L'imitation
Publié le 16/05/2020
Extrait du document
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Les réutilisables
La formulation du sujet est déroutante : tant par son caractère lapidaire qui la rend énig
matique (qu'est-ce qui distingue« rendre visible» et« rendre le visible» ? La différence de sens
du verbe « rendre » dans les deux formules méritait d'être expliquée) que par son caractère
paradoxal (l'art ne reproduit-il pas la réalité ? Comment peut-on rendre visible ce qui ne l'est
pas ?).
Il ne fallait pas esquiver ces difficultés, mais les affronter.
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Henri Bergson (1859-1941):
l'art dévoile le réel
D'après Bergson, la perception n'est
pas, comme nous le croyons, un contact
immédiat et libre avec la réalité.
Dans la vie
courante, la perception est subordonnée à
l'action : percevoir, c'est sélectionner et
choisir ce qui va être utile pour nous repérer
et agir .
La perception quotidienne est, de
plus, recouverte par l'habitude : nous ne
savons plus voir ce que nous avons trop vu.
L'art libère la perception de ces deux servi
tudes : l'art est la perception dégagée du
besoin et de l'action ; l'art nous fait voir les
choses comme si c'était la première fois,
levant le voile que l'habitude a mis devant
nos yeux.
Sans ce voile qui s'interpose entre
nous et le réel, l'art serait inutile ou plutôt
l'art serait partout, nous serions tous et en
permanence des artistes, l'art et la vie ne
feraient plus qu'un .
L'art nous permet
d'apercevoir « par éclairs » l'infinie richesse
de la réalité que les préoccupations de la vie
quotidienne, en l'appauvrissant et la banali
sant, nous voilent.
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L'imitation
Aristote disait que l'homme se distinguait des autres animaux en ce que, plus qu'aucun
d'entre eux, il était capable d'imitation.
Imiter n'est pas simplement recopier, mais s'approprier
et donc comprendre ce qu'on s'approprie : l'imitation est la condition de tout apprentissage.
Mais si, en psychologie, l'imitation tend à l'identification (on imite quelqu'un pour devenir
comme lui), en art elle est à l'origine de l'écart entre le modèle et la copie .
Platon puis Aristote,
faisant des artistes des imitateurs de la réalité, faisaient de l'art un effort pour s'approcher d'un
modèle toujours inaccessible, la nature elle-même.
L'œuvre serait alors une réalité qui ne vau
drait pas par elle-même mais par sa plus ou moins grande proximité, sa plus ou moins grande
ressemblance à son modèle.
Contre la tendance de l'art à sombrer dans le conventionnalisme et
l'académisme, un appel s'est toujours fait entendre à «revenir» à la nature, à se remettre à son
école.
Mais un tel appel suppose que la nature soit connue et accessible sans que l'art ait à y
jouer le moindre rôle, et que la sensibilité que l'art développe en nous ne réagisse pas sur notre
façon de percevoir la nature : ce sont ces présupposés qu'interroge la citation de Klee .
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