Libye (1997-1998)
Publié le 18/09/2020
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Libye (1997-1998)
L'année écoulée aura-t-elle été, pour le régime du colonel Mouammar Kadhafi, le
début de sa sortie de l'ornière, voire de sa réhabilitation sur la scène
internationale ? Certes, la Libye demeurait au ban des nations, en butte à
l'isolement diplomatique et aux sanctions, plutôt sévères, édictés par le
Conseil de sécurité des Nations unies à partir de 1992 et régulièrement
reconduites, selon une modalité quasi automatique ; mais force était de
constater que la Jamahiryia avait pu, durant les mois passés, opérer quelques
percées significatives, remporter quelques victoires, sans céder sur
l'essentiel.
En effet, Tripoli se refusait toujours à extrader deux de ses ressortissants,
Lamine Fahima et Abdel Basset el-Megrahi, membres de ses services spéciaux, et
auteurs présumés de l'explosion en vol, en 1998, d'un appareil civil américain,
au-dessus de la localité écossaise de Lockerbie (270 morts).
Six années de
sanctions onusiennes, prohibant les ventes d'armes à la Libye, limitant les
déplacements de ses diplomates et interdisant les vols aériens de et vers son
territoire, n'ont pu entamer la détermination de Tripoli sur ce point, qu'elle
considère comme relevant de l'exercice de sa souveraineté.
Pourtant, les pertes
de l'économie libyenne, combinées avec la baisse du cours du brut, ont été, pour
le moins, inquiétantes (24 milliards de dollars de 1992 à 1997, selon les
sources officielles).
Les secteurs les plus touchés ont été ceux des
hydrocarbures, de l'agriculture et de l'industrie.
Mais cette situation n'a pas empêché le colonel Kadhafi de se maintenir et de
passer à la contre-attaque.
Dès octobre 1997, il s'est dit prêt à extrader les
deux auteurs présumés de l'attentat de Lockerbie vers un pays neutre, pour y
être jugés " équitablement ".
Proposition qui, dans un premier temps, a emporté
l'adhésion des familles des victimes, lassées par la longueur de la procédure.
Elle a également reçu l'appui du président sud-africain Nelson Mandela, qui,
bravant le courroux de Washington, s'est rendu à Tripoli à deux reprises en
l'espace d'une semaine.
Par ailleurs, la demande de levée des sanctions contre
la Libye est devenue récurrente dans les desiderata d'organisations régionales
telles que la Ligue arabe, l'Organisation de la conférence islamique (OCI) ou
l'Organisation de l'unité africaine (OUA).
La diplomatie libyenne a même réalisé
des percées au sein du camp occidental, puisque l'Italie a annoncé, en novembre
1997, qu'elle était prête à rétablir ses relations avec Tripoli.
Le régime du
colonel Kadhafi apportait aussi un soin particulier - et qui s'est révélé
fructueux - à ses relations avec la France, présentant la coopération dont il
fait preuve à l'égard du juge Jean-Louis Bruguière, enquêtant sur l'explosion
d'un avion français survenue, en 1989, au-dessus du désert du Niger et imputée
aux services libyens, comme exemplaire.
Le juge Bruguière n'en a pas moins
remis, en janvier 1998, son rapport au procureur général de Paris, accusant six
Libyens, dont un beau-frère du chef de l'État, d'avoir commandité l'attentat.
Mais c'est en février 1998 que la Libye a enregistré son succès le plus
significatif : lorsque la Cour internationale de justice (dépendant de l'ONU) a
été habilitée à examiner les plaintes libyennes contre les États-Unis et le
Royaume-Uni.
Sur le plan interne, le régime semblait avoir repris les choses en main, au prix.
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