Les fonctionnalités de Versailles

« Le château de Versailles fut construit dans la seconde partie du XVIIe siècle.

Louis XIV, qui régnait seul depuis 1661, voulait faire de cet ancien pavillon de chasse de son père, le centre de l’absolutisme monarchique qu’il comptait instaurer en France.

Pendant plus d’un siècle, Versailles allait supplanter Paris, capitale turbulente que le tout jeune roi avait dû fuir en 1648, menacé par la fronde des parlementaires et des nobles.

Le château échappa aux destructions de la Révolution de 1789 pour devenir un des lieux emblématiques du patrimoine monumental et historique français.

Il conviendra donc d’identifier quels usages de Versailles en font un des hauts lieux du patrimoine mondial.

Les deux premières parties montreront les usages politiques et sociaux de Versailles.

Le « lieu de mémoire » que ce château représente pour la nation française, mais également pour le monde, à travers le rôle qu’il a joué dans l’histoire moderne.

La troisième partie établira, pour finir, que Versailles reste le lieu qui incarne l’identité nationale et la puissance de l’Etat en France. L’exemple du château de Versailles donne l’image d’un patrimoine rapidement instrumentalisé à des fins politiques.

Entre monarchie et république, ses usages politiques successifs durant tout le XIXe siècle, témoignent des hésitations quant au choix du régime. En 1789, la question qui se posait était la suivante : Que faire de Versailles ? Un personnage comme l’Abbé Grégoire, qui s’opposa au vandalisme aveugle des révolutionnaires les plus extrêmes qui voulaient détruire le château, contribua à sa sauvegarde.

En outre, face au coût qu’aurait représenté cette destruction, et grâce à l’opposition des versaillais, le projet fut abandonné.

On décida de conserver le château à des fins didactiques, afin de montrer à la jeunesse et aux générations futures ce qui fut le siège de la tyrannie.

A travers l’exemple de Versailles, le patrimoine apparaît donc instrumentalisé à des fins politiques. En 1837, le « roi-citoyen », Louis Philippe reprit l’idée de la Révolution mais avec une autre lecture, en inaugurant dans l’aile du midi un musée national de l’Histoire de France dédié « à toutes les gloires de la France ».

Il s’agissait d’éveiller chez les visiteurs le sentiment de leur appartenance à une histoire commune, dans un lieu transcendant les oppositions politiques et sociales et qui, désormais, était ouvert à tous les français.

Cette tentative d’unification nationale à partir d’un patrimoine commun fut pourtant un échec, les français considérant que le monarque était trop systématiquement mis au centre du projet. En 1870, ce fut au tour de la République de reprendre l’héritage.

Un gouvernement, certes plus monarchiste que républicain, vint s’installer là en mars 1871, afin d’échapper à la fureur de la Commune de Paris et des parisiens qu’il avait trahis en capitulant face aux prussiens au mois de janvier précédent.

C’est de Versailles que partit la répression de la Commune qui fit plus de 20 000 morts lors de la « semaine sanglante ».

A partir de 1879, une fois le régime solidement installé et jusqu’à aujourd’hui, Versailles redevint un des lieux du pouvoir en France en abritant le Congrès du Parlement, c’est-à-dire la réunion des deux chambres. Jusqu’en 1962, c’est à Versailles qu’avait lieu l’élection du président de la République par le Congrès.

Aujourd’hui, le vote du Congrès est requis pour tout projet de révision constitutionnelle, mais il peut aussi être réuni dans des moments tragiques où l’unité nationale est mise en péril, comme ce fut le cas en novembre 2015, à la suite des attentats qui firent près de deux cents morts à Paris.

Le Congrès, réuni à Versailles, est en outre le seul moment et le seul endroit où les institutions permettent la présence dans un même lieu des pouvoirs législatif et exécutif.

Il faut noter également que les présidents français ont une résidence secondaire qui leur est réservée dans les jardins du château, au Pavillon de la lanterne.. »