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Marguerite Duras: Agatha, acte I, scène 1

Publié le 09/12/2021

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Le départ est le thème majeur dans cette scène. Celle-ci présente d'abord une arrivée : les valises : « il y a deux sacs de voyage, mais à des endroits différents » ; ainsi que le télégramme : « viens, viens demain » (l.65-66). Ainsi, parmi les deux valises, il y a celle de l'arrivée qui appartient au frère, et celle du départ : celle de la sœur : « il se trouve que je suis celle qui le fera » (l.9-10). D'autre part, le jeu du vouvoiement – tutoiement qui varie constamment, amène à une impression d'éloignement, de distance inconsciente : « viens parce que je t'aime », alors que « vous auriez pu dire : ‘‘je pars'' » ; « je voulais vous revoir avant de partir » (l.76-77). Cette idée de départ est déjà ancienne. Enfin, la fuite se ressent aussi dans le fait que les informations viennent tardivement. Ils mettent du temps à se dévoiler : ce n'est qu'à partir du vers 98 que nous apprenons le prénom de la femme et son lien avec l'homme, « Lui ».

« Au XXème siècle, Marguerite Duras apparaît comme un écrivain de l'après-guerre.

Agatha, faisant partie de sesdernières œuvres, en 1981, symbolise la fuite ; à la fois fuite des conventions théâtrales, de même fuite dupersonnage principal –éponyme-, qui annonce son départ dès la scène d'exposition.

L'extrait proposé correspond àl'acte I, scène 1 de l'œuvre Agatha.

Peut-on dire que ce texte s'inscrit dans les caractéristiques d'une scèned'exposition ? « je croyais tout savoir » annonce l'un des protagonistes.

Le spectateur se le demande aussi.Pourtant, c'est un lever de rideau « qui nous quitte », qui nous est présenté.

Mais face à cette volonté de ne pasrépondre aux conventions théâtrales habituelles, c'est surtout une ambiguïté de la métathéâtralité que MargueriteDuras expose ici.

Au moment du lever de rideau, c'est une scène d'ouverture typique d'une scène d'exposition qui estprésentée.

En effet, le dramaturge informe le spectateur autant que le lecteur, sur le lieu de l'action, le temps, lespersonnages, ainsi que l'intrigue.

En plus des informations, c'est une mise en écriture spécifique qui permet alors audramaturge de présenter une scène, une entrée douloureuse.Une partie des informations sont retranscrites par les didascalies.

Tout d'abord la didascalie initiale nous informe surle lieu : nous apprenons que les personnages sont dans le salon d'une maison inhabitée, au bord de la mer.

Surscène, se trouvent deux valises ; ce qui nous laisse supposer un départ ou une arrivée.

Elle nous informe aussi surle temps : nous sommes en hiver, à supposer en pleine journée car « il n'y aura aucun autre éclairage que celui de lalumière d'hiver brumeuse et sombre » ; ce qui donne à la pièce une atmosphère de noirceur, sombre, de peine.« Sombre, hiver » sont des éléments représentatifs de la mort, du deuil, le départ de quelqu'un.

On nous informeaussi sur les personnages.

« Il y a là un homme et une femme ».

Ils sont deux, et il n'y a pas de prénom pour lesreprésenter.

Seulement des pronoms personnels « il », « elle ».

Ils ont trente ans, ce que le spectateur ignore.

Lelecteur est avantagé.

« Ils se ressemblent ».

En plus des didascalies, le spectateur et le lecteur sont informés parce que disent les acteurs.

Dès le vers 1, nous apprenons qu'ils se connaissent, et qu'ils se sont déjà parlé avant lelever de rideau –ce que le lecteur savait déjà-.

La conversation est déjà entamée : « vous aviez toujours parlé dece voyage » (l.1).

Ils se connaissent depuis l'enfance : « déjà enfant » (l.9).

D'autre part, l'idée de départ estconfirmée : « nous avons toujours parlé de partir, il se trouve que je suis celle qui le fera ».

Il faut attendre la ligne98 pour connaître le prénom de la femme : « Agatha » ; et quel est son lien avec l'homme : ils sont frère et sœur(l.107) : « une amie de notre mère ».

le départ a lieu le lendemain « très tôt, à quatre heures du matin, dans la nuitnoire ».

il y a une tension qui se forme : le temps est limité, compté.

D'autre part, la mise en écriture estspécifique : le théâtre consiste en un échange de propos, de dialogue, soit avec le public, soit avec d'autrespersonnes présentes sur une scène.

Il y a deux procédés dans l'écriture théâtrale : les didascalies et les répliques.Ici, les didascalies sont complexes : la première est longue et informative.

Elle introduit la scène.

Mais elle informedavantage le lecteur que le spectateur.

Ce dernier trouve que les deux personnages se « ressemblent », mais lelecteur est non seulement informé de cette ressemblance, mais connaît aussi leur âge : « ils ont trente ans ».

par lasuite, les didascalies sont sèches ; transmettant peu d'informations.

Elles nous annoncent simplement le moment oùl'un ou l'autre ne « répond pas », et quelle expression il transcrit sur son visage ou sur le ton de sa voix : « douleur,sourire douloureux, violence, anéantis, la violence la quitte, elle cède à la douceur ».

mais ces didascalies sèchesfont face à une écriture poétique.

Nous sommes dans une scène qui annonce un départ, une séparation entre frèreet sœur.

On relève un ton lyrique, évoquant le souvenir : « la mer est comme endormie, il n'y a aucun vent, il n'y apersonne » (l.37-38).

La métaphore l.39 : « la plage est lisse comme en hiver » montre que même ce qui estreprésentatif du chaud, du soleil (plage)… , est lié à l'hiver, le froid, le vide : le plat.

La peine est retranscrite dansla poésie.

Le ton poétique permet aussi d'évoquer le souvenir et ainsi le regret, thèmes récurrents dans cettescène, et particulièrement exprimé par Agatha, comme nous pouvons l'observer dans la dernière réplique de l'extrait(l.138 à 163).

Cette écriture met alors en scène une exposition douloureuse.

En effet, la didascalie d'entrée nousprésente les personnages comme « épuisés » , qui « ne se regardent pas », et qui ne se parleront que dans une« douceur accablée, profonde ».

« faire de telle sorte qu'one ne puisse empêcher le voyage » (l.22) montre que rienne peut l'arrêter.

Le processus est déjà lancé, et le temps est compté, jusqu'à « demain » (l.99).

La douleur estaussi évoquée à la ligne 110, lorsque « Lui » parle d'un « corps emporté » loin de lui.

« Je m'en vais mourir ».

cetteséparation lui est insupportable, invivable.

Ils sont tous deux « anéantis ».

le dramaturge cherche à faire entrer sonpublic dans ce même état douloureux.

Pour cela, il a recours à la répétition afin d'insister : insister sur le fait qu'ilsse connaissent, sur la douleur à se séparer, se quitter : « toujours, toujours, un jour ou l'autre, chaque fois, tu vaspartir, je pars ».. »

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