Les expériences de Pascal sur le videLa première objection que l'on présente à Pascal est la suivante : ce qui empêche lemercure de monter jusqu'au sommet du tube c'est la vapeur dégagée par le mercurelui-même, ou par tout autre liquide dans n'importe quelle expérience du même type.

« Les expériences de Pascal sur le vide La première objection que l'on présente à Pascal est la suivante : ce qui empêche le mercure de monter jusqu'au sommet du tube c'est la vapeur dégagée par le mercure lui-même, ou par tout autre liquide dans n'importe quelle expérience du même type. On sait par quelle expérience spectaculaire Pascal démontre alors que cet argument n'est pas exact : il fait souffler deux tubes de cristal de douze mètres de long (on devine à quels frais), invente un système de contrepoids pour les dresser en hauteur une fois pleins, puis, ayant réuni les partisans de la précédente théorie, il leur demande ce qui doit se produire s'il remplit l'un des tubes avec de l'eau, l'autre avec du vin.

La réponse est unanime : le vin étant plus volatil que l'eau doit émettre plus de vapeurs dans le sommet du tube et par conséquent monter moins haut.

Sur quoi l'expérience est faite et c'est immédiatement le contraire qui est constaté.

Bien des spectateurs, convaincus par ce qu'ils ont vu, commencent à proclamer que le haut du tube est absolument vide... Pascal, lui, se garde bien d'être aussi péremptoire ; il écrit seulement : “ Mon sentiment sera, jusqu'à ce qu'on m'ait montré l'existence de quelque matière qui le remplisse, qu'il est véritablement vide.

” Bien qu'il ait fait de grands progrès, il se rend donc parfaitement compte qu'il n'a pas encore réalisé “ l'expérience cruciale ”. Effectivement, voici qu'un contradicteur d'une autre espèce apparaît en la personne du Père Noël.

Celui-ci essaye de transporter la discussion sur le plan de la philosophie dogmatique et de montrer entre autres choses que le vide ne saurait exister parce que la notion même du vide est absurde...

Quoi qu'il en soit de la valeur, sujette à caution, de ces raisonnements philosophiques dans les sciences, nous devons au bon jésuite une reconnaissance infinie : il a poussé Pascal à mettre par écrit certaines règles admirables pour la recherche de la vérité scientifique.

Citons à titre d'exemple ce passage sur l'hypothèse : “ Toutes les fois que, pour trouver la cause de plusieurs phénomènes connus, on pose une hypothèse, cette hypothèse peut être de trois sortes.

Car quelquefois on conclut un absurde manifeste de sa négation ; et alors l'hypothèse est véritable et constante.

Ou bien on conclut un absurde manifeste de son affirmation et lors l'hypothèse est tenue pour fausse.

Et lorsqu'on n'a pu encore tirer d'absurde, ni de sa négation, ni de son affirmation, l'hypothèse demeure douteuse : de sorte que, pour qu'une hypothèse soit évidente, il ne suffit pas que tous les phénomènes s'en ensuivent, au lieu que s'il s'ensuit quelque chose de contraire à un seul phénomène, cela suffit pour assurer sa fausseté.

” La controverse terminée à son avantage, Pascal, fidèle à ses principes, va consacrer tous ses efforts à trouver l'expérience décisive.

Sa première idée est celle du “ vide dans le vide ”, expérience fort délicate, consistant à introduire l'un dans l'autre deux dispositifs du type de Torricelli, et qu'il réussit néanmoins — mais il s'aperçoit en même temps qu'il n'y a encore rien là qui tranche définitivement le problème : la théorie de l'horreur. »