L'Inquisition

« CONTRE LES HÉRÉSIES Le mot «inquisition» (du latin inquisitio , enquête) désigne la procédure mise en place au Moyen Âge par la papauté pour lutter contre les hérésies, et par extension, les tribunaux ecclésiastiques chargés de poursuivre les hérétiques .

Créée pour lutter contre les cllfhtlrrs dans le sud Italie, l'Inquisition a ensuite étendu son activité à d 'autres catégories de «déviants », comme les devins , les sorciers , les blasphémateurs ...

de la France.

Innocent Ill envoie des légats investis des pleins pouvoirs dans toutes les régions menacées .

En 1209 débute la croisade dite «des albigeois» : sur les terres conquises par les chevaliers du nord du royaume , J'autorité ecclésiastique entend extirfHT tous les vestiges de J'hérésie .

C'est la procédure appliquée aux cathares qui va être institutionnalisée et étendue à l ' ensemble des ennemis de la foi.

MISE EN PLACE DE L'INQUISITION 1------------_, La «procédure inquisitoire » , qui va AVANT l'INQUISITION l'Inquisition pontificale, en tant que juridiction d'exception, est instituée en 1231 par Grégoire IX.

Si l'hérésie et les ennemis de la foi étaient déjà poursuivis avant cette date, J'autorité ecclésiastique s 'en tenait à des peines spirituelles, dont la plus grave était J'excommunication (J'exclusion hors de la communauté des croyants) .

l'Église respectait alors le principe inspiré par ses premiers Pères et énoncé par saint Bernard de Clairvaux : la foi doit être adhésion sincère , et non imposée.

• Toutefois, dans la seconde moitié du Xl~ siècle, Je contexte change : les hérésies prennent une ampleur inquiétante, et l'Église cherche de nouveaux moyens de répression pour les enrayer .

l'hérésie cathare fait J'objet en 1184 , d 'une mesure d 'excommunication en même temps que toutes les hérésies existantes : les évêques sont chargés de faire rechercher les suspects dans leur juridiction , les coupables étant remis au pouvoir laïc, qui leur applique les peines en vigueur (généralement l'emprisonnement et la confiscation des biens).

CONTRE LES CATHARES, OU ALBIGEOIS Cette lutte contre J'hérésie connaît une importante extension avec Je succès de la foi propagée par les albigeois (ou cathares) dans Je sud donner son nom à l'Inquisition, permet de poursuivre d 'office toute personne soupçonnée .

Elle est définie dans la décréta le Licet Heli de 1213, complétée par la décrétale Per tuas litteras .

Toutes les mesures antihérétiques se trouvent confirmées par le concile de Latran IV (1215) et reprises par les autorités civiles , Frédéric Il, Louis VIII, Bltmche de Castille ou encore Je comte de Toulouse .

UMI@i!.!IM • Grégoire IX donne une forme précise à la répression par la constitution Excommunicamus de 1231.

• La même année , Je pape désigne Conrad de Marbourg.

un prêtre séculier, pour appliquer la nouvelle législation dans l'Empire germanique .

Doté de pouvoirs presque illimités , Marbourg devient rapidement très impopulaire : fanatique et agissant sans discernement , il est assassiné en 1233, ruinant à jamais l'Inquisition dans l'Empire.

• Toujours en 1233, l'Inquisition est étendue à la France .

Dès la fin de cette même année et au début de Révolte de Raymond Trencavel et Raymond VIl de Toulouse 1244 1234, des tribunaux sont institués à Avignon , Montpellier et Toulouse .

En 1237, des juges sont installés à Carcassonne .

l'Inquisition est progressivement instaurée en Italie entre 1235 et 1237 , et, en 1238, en Aragon .

LES MÉTHODES ' INQUISITORIALES fONCTIONNEMENT • Si parfois l'Inquisition est itinérante, elle recourt en général à un tribunal fixe, la maison de l'Inquisition , où vivent les inquisiteurs et leur suite .

Ces derniers disposent en effet de personnel pour les assister dans la procédure : geôliers, greffiers, notaires, clercs assistants.

En 1248, Innocent IV doit même censurer les inquisiteurs de Toulouse , qui ont trop de serviteurs .

• Les inquisiteurs touchent une pension annuelle ou perçoivent une partie des confiscations (le tiers en Italie) .

• Chaque tribunal est présidé par deux juges, avec des pouvoirs égaux , la plupart du temps des dominicains ou des franciscains désignés par leurs provinciaux , mais qui tiennent leur pouvoir directement du pape .

Rarement un juge dominicain et 1312 147B 1571 1834 l'Inquisition est l'Inquisition installée en Castille est installée au Mexique Abolition officielle en Espagne un juge franciscain cohabitent.

