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Léopold II

Publié le 16/05/2020

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« Léopold II La Belgique de la seconde moitié du XIXe siècle a trouvé en Léopold II un souverain qui, à beaucoup d'égards, était à sa mesure et à son image : un roid'esprit constitutionnel, ne déployant guère de faste, soucieux des intérêts matériels du pays et de la sauvegarde de sa neutralité.

Mais à côté de cettecorrespondance entre la Belgique et le roi, une divergence extraordinaire : d'une nation qui répugnait aux risques de l'expansion outre-mer, qui étaitennemie des “ aventures ”, a jailli le plus grand impérialiste de l'époque contemporaine.

Le fait qu'il marchait de l'avant par lui-même, sans appui national, afailli condamner cet impérialiste à un échec complet.

Mais sur un point au Congo la chance lui a souri.

Et au Congo, au bout d'un certain temps, il a entraînéson pays derrière lui : une initiative individuelle a fait ainsi de la Belgique une des principales puissances coloniales du globe.

Léopold II, lorsqu' il accède au trône en 1865, a trente ans.

Il recueille un héritage aisé.

Son père, Léopold Ier , avait rendu la monarchie très populaire et s'était imposé au respect de l'Europe.

Léopold II c'est un signe de ce succès dynastique a épousé une archiduchesse d'Autriche, Marie-Henriette .

Sa fortune est considérable.

Au-dessus de la lutte des partis, qui est ardente, violente parfois, mais qui n'ébranle pas la stabilité du régime, le roi va conserver pendant quarante-quatre ans une position de haute impartialité.

“ Voussavez, écrit-il en 1868 à son ministre Frère-Orban P1627 , que personne ne reconnaît et ne met en pratique plus que je ne le fais dans toutes ses applications le principe constitutionnel.

” Si l'on excepte certaines tendances autoritaires qui se manifesteront à la fin de sa vie, ces mots caractérisent bien l'ensemble du règne.

Ils ne sont nullement synonymes, cependant, de passivité.

Le roi suit toutes les affaires,voit tous les dossiers importants, en discute avec ses ministres.

Il exerce une influence qui est à la mesure de son intelligence aiguë, de sa clarté de conception, du prestige aussi que lui valent son patriotismeéclatant et son dévouement à la chose publique.

Les deux domaines qui retiennent le plus constamment son attention sont la défense nationale et les travaux publics.

La coutume constitutionnelle belge confie au roi, en cas d'invasion du territoire lecommandement effectif de l'armée.

De là l'idée, qui était déjà celle de Léopold Ier P193, que le souverain a, en tout temps, une responsabilité particulière dans l'organisation de la défense nationale.

Léopold II y veillera jusque dans le détail.

C'est sur son lit de mort qu'il remportera à cet égard sa dernière victoire : son ultime signature sera celle qu'il apposera au bas de la loi abolissant, pour le recrutement, lesystème du remplacement, qu'il avait toujours combattu.

Les dossiers de travaux publics, qui le passionnent, sont aussi des dossiers qu'il étudie dans le détail.

Lorsqu'il en aura les moyens financiers, aprèsla réussite de son entreprise congolaise, il deviendra lui-même un roi bâtisseur et engagera à son service une cohorte d'architectes.

Voilà donc, en y ajoutant les servitudes de la vie officielle, de quoi bien remplir une existence.

Mais le roi, au prix d'une activité qui, lorsqu'on en fait lasomme, force l'étonnement, va en quelque sorte se dédoubler.

Un grand rêve l'habitait : il va se faire constructeur d'empire.

Son rêve impérial a été un rêve solitaire.

Dès sa jeunesse, deux convictions s'étaient installées en lui, et elles ne le quitteront jamais.

La première est quela Belgique, réduite à son territoire métropolitain, est un pays “ incomplet ” : il lui faut, pour asseoir sa prospérité, pour assurer à son énergie économiquel'exutoire indispensable, le “ complément ” de possessions coloniales.

La seconde idée est qu'un domaine colonial, où qu'on réussisse à se le procurer, seratoujours, s'il est bien exploité, un domaine rémunérateur.

L'exemple qui s'est gravé une fois pour toutes dans son esprit est celui de Java et des avantages financiers que l'exploitation de cette île rapporte à laHollande.

Il faut, quelque part dans le monde, trouver un “ second Java ”.

En élaborant, dans ses années de jeunesse, ces deux idées-forces, Léopold va à contre-courant de son milieu et de son époque.

Il croit aux vertuséconomiques des colonies alors que la majorité des économistes de son temps les mettent en doute.

Il croit à la nécessité de “ compléter ” la Belgique alorsque les Belges se trouvent fort heureux comme ils sont.

Mais il se sent d'autant plus sûr de soi, et de la mission qui lui incombe, qu'il est porteur de véritésméconnues.

