Marie Curie

« Marie Curie La vie de Marie Curie, indissociable de celle de Pierre Curie, apparaît comme entourée d'une auréole romanesque,malgré la simplicité de leur vie de travail. Le père de Pierre Curie, Eugène, qui était médecin, avait déjà le goût du travail scientifique auquel il n'avait pu seconsacrer, n'ayant pas de ressources personnelles.

C'était un ferme républicain, libre penseur, et opposé à touteespèce de culte. Indifférent à la culture classique, il donna à ses fils, et plus tard à sa petite-fille Irène, le goût de la lecture desauteurs français et étrangers.

Pierre Curie ne fréquenta pas le lycée, ses qualités intellectuelles n'étant point decelles qui permettent de passer rapidement d'un sujet à l'autre et d'assimiler successivement des matières diverses.Il reçut de ses parents, puis d'un ami du docteur Curie, une éducation libérale, et développa son goût pour lessciences naturelles dans de grandes excursions à la campagne. Pierre Curie et son frère Jacques entrèrent très jeunes dans la recherche scientifique où ils débutèrent par ladécouverte d'un phénomène nouveau, la piézo-électricité.

Pierre Curie fit ensuite des travaux importants surl'application du principe de symétrie dans les phénomènes physiques, puis il entreprit un travail sur le magnétisme,dont l'importance est fondamentale dans l'histoire de cette science. En 1895, Pierre Curie épousa une jeune étudiante polonaise, Marie Sklodowska, née à Varsovie en 1867.

Son père etsa mère étaient dans l'enseignement ; toute jeune, Marie Sklodowska avait de grands succès scolaires et rêvait depoursuivre ses études en France.

Ce n'est qu'après avoir surmonté bien des difficultés matérielles qu'elle put enfinréaliser ce rêve et faire sa licence de sciences à Paris, dans des conditions financières des plus précaires.

Ellerencontra Pierre Curie chez des amis communs, et peu après ils décidèrent de se marier. Pierre Curie était alors professeur à l'École de Physique et de Chimie de la Ville de Paris ; sa situation était trèsmodeste.

Ils vécurent ensemble une vie de laquelle était exclue toute préoccupation mondaine et se consacrèrentensemble avec passion au travail scientifique ; leurs délassements étaient des promenades à la campagne, à pied ouà bicyclette, et des vacances au bord de la mer ou à la montagne.

Ils étaient très unis et se séparèrent rarementpendant la trop courte période de leur vie commune. Après la naissance de leur fille Irène, ils habitèrent une petite maison avec jardin, près des fortifications et du ParcMontsouris, avec le docteur Eugène Curie. C'est à cette époque qu'ils commencèrent le travail qui devait aboutir à la découverte du radium.

Marie Curie avaitentrepris un travail de thèse sur un phénomène nouveau découvert par Henri Becquerel en 1896 : l'émissionspontanée de rayonnements ionisants par l'uranium, la "Radioactivité" ; elle s'aperçut que les minerais d'uraniumprésentent une radioactivité anormalement élevée pour leur teneur en uranium, excès d'activité pouvant s'expliquerpar l'existence d'un corps très radioactif inconnu, présent en faible proportion.

Pierre et Marie Curie unirent alorsleurs efforts, et, après un travail acharné, ils découvrirent en 1898 une première substance radioactive nouvellequ'ils nommèrent "polonium", puis une deuxième "le radium".

Ces corps se trouvent en quantité infinitésimale dans lesminerais d'uranium, de sorte qu'il fut nécessaire de traiter des quantités considérables de matière, par dizaines dekilos, pour concentrer ces éléments.

La radioactivité du radium est de l'ordre d'un million de fois plus grande quecelle de l'uranium. Ces recherches étaient faites à l'École de Physique et de Chimie de la Ville de Paris ; Pierre Curie y était professeuret le directeur, M.

Schutzenberger, avait permis à Marie Curie d'y travailler aussi ; Pierre Curie ne disposait d'aucunlaboratoire, seulement d'une place très restreinte pour installer quelques appareils.

Pour faire les traitementschimiques, Pierre et Marie Curie durent utiliser un hangar mal protégé de la pluie et du froid, avec des tables de boiscomme aménagement.

Ils ne disposaient aussi que de crédits insignifiants pour leurs recherches.

Ces difficultéss'aggravaient encore par l'insuffisance de leurs ressources personnelles.

Pierre Curie n'ayant passé ni par l'ÉcolePolytechnique, ni par l'École Normale, échoua dans ses candidatures à des postes de professeur à la Sorbonne,malgré la valeur que lui reconnaissaient les plus grands savants français et étrangers.

Ils durent tous deuxconsacrer à des tâches d'enseignement médiocrement rétribuées une grande partie du temps qu'ils auraient puutiliser dans leurs recherches. Les merveilleuses propriétés des nouvelles substances rendaient ces recherches particulièrement attachantes.

Amesure que les corps nouveaux étaient concentrés dans de plus faibles quantités de matière, la radioactivité étaitde plus en plus grande ; sous l'action de leur rayonnement les composés chimiques de ces corps et les récipients quiles contenaient devenaient fluorescents, et Pierre et Marie Curie, qui venaient parfois le soir dans le hangar,apercevaient avec ravissement leur silhouette faiblement lumineuse dans l'obscurité. Les recherches qui conduisirent à la découverte du polonium et du radium furent le résultat d'une collaborationscientifique parfaite entre Pierre et Marie Curie, chacun d'entre eux apportant des qualités différentes, mais aussiefficaces pour le succès de l'Oeuvre commune.

Devant la multiplicité des problèmes qui se présentèrent par la suite,ils durent parfois séparer leurs efforts, et Marie Curie manifestait alors plus de goût pour les recherches chimiques,. »