Le vote blanc
Publié le 27/05/2025
Extrait du document
«
Le vote blanc est une forme particulière d’expression électorale qui
consiste pour un citoyen à participer à une élection tout en refusant de
choisir entre les candidats proposés.
Contrairement à l’abstention, voter
blanc c’est un choix volontaire, c’est-à-dire qu’on veut quand même
participer à l’élection, mais aucun candidat ne nous convient.
En France, la
loi du 21 février 2014 a marqué une avancée importante puisqu’elle
reconnaît désormais le vote blanc comme un type de vote distinct du vote
nul.
Toutefois, cette reconnaissance reste incomplète car le vote blanc
n’est toujours pas intégré dans le calcul des suffrages exprimés.
En
d’autres termes, un candidat peut remporter une élection même si une
majorité des votants ont voté blanc, ce qui interroge sur la légitimité du
résultat.
Cette question devient d’autant plus pertinente lorsque l’on
observe que le vote blanc progresse régulièrement depuis plusieurs
décennies.
En 1974, lors du second tour de l’élection présidentielle, il
représentait 1,4 % des votants.
En 1995, il atteignait déjà 5,4 %.
En
2017, il a franchi un record avec 8,52 % de bulletins blancs et nuls, soit
plus de quatre millions d’électeurs.
Et en 2022, ce sont 2 233 904
personnes, soit 6,37 % des votants, qui ont fait le choix du vote blanc.
Ces chiffres révèlent une dynamique croissante de contestation politique
qui ne passe ni par l’abstention ni par le vote extrême, mais par un geste
démocratique assumé.
Nous pourrons alors nous demander si le vote blanc peut-il être vu comme
une vraie expression dans la démocratie
Pour répondre à cette problématique, nous verrons dans un premier
temps quel est le profil sociologique et les raisons.
Ensuite nous
analyserons dans un second temps les arguments en faveur ou contre la
prise en compte de ce type de vote, en nous appuyant aussi sur des
comparaisons internationales.
Pour mieux comprendre la place du vote blanc dans notre
démocratie, il est d’abord nécessaire d’identifier le profil sociologique des
électeurs concernés.
Il apparaît tout d’abord que les femmes sont les plus
nombreuses à voter blanc.
En effet, selon le sondage Opinionway réalisé
en 2022 lors du second tour de l’élection présidentielle française, 64 %
des votants blancs étaient des femmes, contre 37 % d’hommes.
Cela
représente un écart de 27 points, ce qui montre que les femmes utilisent
plus souvent ce type de vote comme une manière de participer tout en
exprimant leur mécontentement.
Ce chiffre dépasse même 66 % au
premier tour, ce qui laisse penser que ce choix s’enracine dès le début de
l’élection.
Ensuite, l’âge joue également un rôle important dans le recours au vote
blanc.
Contrairement à une idée reçue selon laquelle les jeunes seraient
les plus critiques envers le système politique, ce sont les personnes âgées
qui votent le plus blanc.
Les 50-64 ans représentent 29 % des votants
blancs et les 65 ans et plus 28 %, ce qui signifie que plus d’un électeur
blanc sur deux a plus de cinquante ans.
En revanche, les jeunes de 18 à
24 ans ne représentent que 5 % des votants blancs, soit onze fois moins.
Ce constat montre que le vote blanc est surtout utilisé par des citoyens
expérimentés, souvent politisés, qui connaissent les enjeux mais rejettent
l’offre politique.
Enfin, la géographie du vote blanc confirme qu’il s’agit d’un phénomène
socialement structuré.
Dans les zones rurales, le contrôle social et les
pressions locales poussent les électeurs à se rendre aux urnes, même s’ils
ne souhaitent pas choisir de candidat.
Le vote blanc y devient alors une
forme d’abstention déguisée.
À l’inverse, dans les grandes villes, il
progresse nettement.
D’après les données d’Opinionway, la part des votes
blancs issus des métropoles est passée de 25 % en 2017 à 38 % en 2022,
soit une hausse de 13 points.
Cela illustre une tendance à l’urbanisation
du vote blanc, qui devient une expression politique pleinement assumée
dans les grandes agglomérations.
Au-delà de leur profil sociologique, les électeurs qui votent blanc avancent
des motivations claires et souvent critiques envers le système politique.
La
première raison évoquée est l’insatisfaction face à l’offre électorale.
Selon
Opinionway, 64 % des votants blancs disent avoir voté ainsi parce
qu’aucun des candidats ne leur convenait.
Cela signifie que sur les 2 233
904 électeurs blancs recensés en 2022, environ 1,4 million ont fait ce
choix par rejet des programmes proposés.
La seconde motivation repose
sur une critique plus large du fonctionnement politique.
Toujours selon la même enquête, 39 % des électeurs blancs ont voulu par
ce geste protester contre la manière dont la France est gouvernée.
Cela
correspond à près de 870 000 personnes qui ont utilisé le vote blanc pour
dénoncer un système politique jugé insatisfaisant ou inefficace.
Enfin, les votants blancs revendiquent leur geste comme responsable.
À
90 %, ils affirment que leur vote est un acte réfléchi et civique, contre
seulement 51 % chez les abstentionnistes.
Le vote blanc devient alors un
outil de protestation lucide, une manière de dire non sans renoncer à son
rôle de citoyen.
Les chercheurs en sciences politiques, comme Adélaïde Zulfikarpasic, ont
identifié trois grands profils parmi les votants blancs.
Le premier groupe....
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