Très vite, cependant, il va se rendre compte qu'entraîner la Belgique dans la voie de l'expansion coloniale classique, organisée par l'État, est impossible :les dirigeants, lorsqu'on essaie de les convaincre, sont aussi rétifs que l'opinion.

Une seule voie reste donc ouverte au roi : celle de l'action personnelle,avec ses ressources financières propres.

Sa quête, qui va durer quarante ans, sera la quête impérialiste la plus systématique et la plus vorace de l'époquecontemporaine.

Quête le plus souvent secrète, dont les contemporains n'ont donc pas pu mesurer l'ampleur, mais que les documents d'archives déploient sous nos yeux.Partout dans le monde, Léopold II, toujours “ à l'affût ” c'est une de ses expressions favorites a multiplié les tentatives d'acquisitions territoriales :Philippines, Carolines, Mariannes, Chine, Tonkin, Bornéo, Macao, Mozambique, Haut-Nil, Érythrée, bien ailleurs encore.

Partout, en dépit de sa persévérance, il a échoué sauf au Congo.

Et cette exception, qui est évidemment de taille, constitue en elle-même un paradoxe.

Leroi, en général, partait avec un plan ; il cherchait le plus souvent notamment en Extrême-Orient, où il a beaucoup travaillé à obtenir la cession, par vente,location, prise à bail ou autrement, d'un territoire déjà plus ou moins organisé dont il aurait pu prendre à son compte l'exploitation.

C 'est ce qu'il a tenté parexemple aux Philippines.

Lorsqu'il se lance en Afrique centrale, en 1876, Léopold II n'a pas de projet bien précis.

Il faut, dit-il, “ nous procurer une part dece magnifique gâteau africain ”.

Quant à la manière d'y arriver, il va tâtonner.

C'est par des improvisations successives qu'il va finalement triompher.

Au début, il songe à créer une grande compagnie de commerce.

Stanley E120, engagé à son service, est envoyé au Congo pour établir une chaîne de stations commerciales.

Mais ces stations risquent, on s'en rend bientôt compte, de tomber sous contrôle étranger, et notamment les ambitions de Brazza E013 aidant sous contrôle français.

Pour écarter cette menace, on leur donne un statut non plus commercial, mais politique.

Un caractère politique implique la souveraineté : celle-ci va être obtenue en signant des traités avec les chefs indigènes.

Les territoires placés de la sorte sous la souveraineté du roi finissent parformer des blocs, par se rejoindre : l'idée jaillit d'un État indépendant.

Cet État doit être reconnu par les puissances européennes, à qui il faut offrir un appât : ce sera la promesse d'une complète libertécommerciale.

Léopold II se mue ainsi, en 1884-1885, en créateur d'un “ État sans douanes ”.

La formule de “ l'État sans douanes ” c'est-à-dire d'un État dont Léopold II ferait les frais, tout en permettant à tous de profiter librement du commerce aparu si merveilleuse qu'elle a valu au roi des applaudissements unanimes : la clé de la reconnaissance de l'État indépendant du Congo se trouve là.

Mais le moyen auquel Léopold II avait recouru pour s'imposer aurait dû normalement le mener à la faillite.

Privé presque entièrement du produit desdouanes, qui sont les ressources par excellence d'un État jeune, l'État du Congo aurait dû logiquement périr par asphyxie financière.

De fait, il côtoyal'abîme.

Ce qui le sauva fut ce qu'il est permis d'appeler une manne miraculeuse : celle du caoutchouc naturel, dont l'abondance inattendue se révélalorsqu'on pénétra à l'intérieur du pays.

Grâce au caoutchouc, dont, le plus souvent, il organisa lui-même la récolte, l'État connut bientôt l'équilibre financieret même les bonis.

La chance aidant, Léopold II trouvait ainsi sur le sol africain ce qu'il avait vainement essayé de trouver ailleurs : un domainerémunérateur, ce nouveau Java dont il avait tant rêvé depuis sa jeunesse.

De son palais de Bruxelles, le roi s'est réjoui de ces résultats financiers et a pu affecter l'argent du Congo aux objets qui lui étaient les plus chers, spécialement à des constructions monumentales en Belgique.Il ne s'est sans doute pas pleinement rendu compte du drame qui se déroulait au Congo même : pour les populations indigènes, la récolte du caoutchouc signifiait le travail forcé, avec un cortège d'abussouvent épouvantables.

Le retour à une situation normale ne se fera qu'avec l'annexion du Congo ; en 1908, celui-ci devient une colonie belge.

Un an avant la mort de Léopold II, la Belgique, qui n'avaitjamais cherché de colonies, recevait ainsi celle que le roi avait préparée pour elle.. »

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