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NIETZSCHE (Friedrich)

Publié le 06/12/2021

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NIETZSCHE (Friedrich) __________________________________________

Né à Roecken en Saxe en 1844, il fait de brillantes études à Bonn et est nommé en 1869 professeur de philologie antique à l'université de Bâle. On peut considérer que trois périodes partagent sa vie et son oeuvre :

1 — Dans une première période, sous l'influence de l'antiquité, de Schopenhauer et de Wagner, il développe une conception de l'univers fondée sur l'opposition de Dionysos (dieu de l'ivresse, de la fureur, de l'indétermination) et d'Apollon (dieu de l'apparence, de la

construction, de la détermination), dont l'antagonisme se résoud par la médiation de l'oeuvre d'art tragique. Historiquement, la conception

tragique de l'univers est déjà contredite dans l'ironie de Socrate. (La Naissance de la tragédie, 1872, Considérations intempestives,

1875-1876).

2 — Dans une seconde période, Nietzsche s'éloigne de Schopenhauer, se brouille avec Wagner, et en déployant le thème du libre esprit, tente d'utiliser la pensée scientifique. Le libre esprit n'est pas libre parce qu'il vivrait conformément à la connaissance scientifique, il est libre dans la mesure où il se sert de la science comme d'un moyen pour se libérer de la grande servitude de l'existence humaine à l'égard des idéaux, pour s'affranchir de la sujétion de la religion, de la métaphysique et de la morale (Humain trop humain, 1878, Aurore,

1880-1881, Le Gai Savoir, 1881-1882).

3 — Dans une période de maturité enfin, Nietzsche développe les thèmes de la volonté de puissance, du surhomme, de l'éternel retour,

et du renversement des valeurs (Ainsi parlait Zarathoustra, 1884, Par delà le bien et le mal, 1886, La Généalogie de la morale, 1887). D'une santé de plus en plus fragile (il abandonne sa cha:re en 1879) il rédige en 1888 quelques pamphlets (dont Le Crépuscule des idoles, Le Cas Wagner, L'Antéchrist), mais en 1889, il est frappé de démence, et il meurt en 1900 sans avoir recouvré la raison. De ses oeuvres posthumes, il faut surtout retenir La Volonté de puissance (les manuscrits ont pour sous-titre . transvaluation des valeurs), ouvrage largement esquissé (L'Antéchrist en serait la première partie) et dont la rédaction commence dans l'hiver 1886, quoiqu'on trouve dans la quatrième partie des passages datant de 1884.

1. « La pire, la plus tenace, la plus pernicieuse des erreurs connues a été celle d'un faiseur de systèmes, je veux dire l'invention par Platon de l'esprit pur et du bien en soi. « Nietzsche s'oppose ainsi à trois choses :

1 — à une philosophie systématique (lui-même écrit la plupart du temps par aphorismes) ;


2 — à une philosophie des essences (1) fixes et éternelles ;

3 — à l'absoluité des valeurs morales. Par là apparaît la nouveauté de sa tentative : préférer le flux héraclitéen à l'affirmation parménidienne de l'Être (2), et renverser le platonisme latent dans toute philosophie.

Cela correspond à un changement de méthode : le plato­nicien pose la question « Qu'est-ce que cela ? ; qu'est-ce que le vrai ? «, Nietzsche questionne les questions, demande par exemple : « Pourquoi devrions-nous préférer le vrai au faux ? « Le refus des essences entraîne immédiatement une certaine conception de l'Être : dans l'Être rien n'est fixe et définitif, et par conséquent tout ce qui s'en dit est une certaine interprétation dépendant d'un certain point de vue, d'une certaine perspective. La reconnaissance de ce fait implique que le questionnement sur les questions devienne questionnement sur le questionneur, c'est-à-dire interrogation vers la raison d'être d'une perspective particulière. Pourquoi voulons-nous cela plutôt qu'autre chose, c'est-à-dire qui (3) donc est ainsi constitué qu'il veuille cela, qu'il lui attache un tel prix ? Etre, c'est ou bien poser une valeur, ou bien être une valeur.

2. Il y a deux façons de nier la moralité, ou bien nier que les motifs moraux invoqués par les hommes les aient vérita­blement poussés à agir comme ils l'ont fait, ou bien nier que les jugements moraux reposent sur des vérités. En posant la question « Que valent nos valeurs morales ? « Nietzsche effectue la seconde de ces deux négations, la plus radicale. La valeur de nos valeurs morales se découvre dans une généalogie qui est à la fois description de l'origine des valeurs, et position de la valeur de l'origine.

La valeur de l'origine réside dans la morale aristocratique : les forts posent leurs qualités et leurs actions comme bonnes, et après seulement celles des faibles comme mauvaises. L'origine des valeurs morales repose dans la création des valeurs par le ressentiment des esclaves à l'égard des maîtres : le mal, ce sont les qualités et les actions de l'aristocrate, le bien est défini postérieurement comme négation du mal, et position de la valeur de cette négation (idéal ascétique, valeur de la pitié, de l'altruisme, etc.). Il y a là un nihilisme fondamental : entre la vie et sa négation, les faibles font triompher la négation de la vie. Un autre nihilisme est possible qui consisterait à nier la valeur des idéaux (en proclamant d'abord la mort de Dieu), et en suivant la voie qui mène « par delà le bien et le mal « (ce qui ne signifie pas par delà le bon et le mauvais).

·      La critique nietzschéenne des valeurs ne s'effectue qu'à une condition : la reconnaissance de valeurs authentiques. Le problème fondamental est alors de comprendre comment cette transvaluation est possible ; c'est dans cette perspective qu'il faut comprendre les trois thèmes de la volonté de


puissance, du retour éternel, et du surhomme. L'Être est volonté de puissance, c'est-à-dire que la volonté est position arbitraire des valeurs. Le retour éternel (auquel Nietzsche essaie malencontreusement de donner un sens scientifique) est principe d'évaluation et de sélection : le retour du même est avant tout pour la volonté le choix de ce qui mérite la peine de revenir. Ce qui doit être voulu de telle sorte que soit aussi voulu son retour, c'est le surhomme, c'est-à-dire l'homme qui ne rejette rien, qui vit l'affirmation dionysiaque du monde tel qu'il est sans rien en retrancher, en excepter, ou y choisir (par conséquent l'homme qui veut l'éternel retour). Comment se fait-il alors que naisse la morale du ressentiment, que la volonté veuille ce qui l'affaiblit ? Toutes les interprétations de Nietzsche tournent autour de ce problème qu'on peut formuler ainsi : en affirmant l'Être comme volonté et comme valeur, le philosophe n'exclue-t-il pas qu'on puisse décider de la valeur d'une volonté parti­culière, et s'il en décide (souvent en termes de conformité à la vie, à la nature), n'est-ce pas au prix d'une ambiguïté, qui fait de la volonté de puissance à la fois l'Être lui-même, et un être parmi d'autres, puisque ce qui est c'est aussi bien la volonté qui veut la vie — la volonté de puissance — que la volonté qui nie la vie ?

1. Voir ontologie.

2. Voir présocratiques.

 

3.Dans L'Unique et sa propriété, Stirner notait déjà : « La question : Qu'est-ce que l'homme ? devient Qui est l'homme ? «.

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