lecture linéaire 6 - Juste la fin du monde - Jean-luc Lagarce 1990

« Lecture linéaire 6 : Juste la fin du monde : Jean-luc Lagarce 1990 En quoi le soliloque de Suzanne fait-il entendre ses reproches et douleurs pour son frère ? Mouvement 1 : Vers 1 à 10/L’évocation des rares lettres envoyées à la famille par Louis Adverbe anaphorique : elle s’exprime d’emblée sur le ton du reproche, qui insiste sur la rareté des envois Epanorthose : Suzanne rectifie, cherche à préciser, reformule, avec le polyptote (envoyer), le passage de l’imparfait au passé simple qui marque que l’envoi épistolaire n’est pas interrompu même s’il est épisodique. Nouvelle épanorthose avec une gradation descendante : les corrections, les reformulations insistent encore sur la faiblesse du contenu de ces messages, réduits finalement à la nullité Répétition : souligne encore la pauvreté des écrits de Louis et confère à ses courriers une valeur péjorative Questions : montrent également que Suzanne cherche ses mots, l’expression juste Retours à la ligne : posent un rythme d’une parole qui tâtonne et hésite avant de trouver la “formulation définitive” ici marquée par les guillemets, comme si elle se citait elle-même Suzanne est ici dans le reproche, elle suggère l’abandon, le mépris de son frère ainé qui a coupé ou réduit les liens Les parenthèses : fonctionnent comme des apartés qu’elle se fait à elle-même - 1 -ère : suggère encore le traumatisme consécutif au départ de Louis, alors qu’elle était très jeune - 2 -ème : pose que ce départ est à l’origine de tout ; derrière l’indéfini ça se cache sans doute tous les maux, souffrances endurées, la destruction de la cellule familiale, le mal-être des membres de la famille.

Le cataclysme engendré par le départ de Louis Faussé compagnie : prend une valeur dépréciative et résonne comme un reproche.

Le départ est considéré comme une fuite et un abandon. Les raisons du départ sont passés sous silence et confèrent une part de mystère.

Le non-dit insinue que le sujet est tabou. Les jeux d’épanorthoses, d’anaphores, de répétitions avec des variantes montrent toujours une parole qui se cherche, qui tâtonne, qui cherche le mot juste et mime l’oralité Mouvement 2: vers 11 à 22/ Le métier d’écrivain de Louis Les reproches se poursuivent dans le second mouvement qui aborde le métier d’écrivain de Louis. Les nombreuses rectifications peuvent monter le flou : elle ne connaît finalement pas ce frère, elle a des difficultés à définir ce qu’il fait comme métier.

Répétition écrire : Son activité littéraire se résume dans le terme générique et englobant : il écrit (écrire).

Il apparait comme un étranger à l’activité mystérieuse. Mais cette parole qui se corrige marque aussi la volonté de trouver le mot juste : une certaine forme d’admiration, c’est le terme exact. Vocabulaire valorisant par rapport à l’activité littéraire de Louis : Louis est perçu comme celui qui est différent, l’intellectuel, objet de l’admiration Il est sacralisé par la famille.

Se marque également l’opposition entre la famille populaire et l’homme de lettres embourgeoisé. L’écriture (et plus largement la capacité à s’exprimer) est valorisée et semble un gage de liberté et un signe de vie pleine et épanouie.

Elle apparaît comme une puissance magique qui sauve et fait avancer. Les sentiments de Suzanne pour son frère sont ambigus,.... »