Le Mariage de Figaro LL4 Le Menteur : Le mariage de Figaro
Publié le 25/06/2025
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LL4 Le Menteur : Le mariage de Figaro
INTRODUCTION :
Le mariage de Figaro est une comédie écrite par Beaumarchais durant le siècle des Lumières et publiée
en 1778 mais censurée à sa sortie, elle ne sera jouée qu’en 1784.
Louis 16 notamment s’oppose à ce
qu’elle soit jouée en raison de la critique de la noblesse et des privilèges qu’elle porte dans son intrigue.
Beaumarchais la qualifiait pourtant de « la plus banale des intrigues », manifestement la farouche
opposition qu’elle a du combattre avant d’être jouée en font une intrigue des moins banale qui soit
contrairement à ce que déclarait Beaumarchais.
Cette pièce est sous titrée la folle journée par Beaumarchais ce qui lui permet d’une part d’inscrire sa
pièce dans les normes du théâtre classique avec l’unité de temps qui est donc respectée et d’autre part
d’annoncer directement la tonalité comique dominante dans la pièce.
Le mariage de Figaro est la deuxième pièce d’une trilogie composée du Barbier de Séville, du Mariage de
Figaro et de La mère coupable.
Il s’est écoulé trois ans depuis que le Comte est parvenu, avec l’aide de
son valet Figaro, à conquérir Rosine, devenue, depuis, Comtesse.
Le Comte a bien changé : de jeune
homme sympathique, il est devenu un mari volage et tyrannique.
Le spectateur suit dans Le Mariage de
Figaro ses efforts afin de séduire Suzanne, la future épouse de Figaro exerçant ainsi son droit de cuissage.
Ainsi, cette pièce dénonce aussi la condition des femmes qui depuis plusieurs siècles doivent se
soumettre à la domination masculine notamment celles de leur maîtres lorsqu’il s’agit de servante
comme dans cette intrigue.
Dans la scène que l’on va étudier le comte est tombé dans un piège tendu
par Suzanne et la comtesse, celui ci pense retrouver la servante à laquelle il a donné rendez vous, mais
c’est la comtesse déguisée en camériste qui le rejoint.
Il fait nuit et ne reconnaît pas son épouse,
Suzanne assiste à la scène tout comme son fiancé Figaro qui lui n’est pas au courant du stratagème mis
en place par sa dulcinée et la comtesse.
Nous nous demanderons donc comment la comédie des valets laisse-t-elle place à la comédie des
maîtres dans cet extrait.
Nous verrons tout d’abord le premier mouvement des lignes 1 à 12 qui met en scène un comte
séducteur tourné en ridicule au coeur d’un quiproquo.
Puis nous étudierons dans le second mouvement
les raisons que le comte met en avant pour justifier son infidélité ainsi que les réactions de ce qui les
écoutent.
PREMIER MOUVEMENT : UN COMTE SÉDUCTEUR ET RIDICULE AU COEUR D’UN QUIPROQUO
C’est sur une exclamation comique du comte que s’ouvre cet extrait.
Il tente de flatter Suzanne comme le
prouve l’utilisation de plusieurs adjectifs mélioratifs qualifiant la main de sa femme comme « fine » ou
« douce ».
On a ici affaire à un comique de situation : le comte adresse à celle qui pense être Suzanne
une série de compliments en comparant la main de celle qu’il pense être Suzanne à celle de sa femme
alors que celle qu’il pense être Suzanne et en réalité sa femme, ce qui provoque le rire du spectateur qui
sait qui se cache derrière ce déguisement.
Le comte est présenté comme un homme avide de séductions
et de conquêtes prêt à affubler de n’importe quel compliment la femme qu’il souhaite séduire.
Par
ailleurs on observe une tension entre la didascalie et la réplique, on remarque un contraste entre ce qu’il
pense dire et ce qu’il dit réellement, à savoir, aussi ridicule que cela puisse paraître, « que la main de sa
femme est plus belle que la main de sa femme ».
Il se trouve ici ridiculisé à cause de ce quiproquo.
En effet il n’est même pas capable de reconnaître la
main de son épouse.
On a ici une sorte de contrat passé entre le public et le dramaturge selon lequel le
jeu théâtral est accepté par tout le monde aussi extraordinaire que cela puisse paraître, (on est ici plus
du côté du baroque que du classique contrairement à ce qu’indiquait le sous titre).
Il est si sur de lui qu’il
n’est même pas capable de reconnaître la main de son épouse, il ne saisit même pas la comédie dont il
est la victime.
La comtesse réagit à cette réplique dans une aparté introduite par l’interjection à la forme exclamative
« oh ! » qui signifie sa surprise et qui accentue la dimension comique de la scène.
