Népal (1988-1989)

« Népal (1988-1989) La vie politique népalaise a été marquée en 1988 par trois remaniements ministériels d'importance.

Le chef du gouvernement, nommé en 1986, a d'abord écarté certains ministres accusés de corruption.

Mais le 31 octobre, il a fait entrer dans son cabinet des partisans d'une ligne conservatrice et droitière, attachés au système des panchayat mis en place par le roi Mahendra.

Les menaces sur le processus de démocratisation se sont précisées lorsque le Premier ministre a étouffé, par des moyens anticonstitutionnels, une motion de censure que l'Assemblée nationale des panchayat s'apprêtait à voter contre lui.

Le Parti du congrès, principal parti d'opposition, n'est pas parvenu à organiser une riposte efficace. Le lynchage d'un ancien député, Karna Prasad Hyonju, par des militants marxistes-léninistes, a témoigné de l'exaspération d'une partie de la population urbaine.

Ce riche politicien était soupçonné de malversations dans la distribution des secours destinés aux sinistrés du tremblement de terre du 21 août 1988 (6,7 sur l'échelle de Richter) qui a tué 721 personnes. Malgré une aide étrangère de plus en plus significative, la production agricole est en régression.

La situation est d'autant plus préoccupante que la population continue de croître à un rythme de 2,62% par an.

Selon la Banque mondiale, le PNB a augmenté de 7% et les exportations de 20% en 1988. Les relations entre l'Inde et le Népal se sont brusquement détériorées en mars 1989 à l'occasion du renouvellement du traité de commerce entre les deux pays. Les Indiens reprochent aux Népalais d'avoir acheté en 1988 des armes anti-aériennes à la Chine et de servir de base arrière aux militants népalais de la région de Darjeeling (Bengale) qui luttent pour la création d'un État indépendant, le Gorkhaland.

New Delhi s'inquiète par ailleurs des relations amicales existant entre Katmandou et Pékin et y voit une menace pour sa sécurité intérieure.

Les Népalais pour leur part cherchent à s'affranchir des relations particulières qui les lient à leur grand voisin du Sud et accusent le gouvernement du Bengale d'abriter des terroristes népalais impliqués dans les attentats de 1985. A partir de la fin du mois de mars 1989, l'Inde a imposé de facto un blocus économique au Népal, ne laissant passer qu'une infime partie des produits commerciaux de première nécessité: kérosène, essence, sucre, sel, etc.

Les villes népalaises ont été paralysées et l'économie non agricole au bord de l'asphyxie.

La route "chinoise" qui relie Katmandou à Lhasa est en trop mauvais état pour suppléer l'approvisionnement.

Le gouvernement chinois est resté d'ailleurs remarquablement discret dans cette affaire.. »