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Les Noirs américainsun itinéraire pour l'égalité

Publié le 15/05/2020

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Les origines de la question noire aux États-Unis remontent au XVIIe s. Dans les colonies méridionales, telles que la Virginie et le Maryland, l'économie s'est développée sur une base esclavagiste, alors que dans les colonies du Nord et du Centre, la main-d'œuvre noire, peu nombreuse, n'avait qu'un rôle économique très secondaire. En 1756, on comptait plus de 120 000 esclaves en Virginie, alors que le Massachusetts n'en avait que 5 000 à la veille de la guerre de l'Indépendance. • De la fondation des États-Unis à la guerre de Sécession • L'ère de la ségrégation • Vers la complète égalité raciale De la fondation des États-Unis à la guerre de Sécession Dans les colonies du Nord, les Noirs, espérant que la fin du régime colonial leur apporterait la liberté, firent cause commune avec les colons en lutte contre l'Angleterre. L'abolition de l'esclavage, réclamée par les quakers, souhaitée par tous les principaux chefs des « patriotes » tels que James Otis, Franklin, Washington, Jefferson ou Hamilton, fut proclamée au Massachusetts dès 1780 et peu après en Pennsylvanie, au New Jersey et dans l'État de New York. Mais cette tendance, prédominante dans le Nord, se heurta à la résistance des représentants du Sud : dès 1776, ceux-ci obligèrent Jefferson à retirer de la Déclaration d'indépendance le passage qui reprochait au roi d'Angleterre George III de perpétuer, « contre les droits sacrés de la vie et de la liberté des personnes », le système de la traite. En 1787, lors de l'adoption de la Constitution, les colonies du Sud exigèrent, comme condition à leur entrée dans l'Union, que le texte constitutionnel fît le silence sur le principe de l'esclavage ; elles acceptèrent seulement une clause selon laquelle le Congrès ne pourrait prendre de mesure légale pour mettre fin à la traite qu'à partir de 1808. Durant ce délai de vingt années, l'esclavage fut aboli dans la plupart des États du Nord ; il fit, au contraire, des progrès considérables dans le Sud, où l'invention de la machine à égrener d'Eli Whitney (1793) donnait un essor sans précédent à la culture du coton et au système esclavagiste du travail sur les grandes plantations, fondement désormais de l'économie sudiste. Même après l'abolition de la traite par le Congrès, en 1808, les importations d'esclaves en provenance d'Afrique ou des Antilles continuèrent, avec la complicité des autorités locales : le nombre des esclaves passa de 700 000 environ vers 1790 à 1 200 000 en 1810, à plus de 2 000 000 en 1830, à 3 400 000 en 1850 et à 3 953 000 en 1860. La traite devenant de plus en plus difficile, le prix des esclaves monta fortement. Les « codes noirs » adoptés par les divers États esclavagistes du Sud les privaient de toute existence légale : ils ne pouvaient ni quitter leur maître, ni se marier légalement, ni passer aucun contrat, ni posséder quoi que ce fût, ni témoigner en justice (sauf dans des affaires où seuls d'autres esclaves étaient impliqués), ni se rassembler sans la présence d'un Blanc ; parfois même, il leur était interdit d'apprendre à lire et à écrire. Quelques révoltes éclatèrent dans la première moitié du XIXe s. ; la plus importante fut dirigée par Nat Turner à Southampton, en Virginie (août 1831), mais elle n'eut d'autre résultat que de provoquer le renforcement de la législation esclavagiste.  La question de l'esclavage suscita dans le Nord un mouvement « abolitionniste » qui prit toute son ampleur après la publication du livre de Harriet Beecher-Stowe, La Case de l'oncle Tom (1852). Politiquement, le conflit entre le Nord antiesclavagiste et le Sud esclavagiste s'exaspéra dans les années 1820/60. Par le compromis du Missouri, en 1820, on décida que, dans les nouveaux territoires ajoutés à l'Union, l'esclavage serait autorisé au S. du parallèle 36° 30´ et interdit au N. Le compromis de 1850, proposé par Henry Clay, fit admettre la Californie comme État non esclavagiste, laissa le Nouveau-Mexique et l'Utah décider librement de l'admission ou de l'abolition de l'esclavage, supprima le commerce des esclaves dans le district fédéral de Washington, mais renforça la législation contre les esclaves fugitifs. En 1854, le compromis du Kansas-Nebraska constitua une victoire pour les esclavagistes : le compromis du Missouri était aboli, et, au nom du principe de la souveraineté des États, les nouveaux États se prononceraient eux-mêmes en toute liberté sur la question de l'esclavage. L'opposition entre abolitionnistes et esclavagistes devint de plus en plus vive. Dans le Nord se constitua un parti nouveau, le parti républicain, qui ne demandait pas l'abolition générale de l'esclavage, mais était résolu à empêcher son extension. En 1860, l'élection à la présidence du candidat républicain et antiesclavagiste Abraham Lincoln (v.) déclencha la guerre de Sécession (v.) qui devait s'achever par la victoire du Nord sur le Sud en 1865. L'ère de la ségrégation Après beaucoup d'hésitations, Lincoln décida de ne pas attendre la fin du conflit pour proclamer l'émancipation de tous les esclaves au 1er janv. 1863. L'esclavage fut formellement aboli sur tout le territoire de l'Union par le treizième amendement à la Constitution (ratifié en déc. 1865). Malgré l'opposition d'Andrew Johnson, successeur de Lincoln, le Congrès imposa le quatorzième amendement (juill. 