Le Léviathan

« 0 BES Le titre du livre trouve son origine dans la Bible.

Dans le livre de Job (41 : 4-26) le Léviathan est décrit en ces termes : « Sa vue seule suffit à terrasser.

Il devient féroce quand on l'éveille, nul ne peut lui résister en face.

Qui donc l'a affronté sans en pâtir? Personne sous tous les cieux ! » C'est donc bien d'un monstre omnipotent dont il s'agit, et l'image peut encore induire en erreur quant à une juste compréhension de la philosophie hobbienne.

C'est dans la description de l'homme à l'état de nature que l'on trouve la célèbre formule de Hobbes selon laquelle «l'homme est un loup pour l'homme ».

En effet, dans un tel état, une égale menace pèse sur chacun du fait que chacun est pour l ' autre une menace.

Rien ne peut en sortir · (ni agriculture, ni industrie, ni arts) puisque l 'unique souci de l'être humain est celui de la conservation de soi et de la lutte contre autrui.

Le Lévîathan La fondation de l'État L e Léviathan (1651) se divise en trois grandes par­ ties.

Dans la première sont résumés les éléments qui permettront de comprendre ce qui fait le fond de la nature humaine : ici se définissent le mécanisme et le nominalisme de Hobbes.

L'être humain se comprend d'abord comme mouvement vital (conatus) et réac­ tions à d'autres mouvements vitaux.

Ses pensées ne sont que des mouvements internes provoqués par des mouvements extérieurs, constituant un véritable dis­ cours mental.

A ce discours se substitue le discours verbal qui permet de signifier.

Partant de ces principes anthropologiques, la deuxième partie du livre envi­ sage l'homme à l'état de nature.

Étant donné qu'il n'est que désir de persévérer dans l'être, on ne s' éton­ nera pas que le rapport de l'homme à l'homme soit un rapport de guerre où, par prévision, on essaie de s'approprier le maximum de choses possibles et jusqu'à la vie de l'autre, qui est toujours potentielle­ ment un danger.

Il faut donc instaurer un État, sous la forme du contrat, auquel on délègue tous ses pou­ voirs, afin de sortir de l'état de guerre permanent.

Enfin, dans une troisième partie, Hobbes envisage les rapports que doivent entretenir le pouvoir civil et le pouvoir spirituel.

La puissance de l'État 0 na souvent accusé Hobbes d'être l'ini­ tiateur d'une vision totalitaire de l'État.

Avec lui, en effet, l'État devient un véritable monstre détenteur de tous les pouvoirs et lui­ même au-dessus de tous les pouvoirs.

On pou­ vait donc comprendre qu'il s'agissait là de tyrannie.

Mais, en fait, et ses contemporains ne s'étaient pas trompés, le système hobbien prépare aussi la ruine de l'État.

En effet, puisque l'existence de l'État découle de la na­ ture humaine comprise comme mouvement vital, Hobbes accorde à tout citoyen menacé dans sa vie par le fonctionnement de l'État le droit de se défendre et de résister par tous les moyens.

Ce qui constitue bien la première ex­ pression de la doctrine des droits inaliénables de l'homme.

Frontispice de la première édition du Léviathan, Londres, 1651 XVIIe Sll~CLE Hobbes envisage, en fonction de la nature humaine, les moyens d'instituer une république valable.. »