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Maurice Ravel

Publié le 16/05/2020

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« Maurice Ravel "Vita Cartesii, écrit M.

de Raey, res est simplicissima."On pourrait dire avec plus de raison que la vie de Maurice Ravel fut la plus simple du monde.

Descartes a couru milleaventures.

Il a connu mainte traverse et les orages de la passion.

L'existence de Ravel nous paraît toute unie etpresque complètement dépourvue d'événements remarquables.

Indifférent et comme étranger aux conflits suscitéspar son Oeuvre, les seuls drames qui l'aient affecté sont de ceux qui n'épargnent aucun homme : la guerre, la mortde ses vieux parents, pour ne rien dire du mal étrange et cruel qui devait mettre fin à ses jours.

On ne découvreaucun conflit, pas même une hésitation à l'origine de sa carrière.

S'il est vrai que la France est le pays desproblèmes résolus, personne ne fut plus français que Maurice Ravel. Il naquit à Ciboure, sur la Côte d'Argent, d'un père savoisien, originaire de la rive genevoise du Léman, et d'une mèrebasquaise, mais il vécut toute sa vie à Paris, enfant choyé de ses parents et destiné par son père à la musique,élève docile aux enseignements du Conservatoire, enclin seulement à renchérir sur les exigences de la disciplineacadémique.

Ses camarades de la classe Massenet lui ayant répété un adage de leur maître : apprendre son métier,c'est apprendre le métier des autres, il en fit sa règle d'or tout au long de ses études scolaires et au-delà.

Persuadéd'ailleurs qu'on n'épuise point la technique et qu'on n'écrit, aussi bien, que pour mieux écrire, on le vit toujoursobstinément attaché au principe de l'imitation créatrice qu'il prêchait sans trêve aux musiciens de son entourage :"N'hésitez pas à copier.

Si vous avez quelque chose à dire, votre personnalité ne paraîtra jamais mieux que dans leslibertés involontaires que vous prendrez avec votre modèle." Les premiers modèles du jeune Ravel furent Schumann, Chopin et Liszt.

La découverte d'Emmanuel Chabrier,vraiment décisive, lui fit écrire à vingt ans cette extraordinaire Habanera, la première de ses Oeuvres publiées, où ilnous apparaît tout entier, muni de toutes ses armes, comme l'insecte parfait qui dépouille sa chrysalide.

L'exemplede Chabrier le confirme dans le goût de l'harmonie modale qui s'accorde à l'esprit de la mélodie française, lui prêchel'exemple de la dissonance émancipée, l'incite enfin à organiser la sensation avant d'exprimer le sentiment. En 1901 à vingt-six ans, il obtient le second grand prix de Rome pour sa cantate Myrrha ; mais la même année voitparaître les Jeux d'eau et le contraste est trop flagrant entre le conformisme du lauréat de l'épreuve académique etl'audace du jeune révolutionnaire pour ne pas éveiller la méfiance de l'Institut et bientôt sa colère : "M.

Ravel peutbien nous prendre pour des pompiers, il ne nous prendra pas impunément pour des imbéciles." La sanction ne se faitpas attendre : le jeune maître des Jeux d'eau et du Quatuor en fa n'est pas admis à monter en loge au concours de1905.

Cet échec lui est une délivrance qui lui confère la libre disposition de lui-même.

En trois ans il construit sansdésemparer une part essentielle de son Oeuvre : Miroirs, Histoires naturelles, Rapsodie espagnole, L'Heureespagnole, Gaspard de la Nuit, Ma mère l'Oye. En 1909, Diaghilev l'invite à collaborer aux Ballets russes et lui commande la symphonie chorégraphique de Daphniset Chloé.

C'est l'époque heureuse de notre musicien.

Son pouvoir répond aisément aux audaces de son vouloir.

Laforme s'assouplit dans la netteté de la structure ; la richesse et la somptuosité du fond harmonique s'accordent auxcaprices aigus d'une mélodie svelte et serrée.

Cette exigence de la mélodie l'amènera par la suite à une sorte derectification des appétits harmoniques.

Dans les Valses nobles et sentimentales de 1911, l'harmonie se durcit, lesreliefs s'accusent.

A compter de cette Oeuvre vraiment essentielle nous verrons s'accentuer l'effort de notre auteurdans le sens d'une clarification de l'écriture au bénéfice de l'élément linéaire. La dernière manière de Ravel qu'inaugure la Valse de 1920, porte peu à peu le dépouillement à son comble dans unesprit fiévreux, acharné, qui contraste avec la sérénité spirituelle qui dominait aux époques précédentes.

La Valse,le Boléro, le Concerto pour la main gauche notamment s'achèvent dans une angoisse panique, comme si chacune deces péroraisons adressait à la musique un adieu désespéré.

Il reste que dans les Chansons madécasses et le secondacte de l'Enfant et les Sortilèges un lyrisme fervent sourit au milieu des larmes et nous délivre enfin, à l'extrême dela tension et du dessèchement, le message d'une tendresse apaisée. Maurice Ravel est mort le 28 décembre 1937 des suites d'une affection cérébrale qui avait peu à peu paralysé sonactivité en lui laissant une lucidité intacte et douloureuse.

Cette lucidité partout et toujours conservée apparaîtcomme la marque du génie ravelien.

Son message est classique, qui ne tend à rien d'autre qu'à signifier, à magnifierle réel par l'artifice des conventions et des règles.

Ce n'est pas qu'un Ravel échappe à l'inévitable conflit qui met auxprises le tempérament de l'artiste et le destin de l'homme ; mais le drame est secret et secrètement refoulé.L'Oeuvre s'inscrit ainsi dans la tradition française de ces maîtres qui eussent pensé scandaliser leur auditoire enessayant de l'intéresser à eux-mêmes. Tableau, sonate ou poème tendent ici à se séparer de la condition de l'homme qui leur a donné forme et couleur.Nouvelle Galatée, détachée de son créateur, achevée dans toute la force du terme, l'Oeuvre vivra de sa vie propre.C'est malgré elle et malgré lui qu'elle nous parlera de ce cOeur qui lui a donné d'être et d'être belle. Les intimes de Ravel lui avaient donné pour devise la devise même des prestidigitateurs : rien dans les mains, riendans les poches.

Aucun manuscrit sur sa table ; aucun crayon sur son piano.

On eût dit que les touches de ceclavier muet déclenchaient à distance les poinçons du graveur.

Rien dans les mains, rien dans les poches : c'est. »

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