À partir du XIV" siècle, il n 'y a plus qu'un inquisiteur, assisté par des commissaires.

• Les inquisiteurs dans l'exercice de leurs fonctions vivent en marge de la vie conventuelle et ne sont pas tenus par la règle, ce qui crée parfois des tensions au sein de J'ordre 1 i de -~ PPnalr>rt (1242) ou Je Pratica inquisitionis du dominicain toulousain Bernard Gui (1324) .

PROdDURES Pour la recherche des suspects , J'inquisiteur recourt soit à J'enquête générale , soit à la citation individuelle.

Dans le premier cas, les inquisiteurs partent en tournée ou, Je plus souvent convoquent au tribunal la population entière d 'un village .

Pour la comparution individuelle, la citation se fait par Je biais du curé de paroisse .

Le refus de l'intéressé entraîne J 'excommunication, d 'abord temporaire puis définitive au bout d'un an.

Une fois convoqué, l'intéressé fait serment de tout rupture avec une tradition constante de l'Église .

• Généralement on n'emploie la torture que lorsque J'accusé ose nier Je fait avéré ou en cas de délit de fuite, ce qui est considéré comme un demi-aveu .

Les moyens de torture les plus connus utilisés par l'Inquisition sont la flagellation pour les femmes , J'eau, Je feu ou encore l'eslraJHide pour les hommes.

Ce dernier supplice consiste à faire tomber la victime au bout d 'une corde, soit dans l'eau, soit à quelques centimètres du sol.

Les tortures sont parfois si violentes que même les gouvernants les dénoncent : par exemple, Philippe le Bel s'en plaint en 1297 (même s'il a fait lui-même torturer les Templiers).

1------ -- -- -----i révéler devant notaires et témoins , • Les protections accordées aux accusés sont trés minces.

Par exemple, Je suspect ne peut pas être assisté par un avocat ou par un conseil.

Par ailleurs , des témoins habituellement rejetés par Je tribunal (excommuniés , voleurs, personnes de « mauvaise vie») peuvent être entendus contre Je suspect.

royaume de ""-~"""' ~"'Naples, devenu panthéiste, hostile ::11:"""110o.....l!ll...,,....,.

au système aristotélicien, défenseur des de Copernic et novateur lui­ même dans le même registre, il est accusé d'hérésie dés 1576 et doit s'exiler hors de la péninsule italienne.

li va à Genéve, à Toulouse, à Paris (il enseig ne à la Sorbonne en 1582).

Puis il revie n t à Venise, où il rencontre Galilée, est trahi, livré au Saint-Office, mis en procés pendant plusieurs années et enfin, en 1600, brûlé vif à Rome sur Je Campo dei Fiori (place des Aeurs).

puis il fait sa déposition .

• S'il est besoin de le faire avouer, les inquisiteurs ont recours à de multiples moyens : convocations répétées, incarcération plus ou moins longue, privation de nourriture, délation et même tortu rt (à condition qu'il n'y ait pas mutilation définitive des membres) .

Cette pratique est reconnue dés 1252, en • Les tentatives de certains papes -tel Clément V-d'imposer un traitement plus équitable seront ignorées.

Néanmoins, il y a une possibilité de recours : si Je traditionnel appel au pape est en théorie , impossible , dans la pratique, de tels appels sont fréquents.

• Une personne déjà jugée n'est pas à l'abri pour autant : à tout moment l'Inquisition peut rouvrir un dossier .

Même la mort n'empêche pas la procédure : parfois, les poursuites ont lieu contre des personnes qui sont déjà mortes.

Leur cadavre est alors brûlé.

PEINES ENCOURUE S l'Inquisition n'administre pas réellement de peines, mais des pénitences.

Les moins graves, 1231 L'Inquisition pontificale , en tant que juridiction d 'exception , est instituée par Grégoire IX 1238 L'Inquisition est établie en Aragon .

1252 La torture est autorisée par l'tg/ise , à condition qu'il n 'y ait pas mutilation définitive des membres .

1273 200 habitants de la cité-ttat de Sermione, accusés de cacher un évêque cathare , sont brûlés.

Manuel de l'inquisiteur JI est rédigé par Bernard Gui, inquisiteur de Toulouse et évêque de Lodève Juin 2004 Jean-Paul JI ouvre le dossier noir de l'Inquisition , qualifiée de «symbole du scandale» .

Plusde90% des accusés semblent avoir été relâchés après des peines légères .

La peine de mort surie bûcher reste exceptionnelle .

Tomas de Torquemada 2000 victimes en moins de 15 années. »