1868), qui garantissait les droits civiques des Noirs et leur égalité devant la loi avec les Blancs ; ils se voyaient reconnaître non seulement la citoyenneté fédérale, mais encore la citoyenneté dans les États où ils étaient domiciliés. Ces droits leur furent confirmés par le quinzième amendement (févr. 1870). Dans la période de « Reconstruction » qui suivit immédiatement la guerre civile, ces mesures reçurent un commencement d'application : les nouvelles Constitutions imposées aux États du Sud interdisaient toute discrimination raciale dans l'exercice du droit de vote comme dans l'enseignement. Les Noirs furent représentés, parfois de façon majoritaire, dans les assemblées locales ; une quinzaine de Noirs siégèrent au Congrès fédéral entre la fin de la guerre et 1880. Dès 1865 avait été constitué un « Bureau des affranchis » (Freemen's Bureau), qui ouvrit des écoles, des collèges et s'efforça, mais sans grand succès, de faire accéder les Noirs à la propriété agricole. Cependant, les décisions de l'autorité fédérale se heurtaient à la résistance farouche de la majorité des populations sudistes. Dès 1866, le Ku Klux Klan (v.) commença son combat clandestin pour préserver l'hégémonie des Blancs. Après la fin de la période de Reconstruction, quand les États du Sud recouvrèrent la libre disposition d'eux-mêmes, ils entreprirent une lutte sournoise pour mettre en échec la législation fédérale. Les quatorzième et quinzième amendements devinrent bientôt lettre morte. Par toutes sortes d'artifices, dont le plus célèbre fut la « clause du grand-père » (enlevant le droit de vote à tout citoyen qui n'était pas électeur ou n'avait pas un grand-père électeur au 1er janv. 1867), les États du Sud réduisirent dans une proportion considérable l'électorat noir ; ainsi, en Louisiane, à la suite de l'adoption de la clause du grand-père en 1898, l'électorat noir fut réduit de 90 % entre 1897 et 1900. Des mesures restrictives analogues furent prises dans tous les États du Sud, et, de 1900 à 1962, aucun Noir n'y siégea dans les assemblées locales. Dans le Nord, au contraire, tous les États adoptèrent avant 1900 des législations contre la discrimination raciale. C'est seulement en 1917 que les Noirs de l'État de New York parvinrent à faire élire l'un des leurs à l'assemblée de l'État. Sur le plan fédéral, les Noirs ne firent guère sentir leur poids politique avant les années 1930.  Par ailleurs, dès 1880, le système nouveau de la ségrégation se développa dans le Sud et marqua de son empreinte tous les aspects de la vie quotidienne. Blancs et Noirs eurent leurs restaurants, leurs hôtels, leurs parcs, leurs terrains de jeux, leurs compartiments séparés dans les trains et les autres transports en commun. Même à l'église, ils ne pouvaient se mêler pour prier en commun. La ségrégation fut également imposée dans les écoles. La plupart des États du Sud négligèrent à peu près complètement l'éducation des Noirs : en 1909, les dépenses de l'Alabama en faveur des écoles blanches étaient plus de 500 fois supérieures aux dépenses affectées aux écoles noires, alors que les Noirs représentaient à cette époque quelque 40 % de la population de l'État. Dès les premières années du XXe s., et surtout à partir de la Première Guerre mondiale, l'émigration massive de travailleurs noirs vers les grands centres industriels fit apparaître de nouvelles formes de ségrégation dans les régions urbaines du Nord, qui avaient jadis condamné l'esclavage. De violentes émeutes anti-Noirs, comme celle de Springfield (Ohio) en 1908, éclatèrent dès le début du XXe s. dans les grands centres industriels. Alors commencèrent à se former des « ghettos » noirs, généralement dans les quartiers les plus anciens et les plus délabrés, au centre des villes, tandis qu'à partir des années 1920 la population blanche émigrait de plus en plus vers les quartiers modernes de la périphérie, d'où les Noirs étaient pratiquement exclus. Cette ségrégation spatiale s'accompagnait d'une ségrégation professionnelle et économique. Durant les deux guerres mondiales, les Noirs furent mobilisés. La ségrégation, absolue en 1917/18 pour les hommes comme pour les officiers, s'assouplit quelque peu de 1941 à 1945 ; les Noirs purent servir dans l'aviation (mais dans des escadrilles séparées) et dans la marine, ce qui leur était jusqu'alors interdit ; en 1945 des troupes noires et des troupes blanches furent pour la première fois intégrées dans la même unité, à titre expérimental. La déségrégation