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Les grands artistes ne sont pas les transcripteurs du monde, ils en sont les rivaux. Malraux. Commentez et critiquez. ?

Publié le 09/12/2021

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Les grands artistes ne sont pas les transcripteurs du monde, ils en sont les rivaux. Malraux. Commentez et critiquez. ?. Ce document contient 890 mots. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système d’échange gratuit de ressources numériques ou achetez-le pour la modique somme d’un euro symbolique. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en : Littérature
Malraux oppose deux figures : celle du "transcripteur" et celle du "rival" : le premier est à comprendre au sens propre : l'artiste pourrait être celui qui fait passer le "monde" de la sphère du sensible à la sphère de l'écrit, il traduirait dans l'écriture ce qu'il voit (dans le cas particulier de l'artiste écrivain, mais le terme "artiste" englobe aussi les musiciens ou les peintres). Or c'est ce rôle que Malraux refuse à l'artiste : l'action de l'artiste n'a pas pour but de "traduire" le monde mais de rivaliser avec lui, donc de créer un monde concurrent. Analyser aussi la définition de "monde" : elle désigne l'ensemble de la réalité, que connaît l'artiste, par opposition à la fiction ou au "monde fictionnel" qu'il crée. Cette réflexion soulève une problématique qui est celle de la valeur de la fiction : quelle est la position de la fiction par rapport au monde réel? L'artiste est-il un créateur, ou ne fait-il que réorganiser ce qu'il voit?   I. Le monde comme source première d'inspiration de l'artiste   _Que ce soit dans la peinture ou dans le récit, le monde, la réalité s'imposent toujours comme base première : la peinture a comme capacité (même si ce peut n'être pas son but premier) de décrire quelque chose, même la peinture abstraite : Chardin fait son autoportrait, Van Gogh peint sa chambre, Kandinsky traduit par des formes et des couleurs une disposition intérieure. _L'une des ambitions de la littérature est de décrire la réalité, de la prendre à bras-le-corps : de faire du roman "un instrument de connaissance, de dévoilement ou d'élucidation" (Gracq, En lisant en écrivant). Cela est patent dans le cas du roman réaliste : Balzac, avec la Comédie humaine, tente d'embrasser la totalité de la société française et parisienne de son siècle, pour en dévoiler les ressorts et les bassesses; Zola, avec les Rougon-Macquart, suit le destin de toute une famille d'un oeil médical.   II.

« Malraux oppose deux figures : celle du "transcripteur" et celle du "rival" : le premier est à comprendre au sens propre: l'artiste pourrait être celui qui fait passer le "monde" de la sphère du sensible à la sphère de l'écrit, il traduiraitdans l'écriture ce qu'il voit (dans le cas particulier de l'artiste écrivain, mais le terme "artiste" englobe aussi lesmusiciens ou les peintres).

Or c'est ce rôle que Malraux refuse à l'artiste : l'action de l'artiste n'a pas pour but de"traduire" le monde mais de rivaliser avec lui, donc de créer un monde concurrent.

Analyser aussi la définition de"monde" : elle désigne l'ensemble de la réalité, que connaît l'artiste, par opposition à la fiction ou au "mondefictionnel" qu'il crée.

Cette réflexion soulève une problématique qui est celle de la valeur de la fiction : quelle est laposition de la fiction par rapport au monde réel? L'artiste est-il un créateur, ou ne fait-il que réorganiser ce qu'ilvoit? I.

Le monde comme source première d'inspiration de l'artiste _Que ce soit dans la peinture ou dans le récit, le monde, la réalité s'imposent toujours comme base première : lapeinture a comme capacité (même si ce peut n'être pas son but premier) de décrire quelque chose, même lapeinture abstraite : Chardin fait son autoportrait, Van Gogh peint sa chambre, Kandinsky traduit par des formes etdes couleurs une disposition intérieure._L'une des ambitions de la littérature est de décrire la réalité, de la prendre à bras-le-corps : de faire du roman "uninstrument de connaissance, de dévoilement ou d'élucidation" (Gracq, En lisant en écrivant ).

Cela est patent dans le cas du roman réaliste : Balzac, avec la Comédie humaine, tente d'embrasser la totalité de la société française et parisienne de son siècle, pour en dévoiler les ressorts et les bassesses; Zola, avec les Rougon-Macquart , suit le destin de toute une famille d'un oeil médical.

II.

L'autonomie de l'écriture par rapport à la réalité _On peut opposer à tout le mouvement réaliste cette phrase de Valéry : "faut-il être naïf pour apercevoir unedifférence entre un roman réaliste et un conte bleu!" ; Gracq ajoute, dans En lisant en écrivant : "Le roman est un addendum à la création, addendum qui ne l'éclaire et ne la dévoile en rien [...] que le roman soit créationparasitaire, qu'il naisse et se nourrisse exclusivement du vivant ne change rien à l'autonomie de sa chimie spécifique"_Le monde créé par la littérature est animé d'une logique interne spécifique, différente de celle/s qui règle/ent lemonde et que les sciences sont chargées de dégager; c'est une logique esthétique, qui ne trouve son sens qu'enelle-même.

Flaubert, en parlant de Madame Bovary , affirme vouloir écrire un texte qui tienne "par la force interne de son style" (et non par sa justesse d'observation du réel).

III.

La force de sublimation et de révélation de l'art par rapport au réel _L'oeuvre achevée et le réel entretiennent des rapports de rivalité, dans le sens où l'oeuvre achevée se nourrit duréel (Gracq) mais pour créer un monde concurrent : Baudelaire, dans son poème Correspondances , parle d'un monde où " Les parfums, les couleurs et les sons se répondent"; mais ce monde reste un univers fictif, créé par la force du style : "la beauté du style est le signe infaillible que la pensée s'élève, qu'elle a découvert et noué les rapportsnécessaires entre les objets, que leur contingence laissait séparés" .

L'ambiguïté de l'oeuvre d'art réside dans le faitqu'elle donne au lecteur ou au spectateur un regard sur le monde qui est différent; mais ce "monde" habité par descorrespondances n'est pas tout à fait le monde réel, c'est un monde créé par la fiction._Marcel Proust, encore, résume bien cette ambiguïté dans cette citation extraite de la Recherche : "le style, pour l'écrivain , aussi bien que la couleur pour le peintre, est une question non de technique mais de vision.

Il est larévélation, qui serait impossible par des moyens directs et conscients, de la différence qualitative qu'il y a dans lafaçon dont nous apparaît le monde." Dans un autre texte, il donne l'exemple du peintre Renoir, qui parvient à nousfaire voir la réalité sous l'angle de sa peinture : quand on a beaucoup admiré ses tableaux puis qu'on sort dans larue, les voitures, les femmes, les arbres semblent devenir des oeuvres de Renoir.

La phrase de Malraux attire l'attention sur la place de l'oeuvre d'art par rapport à la réalité : les rapports de cesdeux univers sont en effet ambigus.

L'artiste utilise comme matériau le monde réel, les objets ou les sentiments qu'iltrouve à sa disposition; mais le monde qu'il crée, tout en donnant l'illusion d'être réel, reste autonome, fictionnel,esthétique.

Et en dernière instance il semble même que ce soit ce monde qui influe sur l'autre, en changeant leregard que nous portons sur le monde réel.. »

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