Madagascar (1987-1988)
Publié le 19/09/2020
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Madagascar (1987-1988)
L'année 1987 a été particulièrement rude et agitée avec la crise économique
comme arrière-fond constant.
Malgré les rééchelonnements, la dette est restée
écrasante: plus de 2,5 milliards de dollars, 105% du PNB, un service qui a
atteint 335 millions de dollars en 1988.
La médecine du FMI fait sentir durement
ses effets: la valeur du franc malgache est tombée et l'inflation qui en a
résulté a été considérable ; les importations ont été réduites de façon
drastique, sans que l'industrie, dont la production avait baissé en 1986, puisse
satisfaire la demande.
Les prix agricoles ont été relevés (le kilogramme de café est passé à 800 FMG),
mais qu'acheter? En ville, le pouvoir d'achat s'est dégradé de façon dramatique.
"Krismasy" (Noël) est devenu "Krisa mafy" (la dure crise).
Car les mesures
prises n'ont pas encore fait sentir d'effets positifs: la rénovation des
équipements a seulement été engagée ; on réduit l'emploi dans le secteur d'État
sans que l'investissement étranger (trente-cinq entreprises seulement ont été
créées) provoque déjà une relance.
1988 devrait, pour les optimistes, être la
dernière année de rigueur ; le redressement s'amorcerait en 1989, année
d'élections.
Dès lors, le développement de troubles n'avait rien de surprenant.
En mars ce
fut le pillage, très systématique, des magasins indiens à Tananarive, Antsirabe,
Tuléar, Fianarantsoa...
L'origine n'en a pas été élucidée: réaction spontanée de
xénophobie, face à l'enrichissement d'une minorité étrangère qui profite de la
crise? Ou manoeuvre pour détourner la colère de l'opinion contre les étrangers?
Dans le même temps, une fois de plus, l'université était en grève.
Le malaise y
est évident: où mènent des études dans des campus dégradés, quand les
perspectives d'emploi sont quasi nulles? Dans la classe politique, ni la maladie
ni la mort ne paraissent plus naturelles, et on n'a cessé de gloser sur la mort
du chef d'état-major, le jour de la fête nationale, ou sur la démission pour
maladie du Premier ministre, Désiré Rakotoarijaona, remplacé par le
lieutenant-colonel Victor Ramahatra.
Dans ce contexte, l'opposition légale s'est considérablement animée.
Quatre
partis membres du Front (Vonjy, MFM, Monima, VS Monima) ont refusé de voter le
budget et appelé à une manifestation le 1er mai 1987.
Ils ont engagé une
concertation pour définir une alternative politique.
Mais les débats
s'éternisent, et chacun se prépare sans trop d'illusion à l'échéance électorale
de 1989.
D'autres forces ont sans doute plus de poids dans la société civile,
notamment les Églises, qui paraissent à beaucoup une puissance et un dernier
recours, et pour qui l'oecuménisme devient réalité.
Or, elles ne ménagent pas
leurs critiques, et toutes les forces politiques tentent de se les concilier: le
cent cinquantième anniversaire de la mort des martyrs protestants a été
l'occasion de grandes manifestations officielles et l'on attend la visite du
pape!.
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