dans les forces armées, décidée en 1948 par le président Truman, ne commença à devenir effective qu'à partir de la guerre de Corée. Vers la complète égalité raciale Face à la ségrégation, les Noirs américains adoptèrent des attitudes diverses. Le principal leader noir de la fin du XIXe s., Booker T. Washington, dans un célèbre discours prononcé à Atlanta en 1895, appela ses frères de couleur à accepter la ségrégation, au moins pour un demi-siècle, comme le seul moyen de se faire accepter peu à peu par la communauté blanche ; selon lui, Blancs et Noirs devaient être « unis comme la main mais séparés comme les doigts ». Cette thèse fut vivement contestée par un autre dirigeant noir, William E. B. Du Bois, professeur à l'université d'Atlanta, qui ouvrit l'ère du « nouveau Noir » (New Negro) : il fonda, en 1909, le mouvement Niagara, qui devint, dès l'année suivante, l'Association nationale pour la promotion des gens de couleur (National Association for the Advancement of Colored People, NAACP). À partir de cette époque, les Noirs commencèrent à s'organiser pour résoudre eux-mêmes leurs problèmes ; tout en réclamant l'égalité civique et économique, ils déployèrent un grand effort de solidarité dans les domaines de l'emploi, de la formation professionnelle et de l'enseignement.  À partir de Truman, les autorités fédérales commencèrent à intervenir directement pour mettre fin à la ségrégation. La ségrégation scolaire fut déclarée inconstitutionnelle par un arrêt de la Cour suprême (17 mai 1954), et, en mai 1955, la Cour enjoignait aux États de procéder rapidement à la déségrégation. Celle-ci donna lieu à de nombreux incidents : à Little Rock, dans l'Arkansas, le gouverneur Faubus s'appuya sur la garde nationale pour interdire l'accès des écoles aux enfants noirs (sept. 1957) ; le président Eisenhower fit intervenir les troupes fédérales, et la déségrégation devint effective à Little Rock en 1959. Dans le Nord, le problème de la ségrégation scolaire ne se posait pas dans les mêmes termes, car il n'était que la conséquence de la ségrégation résidentielle. Pour le résoudre, il fut décidé de procéder au busing, c'est-à-dire au transfert en autobus d'élèves blancs ou noirs dans les écoles d'un autre quartier. Contre la ségrégation résidentielle, d'importantes mesures fédérales ont été prises en 1962 et en 1968. Le mouvement des Noirs pour l'égalité complète des droits civiques se développa à partir des années 1950, d'abord sous la forme de démonstrations non violentes. Organisées par le pasteur Martin Luther King (v.), animateur, en 1957, de la Southern Christian Leadership Conference (SCLC), elles culminèrent en août 1963 dans la marche vers Washington de 250 000 personnes (dont 60 000 Blancs) pour appuyer la loi sur les droits civiques ; le président Johnson - qui fut le grand artisan de la déségrégation - finit par l'obtenir du Congrès, en juill. 1964 : toute discrimination raciale était interdite dans l'accès aux fonctions publiques, dans l'embauche, les licenciements, les salaires, l'avancement, le logement, l'enseignement, les opérations électorales. Les Noirs se voyaient enfin reconnus comme des citoyens américains à part entière. À la fin des années 1960 cependant, Martin Luther King, assassiné à Memphis en 1968, apparaissait de plus en plus dépassé par des éléments radicaux résolus à recourir à la violence et hostiles à l'intégration raciale. Ce courant d'affirmation de la « négritude » prit corps avec les Black Muslims, puis le mouvement Black Power, dont l'inspirateur était Stokely Carmichael, chef du Comité de coordination étudiant non violent (SNCC) fondé en 1960. De 1965 à 1968, de violentes émeutes éclatèrent dans les ghettos noirs des grandes villes, notamment à Los Angeles, Detroit et Chicago. Les deux décennies suivantes furent marquées à la fois par la promotion sociale d'une minorité de Noirs et la paupérisation croissante de la majorité. Des maires noirs furent élus dans des grandes villes telles Cleveland (1967), Los Angeles (1972), Atlanta (1973), Chicago (1983), New York (1989)... En 1984 et 1988, le pasteur Jesse Jackson, membre du parti démocrate, fut le premier candidat noir à l'élection présidentielle. Cette évolution politique se doubla de l'apparition d'une bourgeoisie noire qui adoptait un mode de vie semblable à celui de la bourgeoisie blanche. Elle restait cependant minoritaire et un tiers des Noirs vivait dans les ghettos en marge de la société américaine. Ainsi, alors que les Noirs comptaient pour 13 % de la population américaine (soit près de 30 millions de personnes), ils représentaient 36 % des chômeurs, 45 % de la population carcérale et 50 % des victimes d'homicide. En avr. 1992, à la suite de l'acquittement de quatre policiers qui avaient violemment frappé un jeune automobiliste noir, de violentes émeutes éclatèrent à Los Angeles, dans le ghetto de South Central, faisant plus de cinquante morts.

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