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On oppose souvent le roman autobiographique où l'écrivain, se campant lui-même sous les traits d'un de ses héros, fait revivre dans d'autres personnages ses proches et ses familiers et le roman où l'auteur, prenant sa revanche sur la vie, prête à l'un de ses héros des qualités et une forme d'existence dont il n'a pas bénéficié lui-même. Connaissez-vous une oeuvre romanesque où s'associent heureusement ces deux types de roman ?

Publié le 09/12/2021

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : On oppose souvent le roman autobiographique où l'écrivain, se campant lui-même sous les traits d'un de ses héros, fait revivre dans d'autres personnages ses proches et ses familiers et le roman où l'auteur, prenant sa revanche sur la vie, prête à l'un de ses héros des qualités et une forme d'existence dont il n'a pas bénéficié lui-même. Connaissez-vous une oeuvre romanesque où s'associent heureusement ces deux types de roman ?. Ce document contient 0 mots. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système d’échange gratuit de ressources numériques ou achetez-le pour la modique somme d’un euro symbolique. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en : Littérature
On oppose souvent le roman autobiographique ou l'ecrivain se campant lui-meme sous les traits d'un de ses heros fait revivre dans d'autres personnages ses proches et ses familiers et le roman ou l'auteur prenant sa revanche sur la vie prete a l'un de ses heros des qualites et une forme d'existence dont il n'a pas beneficie lui-meme. Connaissez-vous une oeuvre romanesque ou s'associent heureusement ces deux types de roman ?

« INTRODUCTION La personnalité d'un romancier est toujours présente dans son oeuvre.

Dans une certaine mesure il ne peut s'empêcher de faire appel à ses souvenirs vécuset sous les personnages qu'il met en scène on retrouve assez aisément l'image fidèle de gens qui, de près ou de loin, ont été mêlés à son existence.

Il arriveaussi que dans l'un de ses acteurs principaux, il mette beaucoup de lui-même ; ainsi Stendhal dans Le Rouge et le Noir a transposé certains de ses familierset pour une large part il a créé Julien Sorel à son image.

Mais le pouvoir créateur du romancier va plus loin.

Son oeuvre est aussi l'occasion d'une revanche :il s'y peint tel qu'il aurait voulu être, il incarne dans un de ses héros tel aspect de son caractère qu'il regrette de n'avoir pu laisser s'épanouir librement etvictorieusement dans le champ de la réalité.

En ce sens, par l'intermédiaire de Julien Sorel, Stendhal se plaît à prendre dans le domaine de la fiction unerevanche sur la vie. I.

LA TRANSPOSITION Sous les personnages épisodiques de son roman, Stendhal a peint certains de ses parents et de ses familiers.

Dans la Vie de Henri Brulard, il a lui-mêmereconnu avoir représenté sous le nom de Valenod, le directeur du dépôt de mendicité, son compatriote Michel Faure.

Son ami Di Fiori se retrouve dans lecomte Altamira que Julien Sorel et M athilde estiment et admirent.

De même le marquis de La Mole est en partie inspiré de Pierre Daru, cousin de l'écrivainqui occupa le poste de secrétaire général au Ministère de la Guerre et facilita son entrée dans la carrière militaire.

Il arrive parfois qu'un seul individu servede modèle à plusieurs de ses héros : chez son père Chérubin Beyle qu'il n'aimait guère, il a puisé certains traits de figures peu sympathiques, le père deJulien Sorel et Monsieur de Rénal.

Pour des personnages plus importants, en revanche, il s'inspire à la fois de plusieurs originaux.

Pour camper Mathilde deLa Mole dans sa riche complexité il rassemble des éléments empruntés à deux de ses maîtresses.

L'une, A lberte de Rubempré, une cousine du peintreDelacroix qui menait une vie libre, en marge des convenances sociales, a légué à la jeune héroïne son anti-conformisme.

Elle aurait pu prendre pour deviseune phrase que Stendhal fait prononcer à Mathilde : « Tout doit être singulier dans le destin d'une fille comme moi.

» L'autre est Giulia Rinieri, une jeune fillede vingt ans qui offrit délibérément son amour à Stendhal et s'employa victorieusement à vaincre ses hésitations et sa résistance : par sa fougue, sonopiniâtreté étonnante chez un être si jeune, elle s'apparente aussi étroitement à Mademoiselle de La Mole.

Enfin l'écrivain a lui-même avoué dans une lettreà l'un de ses amis, Mareste, que lorsqu'il rédigeait la seconde partie de son roman, il avait constamment « devant les yeux » M ary de Neuville, une jeunearistocrate qui s'était fait enlever par un jeune homme de famille bourgeoise, Édouard Grasset.

En elle il avait reconnu un être de la trempe de son héroïne etil déclarait à son propos qu'« elle eût agi comme Mathilde ».

Ainsi le pouvoir créateur du romancier a librement disposé des éléments que l'observation luioffrait.

Mais quelle que soit la manière dont il a copié, dispersé, rassemblé ces éléments, ce qui est manifeste c'est la constance avec laquelle il a utilisé lesdonnées de l'expérience vécue. II.

JULIEN, IMAGE DE STENDHAL Mais les éléments empruntés au réel s'accusent encore mieux dans le portrait que Stendhal trace de Julien Sorel.

Déjà, dès les premières pages du roman,on s'avise qu'il le fait vivre dans le cadre familial, au sein de la même atmosphère de contrainte sévère, de méfiance et d'hostilité qu'il a connue lui-mêmeauprès de son père et de sa tante.

Il lui fait partager ses admirations littéraires : les livres de chevet de Julien sont ceux pour lesquels Stendhal professeune dilection particulière, le Mémorial de Saint-Hélène, les Confessions et la Nouvelle Héloïse que, de son propre aveu, il savait par coeur à vingt ans.