Elle ne semble pouvoir
cacher son exaspération face à l’audace dont fait preuve son mari.
L’aparté est ici utilisée afin de
transmettre au public les émotions ressenties par les personnages.
Cela crée par ailleurs une certaine
complicité.
Le comte sans se rendre compte de rien, poursuit sa flatterie sur un rythme binaire comme l’indiquent
les expansions du noms mélioratives reliées les unes aux autres par la conjonction de coordination « et »
dont est affublée la comtesse : « ferme et rondelet » / « pleins de grâce et d’espièglerie ».
Ce dernier
terme, « espièglerie » est une hyperbole accentuant encore les flatteries du comte.
Celles ci alliées aux
questions rhétoriques dans lesquelles elles sont introduites décuplent le comique de situation et
rendent le séducteur ridicule, risible.
Le spectateur ne peut que rire devant ce trompeur trompé.
Le comte croit mener l’échange alors que c’est la comtesse qui tire les ficelles de la discussion pour
mener son mari à lui faire des confidences.
Elle pose toutes les questions de cet extrait menant ainsi la
conversation comme un véritable interrogatoire.
Elle encourage le comte à se laisser aller à l’honnêteté
notamment par son déguisement ainsi que par son imitation de la voix de Suzanne comme l’indique la
didascalie « de la voix de Suzanne ».
Puis elle laisse sa question en suspens avec l’aposiopèse « Ainsi
l’amour ?...
» qui laisse à son mari le loisir de développer sa définition de l’amour.
Il affirme, nous rappelant le Dom Juan de Molière, être un amoureux du plaisir, de la conquête et de la
séduction.
En utilisant la métaphore du roman alliée à une négation restrictive : « L’amour n’est que le
roman du coeur », il dénigre le sentiment amoureux le reléguant au plan de la fiction et présentant le
plaisir comme la seule vérité qui doit mener la vie d’un homme comme l’indique la métaphore filée du
roman qui se poursuit dans la dernière proposition emphatique « c’est le plaisir qui en est l’histoire ».
Ainsi le comte se montre ici sincère et honnête quant à sa vision des relations amoureuses, puisqu’il
avoue que c’est la plaisir de la chair qui motive la séduction comme l’indique la dernière proposition « il
m’amène à tes genou », ici le plaisir est en position de sujet et le conte en position de COD ainsi cela
montre que le conte subit l’action du plaisir impuissant.
Mais la comtesse ne semble pas satisfaite et décide de le pousser à donner une réponse plus explicite
comme l’indique l’interrogative négative « Vous ne l’aimez plus ? ».
La réponse du comte trahit un
attachement réél pour sa femme comme le prouve l’utilisation de l’adverbe d’intensité « beaucoup » qui
est néanmoins nuancé par la conjonction de coordination « mais » qui marque l’opposition, en effet la
suite de la réplique indique que le mariage ennuie le conte comme le montre l’utilisation ironique du
terme « respectable ».
Face à cette réponse la comtesse veut en savoir plus c’est pourquoi elle lui pose une nouvelle question
pour le pousser à une plus grande confidence « Que vouliez vous en elle ? ».
Mais son mari essaie de
tourner la situation à son avantage en réitérant une tentative de séduction.
Celle ci est marquée par le
participe présent dans la didascalie « en la caressant » qui introduit un comique de geste, ainsi que par la
réponse comique du comte qui pense s’adresser à sa servante mais qui ne sait pas qu’il a en réalité bel et
bien sa femme en face lui.
La femme du comte semble quelque peu agacé c’est pourquoi elle utilise l’impératif cette fois ci à la
place du ton interrogatif avec la réplique « Mais dites donc ».
Elle fait preuve d’autorité, car elle veut
absolument connaître les raisons de l’infidélité du comte.
Celles si seront d’ailleurs développé dans le
second mouvement que nous allons étudié tout de suite.
SECOND MOUVEMENT : LES RAISONS DE L’INFIDÉLITÉ DU COMTE ET LES RÉACTIONS DE L’AUDITOIRE
La réponse du comte se fait tout d’abord hésitante comme l’indique les points de suspension ainsi que
l’expression à la forme négative « je ne sais » qui fait écho à l’interrogation « que sais je » à la ligne qui
suit.
Puis malgré son apparente hésitation il fait la liste de ses attentes à l’aide d’une énumération.
Celles
ci ne sont pas très claires, en effet les adverbes antonymes « moins » et « plus » se côtoient et....
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- Toute comédie n'est qu'un long apologue disait Beaumarchais dans la préface du Mariage de Figaro. Vous vous demanderez si toute oeuvre comique a pour but de transmettre une morale.
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