Mademoiselle de LespinasseDes accents déjà romantiques.

« 1 / 2 Mademoiselle de Lespinasse Des accents déjà romantiques 1732-1776 Selon l'état civil, Julie de Lespinasse est la fille d'un bourgeois de Lyon, Claude Lespinasse, et de Julie Navarre.

Cepen­ dant, chacun sait que sa véritable mère est la comtesse d'Albon, une grande dame qui vit séparée de son mari.

En revanche, l'identité de son père sera longtemps tenue secrète.

On sait aujour­ d'hui que celui-ci est le frère de Mme du Deffand, devenu, en épousant une autre fille de la comtesse d'Albon, le beau­ frère de sa fille naturelle.

Julie de Lespi­ nasse est élevée par sa vraie mère.

La mort de celle-ci, en 1748, laisse la jeune fùle sans ressources et sans protection.

Recueillie dans un couvent puis placée comme gouvernante en Bourgogne chez sa demi-sœur, la comtesse de Vichy, elle subit maintes humiliations.

En 1752, sa tante, la marquise du Def­ fand, déjà presque aveugle, en fait sa lectrice et sa demoiselle de compagnie.

Pleine d'esprit, Julie de Lespinasse ne tarde guère à briller dans le célèbre salon que sa protectrice tient rue Saint­ Dominique.

Elle prend bientôt l'habitu­ de de réunir quelques-uns des hôtes du salon dans son propre appartement de l'entresol.

Madame du Deffand en est très fâchée.

La querelle qui l'oppose à sa protégée- retentit dans tout le monde lit­ téraire.

En 1764, Mlle de Lespinasse quitte la rue Saint-Dominique pour s'installer non loin de là, rue Bellechas­ se, grâce à une pension que ses appuis auprès du roi lui ont fait obtenir.

Elle entraîne avec elle un certain nombre de fidèles, Condillac, Marmontel, Condor­ cet, Turgot.

D'Alembert, qui lui est très attaché, vient habiter la même maison.

Mlle de Lespinasse devient l'âme d'une nouvelle société où se rencontrent ency­ clopédistes, hommes de haut rang, fem­ mes de la meilleure compagnie, diplo­ mates et ambassadeurs étrangers.

Avec beaucoup d'aisance et d'amabilité, elle règne sur ces brillantes assemblées.

Grande et pleine de grâce, quoique son visage soit marqué par la petite vérole, elle a un charme qui fascine son entou­ rage.

On dit que personne ne possède à un plus haut degré l'art de faire valoir l'esprit des autres.

Spirituelle et cultivée, elle sait conduire et varier les conversa­ tions.

Julie de Lespinasse est une âme passion­ née dont les emportements préfigurent les orages du romantisme.

«. »