Etcomme on pouvait s'y attendre à partir d'un tel choix de lectures, l'un et l'autre ont un culte pour Napoléon.

En commun ils ont aussi des antipathiesprofondes.

Stendhal détestait l'abbé Raillane que son père lui avait donné comme précepteur et il éprouvait à son égard une répulsion presque physique.

Aquelques exceptions près il avait étendu cette haine à l'ensemble du clergé.

C omme lui Julien est violemment anticlérical : il ne peut souffrir l'abbé Maslonet il étouffe au séminaire.D'ailleurs l'un et l'autre abhorrent la dictature exercée en France par la congrégation car ils ont aussi les mêmes idées politiques.

Tous deux constatent lalente ascension du peuple et la décadence de l'aristocratie.

Tous deux professent à l'égard de la société bourgeoise une haine féroce que le romancierassouvira en même temps que son héros dans le réquisitoire qu'il lui prête devant le jury de Besançon.

T outes ces parentés révèlent plus en profondeur dessimilitudes de tempérament et de caractère.

Stendhal a, sur ce point encore, fait un aveu significatif : « La nature, dit-il, m'a donné les nerfs délicats et lapeau sensible d'une femme ».

On connaît aussi la sensibilité de Julien que les moindres détails bouleversent et qu'une simple déconvenue amplifiée parl'imagination risque de conduire aux décisions extrêmes.

L'un et l'autre sont orgueilleux et timides.

Ils ont délibérément choisi de cacher leurs vraissentiments sous le masque de l'hypocrisie.

Enfin un détail paraît d'autant plus significatif qu'il revêt en soi moins d'importance : Stendhal, sous la dictée deson cousin Daru, avait écrit cella au lieu de cela.

Julien, au service du marquis de La Mole, commettra la même bévue. III.

JULIEN, REVANCHE DE STENDHAL Pourtant le romancier n'a pas créé entièrement le personnage à son image.

Par certains traits Julien est différent de Stendhal.

Mais dans la mesure où ils'éloigne de lui, il se rapproche de son image idéale.

Il ressemble comme un frère à celui que Stendhal aurait rêvé d'être et qu'il n'a pas été.

Stendhal étaitlaid.

Il ne se faisait sur ce point aucune illusion et son oncle Romain Gagnon lui avait lui-même, sans méchanceté mais sans ambages, déclaré qu'il n'étaitpas beau.

Les portraits que nous possédons de l'écrivain, à vingt ans, ne peuvent que nous faire souscrire à ce jugement.

Or non seulement il octroieralibéralement à Julien cette beauté qui lui manque mais il lui prête une distinction et une finesse de traits qui contraste avec son propre visage assez épais.Julien a de grands yeux noirs, les traits irréguliers mais délicats, une taille svelte et bien prise ; Mathilde remarquera un jour avec complaisance qu'il agrandi et que sa silhouette est devenue plus mince encore.

Cette distinction naturelle permet à Julien de paraître à son avantage auprès des jeunesaristocrates parisiens.

Or le romancier n'avait pas la distinction en partage.

Tout se passe donc comme s'il trouvait dans les grâces dont il a paré cepersonnage qui l'incarne quelque compensation à ses propres disgrâces.Pour Stendhal, l'amour a toujours été comme il l'a déclaré « la plus grande des affaires et la seule ».

Mais il connut d'amères désillusions.

On n'ignore pasen particulier les assiduités dont il poursuivit longuement et vainement M athilde Denbowska.

Julien est aussi un passionné mais déjà dans son adolescence« sa jolie figure commençait à lui donner quelques voix amies parmi les jeunes filles » et l'on sait assez qu'il ne rencontra pas de cruelles.

A lire les pagesoù l'écrivain évoque les amours de son personnage et de Madame de Rênal, à voir la complaisance avec laquelle il évoque les gestes de tendresse que cettefemme prodigue à son jeune amant, on conçoit aisément que le romancier a pris sur le plan de l'imaginaire la place de son héros et qu'il s'attarde à goûterpar procuration une certaine qualité d'intimité douce et confiante à laquelle il aspira toujours.Mais surtout, mieux que n'avait su le faire son créateur dans sa propre vie, le jeune Sorel affirme en face des événements ce culte de l'énergie qui l'anime.11 poursuit avec tenacité le combat de son ambition contre tous les obstacles matériels, faisant fi des préjugés sociaux comme des règles de la morale.C'est ainsi que ce fils de charpentier devenu secrétaire du marquis de La Mole saura s'imposer dans ce milieu aristocratique où il faisait d'abord piètrefigure, gagnant la confiance du marquis, séduisant sa fille, l'altière Mathilde, qu'il est sur le point d'épouser, conquérant un titre de noblesse, un brevetd'officier.

Même quand le sort se retourne contre lui, sa force de caractère ne faiblit pas.

En un sens son exécution est une apothéose. CONCLUSION Tel est donc le privilège du romancier.

Il possède le don précieux de rendre présents à son souvenir les êtres dont les rencontres ont jalonné son passé.

Ilsait leur redonner pour jamais couleur et vie.

P our lui comme pour ses lecteurs ce passé est devenu un éternel présent.

Mais surtout le champ du romanoffre à ses dons le privilège de compenser par l'imagination les disgrâces de son existence réelle, de s'incarner dans des êtres en qui se révèlent ets'affirment les qualités qui lui ont manqué et pour qui se trace une ligne de vie que la vie lui a refusée.

A ce jeu, il goûte un épanouissement et une plénitudeque les vicissitudes de l'existence n'ont jamais permis de connaître même à ceux que le sort a comblés.. »

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