimentation directe et personnelle. Loin de vouloir résoudre d'un coup le problème du vol mécanique, Lilienthal décida d'abord de vérifier ses conclusions théoriques enpratiquant le vol plané, éventuellement le vol à voile, procédé direct, économique, permettant des modifications aux appareils et à leuremploi.

Ainsi pourrait-il apprendre à voler, perfectionner ses machines et, plus tard, les munir du moteur et du propulseur.

Ainsi surtout, ilpourrait sentir personnellement les phénomènes du vol et l'action du vent. C'est en 1891, que Lilienthal commença l'expérimentation en grand, avec un appareil à deux ailes, muni d'une queue verticale fixe àl'arrière.

Tout d'abord, il sauta d'un échafaudage, puis se lança sur une pente à Rhinow. L'année suivante, un nouvel appareil, de plus grande envergure, avec une queue horizontale, stabilisatrice, était essayé. Lilienthal avait tout de suite adopté le principe de se suspendre par le dessous des bras à l'appareil, le corps libre pouvant assurer ledépart en courant, puis le contrôle de la machine latéralement et longitudinalement par ses inclinaisons pendant le vol. Convaincu par ses premiers essais de l'importance du vol en partant face au vent, Lilienthal fit aménager à Steglitz, près de Berlin, unecolline conique d'une quinzaine de mètres de haut, terminée au sommet par son hangar d'où il s'élançait contre le vent.

Dès 1893, il avaitétabli le type de planeur auquel son nom restera attaché : voilure profonde en étoffe légère sur une armature en rotin, repliable enquelques instants, queue à surface verticale et horizontale.

L'envergure était de sept mètres, la surface portante de quatorze mètrescarrés et le poids de l'appareil d'environ vingt kilos. Possédant immédiatement la maîtrise de son planeur, Lilienthal réussit toutes ses expériences, allongeant ses planements jusqu'àfranchir couramment deux cents à trois cents mètres, parvenant à monter au-dessus de son point de départ, et réalisant la démonstrationcapitale de la progression en vol horizontal.

C'est alors que, pour la première fois, un homme a été photographié en plein vol.

La diffusionmondiale de ces nombreuses photographies a eu une influence définitive sur les recherches d'aviation : elle a montré aux diverschercheurs que leurs travaux n'étaient pas vains. Poursuivant sans interruption ses essais, Lilienthal accomplit heureusement plus de 2 500 vols, montrant toutes les qualités duconstructeur, de l'athlète, du savant et de l'homme de cOeur, au courage indomptable.

Parfaitement désintéressé, il communiquait à tousles résultats acquis et, à l'occasion, cédait à bas prix ses machines aux amateurs, espérant créer dès cette époque un "sport" du vol àvoile. En 1895, il modifia la surface et la queue de son appareil, reportée plus en arrière, puis, afin d'accroître la surface sans augmenterdangereusement l'envergure, il ajouta un plan supérieur, fixé à deux mâts.

Il fit aménager une nouvelle colline de vol à GrossLichterfelde, à proximité de son domicile. En 1896, possédant à fond la technique du vol, il construisit un appareil monoplan dont les ailes portaient des rémiges battantes sousl'action d'un petit moteur à acide carbonique : c'était une première tentative d'aviation mécanique. Dans l'été de 1896, Otto Lilienthal emporta un planeur biplan à Rhatenow, près de Rhinow.

Le 9 août, au cours d'un vol, le plan supérieur,insuffisamment fixé, se détacha, la machine entière se retourna en l'air pour se précipiter au sol.

Le grand précurseur fut relevé la colonnevertébrale brisée : il mourut doucement le lendemain. Au courage de l'expérimentateur le plus remarquable de toute l'histoire de l'aviation, à l'homme de science, il ajoutait le don de sa vie.. »